
Combien avez-vous perdu d'ensilage de maïs dans votre silo : 5 ou 25 % ? Avec Silo'Scan, Orne Conseil Élevage propose de chiffrer précisément ces pertes et surtout de sensibiliser les éleveursà l'importance de bien tasser les silos pour évacuer l'air du fourrage.
L'ENSILAGE NÉCESSAIRE À UN TROUPEAU DE 60 VACHES impose de cultiver environ 20 ha de maïs pour réaliser un silo estimé au final à 30 000 €. Une coquette somme qui peut fondre de manière conséquente bien avant que le fourrage n'arrive dans l'auge. Les pertes liées à la conservation d'un ensilage de maïs peuvent varier de 5 à plus de 25 %, soit entre 1 500 et 7 500 € qui s'envolent. La fourchette basse des 5 % correspond aux pertes dites « normales », que ce soit au moment de la récolte ou du fait des fermentations lactiques qui abaissent le pH pour assurer une bonne conservation. Tout ce qui est au-delà des 5 % peut être évité.
Mais le piège est sournois car ces pertes ne se voient pas. L'éleveur peut constater quelques poches de moisissures en périphérie, mais ce n'est qu'une infime partie du gaspillage, tandis que son tas d'ensilage s'est littéralement volatilisé. « Les pertes les plus importantes dans un ensilage sont celles liées à l'échauffement du silo. En présence d'oxygène, levures et champignons transforment les sucres du fourrage en gaz carbonique (CO2 ), en eau (H2O) et en chaleur, sans abaisser le pH. Le fourrage chauffe et prend une consistance poisseuse, mais surtout il perd en masse et davantage encore en valeur énergétique », explique Yann Martinot, directeur technique d'Orne Conseil Élevage.
La cause principale est un tassement insuffisant au moment de la confection du silo, mais aussi un avancement trop lent du front d'attaque après l'ouverture. Ces silos mal tassés sont de plus en plus nombreux, conséquence des débits de chantier qui s'accélèrent (ensileuse de 8-10 rangs et plus, grandes parcelles, etc.) et de silos de plus en plus larges. « Un silo mal tassé conduit à une double peine pour l'éleveur : les levures et champignons vont se multiplier et brûler les sucres avant que le pH du silo ne soit descendu. Ensuite, à l'ouverture du silo, ces spores vont se développer à nouveau et enclencher des reprises en fermentation », poursuit Yann Martinot.
OBJECTIF : 700 KG DE MATIÈRE BRUTE PAR MÈTRE CUBE
Il n'y a aucun outil aujourd'hui capable d'évaluer finement les pertes au silo chez un éleveur. Les bilans matière : tonnage récolté/tonnage distribué sont rarissimes. Pour la première fois, Orne Conseil Élevage propose à ses adhérents de mesurer plusieurs paramètres simples qui objectivent la qualité de la conservation et les pertes de matière sèche auxquelles il faut s'attendre. Cette nouvelle offre de service a été baptisée Silo'Scan. C'est un diagnostic du silo qui s'effectue à l'automne, peu de temps après l'ouverture. Il informe l'éleveur sur la qualité du travail effectué pour ensuite être plus performant l'année suivante.
Le premier élément à apprécier est la qualité du tassage. Bien fait, il permet d'évacuer un maximum d'air de la masse du fourrage de façon à éviter le développement de cette flore aérobie très préjudiciable. La densité du silo permet d'évaluer ce niveau de tassage. On parle très souvent de kilo de matière sèche par mètre cube avec un repère à atteindre entre 210 et 240 kg de MS/m3. Mais plus le fourrage est sec, plus il sera difficile d'arriver à cet objectif. « C'est pour cette raison qu'il est plus pertinent d'utiliser la densité en kilo de matière brute par mètre cube avec un repère fixe à retenir, quel que soit le niveau de MS du fourrage : 700 kg de MB/m3 », explique Yann Martinot. À l'aide d'équation, cette densité brute est traduite en porosité, soit le pourcentage d'air dans un volume donné. « C'est la mesure de référence. Un repère de 40 % d'air maximum dans un ensilage est la garantie d'un bon tassage. Mais il sera d'autant plus difficile à atteindre que le fourrage est sec. »
UNE LECTURE INSTANTANÉE AVEC UN COMPACTOMÈTRE
En pratique, ces mesures de densité étaient classiquement réalisées à l'aide d'une tarière. Une opération longue et fastidieuse, avantageusement remplacée par l'utilisation d'un compactomètre avec Silo'Scan. Il s'agit d'un appareil utilisé à l'origine pour mesurer la compaction des sols et qui offre une lecture instantanée en newtons par centimètre carré. L'opérateur procède ainsi à plusieurs mesures dans toutes les zones du silo : centre, côté, bas et haut (voir schéma). En même temps que ces mesures de densité, il relève aux mêmes points du front d'attaque la température et le pH. Le pH est un indicateur de la qualité des fermentations dans le silo, notamment de la fermentation lactique qui acidifie rapidement le fourrage avec un minimum de pertes. « Pour un ensilage de maïs, l'objectif est d'atteindre un pH inférieur à 4 qui assurera une bonne stabilisation du silo avec un minimum de pertes par fermentation et une maîtrise des spores butyriques. Attention toutefois aux ensilages très acides dont le pH est inférieur à 3,7, ils augmentent le risque d'acidose », avertit Yann Martinot. La température du front d'attaque à 10 cm permet de repérer les phénomènes de reprise en fermentation qui correspondent à des pertes directes de matière sèche. « Dans un silo poreux, l'air pénètre à une profondeur de plus de 50 cm, relançant très vite l'activité fermentaire. »
DES DIZAINES DE TONNESQUI DISPARAISSENT
L'originalité de Silo'Scan est de traduire ces relevés de densité, de température et de pH, associés à la vitesse d'avancement du front d'attaque du silo, pour informer l'éleveur des pertes quotidiennes qu'il subit (voir infographie). Les équations utilisées permettent également d'évaluer la perte totale pendant le stockage et à la reprise. Elles s'ajoutent à celles, beaucoup plus minimes, au moment de la récolte et par écoulement. « Les premiers Silo'Scan utilisés à l'automne ont montré des porosités très variables, allant de 30 à 60 %. Nous pouvons constater que les maïs ensilés à 35 % de MS sont certes plus intéressants du point de vue du nutritionniste mais difficiles à tasser, d'autant plus que la longueur de coupe a été portée à 14-16 mm pour assurer la fibrosité du fourrage. Il est primordial de sensibiliser les éleveurs sur ce point car les pertes se chiffrent en milliers d'euros. D'où l'importance de garder la main pendant le chantier et de ne pas se laisser guider par le débit de l'ensileuse. Réussir un silo bien tassé suppose aussi un vrai savoir-faire pour étaler le fourrage en couches fines de 10 à 15 cm, sur une faible pente », explique Yann Martinot. Outre le fait de sensibiliser les éleveurs à la qualité de conservation de leur ensilage, l'évaluation précise des pertes par le Silo'Scan permet d'affiner le bilan fourrager. Car ce sont des dizaines de tonnes de matière sèche qui disparaissent.
Les techniciens d'Orne Conseil Élevage utilisent deux autres outils originaux au pied du silo. Un appareil photothermique à infrarouge qui, en balayant l'ensemble du front d'attaque, pointe les zones plus ou moins chaudes. L'éleveur a ainsi une lecture par l'image des endroits où le tassage fait défaut, souvent sur les côtés et le dessus du tas.
UNE BOÎTE DE SENTEURS
Orne Conseil Élevage a également mis au point une boîte de senteurs pour apprécier de manière originale quelles fermentations ont dominé. Quatre flacons rappellent l'odeur de l'acide lactique, de l'éthanol, de l'acide acétique et de l'acide butyrique pour repérer vers quoi se rapproche le fourrage conservé. L'acide lactique (odeur ténue de pain chaud) signe une bonne conservation, mais il ne protège pas des reprises en fermentation car il n'inhibe pas les levures. L'acide acétique (odeur caractéristique de vinaigre) est plus ou moins apprécié car il ne permet pas une chute rapide du pH, donc provoque des pertes de matière sèche. En contrepartie, il assure une certaine stabilité du silo après son ouverture. L'éthanol (odeur d'alcool) est le résultat des fermentations liées aux levures et champignons. Enfin, l'acide butyrique (odeur forte et désagréable) est synthétisé par les spores butyriques. « Silo'Scan n'offre qu'un constat sans mesures correctives immédiates, mais il permet de donner rendez-vous à l'éleveur pour mieux tasser son prochain silo. Et soyons clairs, les conservateurs ne pourront jamais pallier à un silo poreux », conclut Yann Martinot.
D.G.
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