LE MAYA, MAÏS ET SOJA POUR UN ENSILAGE PLUS RICHE EN PROTÉINES

En assurant une meilleure couverture du rang, l'association maïs soja limite la présence d'adventices entre les pieds de maïs. Par contre, aucune différence de salissement sur l'inter-rang n'a été établie visuellement.© A.B.
En assurant une meilleure couverture du rang, l'association maïs soja limite la présence d'adventices entre les pieds de maïs. Par contre, aucune différence de salissement sur l'inter-rang n'a été établie visuellement.© A.B. (©)

En Rhône-Alpes, le maya, culture associée de maïs et de soja pour l'ensilage, est expérimenté depuis 2011. Les premières observations sont encourageantes.

DÉJÀ PRATIQUÉE PAR QUELQUES AGRICULTEURS rhônalpins sur leurs exploitations, la culture associée maïs-soja fait l'objet d'une expérimentation régionale depuis trois ans. Celle-ci est menée dans le cadre du Pep Rhône-Alpes (plate-forme d'expérimentation et de progrès) sur trois sites différents, dans l'Ain, dans la Drôme et dans le Rhône. « Alors que le soja est une culture relativement bien maîtrisée en agriculture biologique dans notre région, nous souhaitons déterminer quelles sont les conditions de réussite culturale de ce mélange destiné à l'ensilage », précise David Stephany, de l'Adabio(1). Il s'agit aussi de définir dans quelle mesure l'association peut permettre d'améliorer la teneur en protéines du fourrage récolté tout en garantissant un niveau énergétique et un rendement proches des valeurs de l'ensilage de maïs seul. Les travaux réalisés en conditions irriguées et non irriguées doivent également aider à déterminer quelles sont, au semis, les densités de soja et de maïs les plus efficaces.

LES RENDEMENTS SEMBLABLES À CEUX DU MAÏS SEUL

Le maya a été semé en mélange avec un écartement inter-rang de 80 cm pour rendre possible le binage de la culture. Plusieurs modalités de densité ont été testées :

- maïs seul à 90 000 g/ha en moyenne (modalité témoin),

- maïs variable (60 000 à 85 000 g/ha) et soja fixe à 175 000 g/ha,

- maïs fixe à 70 000 g/ha et soja variable (175 000 à 275 000 g/ha).

Un même itinéraire technique a été appliqué à la conduite du maïs seul et du maya. « La fertilisation a été assurée uniquement par des engrais de ferme, du fumier essentiellement, apporté à raison de 15 à 30 t/ha », précise David Stephany.

À l'issue des deux premières années d'expérimentation(2) (2011-2012), les mayas ont affiché en moyenne des rendements équivalents au maïs seul. « Les variations de densité de soja (entre 175 000 et 275 000 g/ha) n'ont pas eu d'incidence sur le rendement final, note notre interlocuteur. Il faut reconnaître que les étés 2011 et 2012, relativement bien arrosés, ont été globalement favorables aux conditions de pousse. Nous n'avons donc pas (ou peu) vécu de situations de concurrence hydrique estivale entre le maïs et le soja. Ces résultats restent donc à confirmer en année sèche. »

Alors qu'on pouvait craindre que l'ajout du soja dans les maïs pénalise les valeurs UFL du mélange récolté, des valeurs relativement homogènes ont été observées entre le maïs seul et les différentes modalités de maya (entre 0,86 et 0,88 UFL en 2011, 0,83 à 0,86 UFL l'année suivante). Sur les teneurs en protéines, les résultats sont plus mitigés. Au cours des deux années d'essai, le gain moyen est d'un peu plus de 10 g de PDIN par kilo de MS (toutes modalités confondues). Mais selon les échantillons analysés, les écarts vont de + 4 à + 20 g de PDIN/kg de MS. Le gain PDIE, plus faible, se limite à 3 g/kg de MS. Aucun lien n'a pu être établi entre la teneur en protéines du mélange et la densité du semis.

Au cours de l'expérimentation, des conditions de réussite culturale et des points de vigilance ont été mis en évidence. « Le semis des graines de soja et de maïs en un seul passage, avec un semoir à maïs équipé de disques à soja, offre le meilleur compromis temps de travail et efficacité, commente le représentant de l'Adabio. Mais pour garantir une bonne descente des graines, l'aspiration du semoir doit être bien réglée. » Il est également possible d'utiliser un semoir à maïs avec un compartiment fertiliseur en plaçant les graines de soja dans ce dernier. Toutefois, cette façon de procéder présente un inconvénient, celui de créer un écart allant parfois jusqu'à 10 cm entre le maïs et le soja, ce qui complique par la suite les opérations de binage. Intéressant en termes de précision de densité, le semis en deux passages sur la même ligne double la charge de travail. Le semis s'effectue à profondeur classique (2-4 cm). L'inoculation des graines de soja est recommandée.

RAMASSER RAS POUR NE PAS LAISSER DE GOUSSES AU SOL

Malgré la recherche d'indices de précocité concordants entre le maïs et le soja, force est de constater que le degré de maturité du soja à la récolte reste assez aléatoire. En cas de coup de chaud ou de sec, une accélération du mûrissement en fin de cycle peut en effet être observée. Sur les différents sites de production, les taux de matière sèche à la récolte ont varié entre 25 et 45 % sur les sojas. Ils se sont établis autour de 32 % sur les maïs.

Jean-Philippe Clair, éleveur laitier à Chalamont (Ain), a participé aux essais. « Sur mes parcelles, la conduite du maya n'a pas causé de souci particulier. Mais pour l'instant, il est difficile de tirer des conclusions. En effet, sur les trois années d'expérimentation, seule la première a été concluante. En 2012, nous avons eu des problèmes avec le réglage du semoir. En 2013, les semences de soja utilisées se sont avérées défectueuses. Du coup, nous ne disposons que d'une seule vraie année de référence. » En 2011, le fait de cultiver en association le maïs et le soja n'a pas altéré le rendement global récolté par l'agriculteur. « Il était équivalent à un maïs et à un soja cultivés, souligne ce dernier. Par contre, l'amélioration de la teneur en protéines du mélange n'était pas flagrante. L'ensileuse de l'entreprise équipée de becs Kemper doit ramasser ras pour ne pas laisser trop de gousses au sol. Ce n'est pas simple, les premières gousses étant à 10 cm. D'emblée, les terrains caillouteux et non plats doivent être écartés. »

400 KG/HA DE TOURTEAU

Pour Jean-Philippe Clair, les difficultés rencontrées lors de la conduite de l'expérimentation ne remettent pas en cause l'intérêt des essais qu'il est prêt à poursuivre. « Augmenter la valeur en protéines des fourrages récoltés pour acheter moins à l'extérieur constitue un enjeu essentiel. » L'expérimentation sera reconduite en 2014. Si les gains moyens de 120 à 150 kg de PDIN à l'hectare obtenus en 2011 se confirment, l'économie réalisée sur la protéine équivaudrait à 350-400 kg de tourteau de soja 44 par hectare, pour un surcoût d'une centaine d'euros au semis (semences et inoculum). En agriculture biologique, la recherche d'une meilleure valorisation des fourrages constitue une priorité d'autant plus marquée que le prix des concentrés certifiés bio et des correcteurs azotés est très élevé.

ANNE BRÉHIER

(1) Adabio : Association de développement de l'agriculture biologique dans les Savoie, l'Ain et l'Isère.(2) Les résultats 2013 n'ont pas pu être exploités du fait d'un défaut de germination sur les graines de soja.

Pour la récolte, c'est la maturité du maïs qui doit être l'élément déclencheur, le maïs représentant plus des trois quarts de la matière sèche récoltée.

© A.B.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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