« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA

Hervé Lapie et Arnaud Rousseau lors de la conférence de presse de rentrée de la FNSEA le 2 septembre
Hervé Lapie et Arnaud Rousseau lors de la conférence de presse de rentrée de la FNSEA, le 2 septembre (©Terre-net Média)

Après un été marqué par les incendies, un contexte géopolitique mouvementé et les vifs débats autour de la loi Duplomb, la FNSEA aborde la rentrée avec détermination et attend des actes politiques : publication des décrets attendus, projet de loi pour réintroduire l’acétamipride, opposition à l’accord UE-Mercosur... Le syndicat prévoit déjà des mobilisations à l’automne pour appuyer ces revendications.

Malgré le vote de la loi Duplomb, qui reprenait en grande partie les revendications de l’hiver 2024, et sa validation presque totale par le Conseil constitutionnel, l’été n’a pas apaisé la colère de la FNSEA. Si le syndicat entend les interrogations des Français quant à la sécurité de leur alimentation, il ne pardonne pas à certains politiques d’avoir attisé les flammes.

Sandrine Rousseau, notamment, s’était illustrée par une fameuse phrase sur la rentabilité des agriculteurs dont elle « n’a rien à péter ». Or pour le président de la FNSEA, « il n’y a pas d’agriculture sans rentabilité », à savoir « un compte de résultat positif en fin d’année » qui permette de continuer à travailler et à investir. « C’est ce qu’il faudra pour renouveler les générations, et garantir que la souveraineté à laquelle on est attachés est durable », ajoute-t-il.

Ce discours a meurtri les paysans.

Ce discours a « meurtri les paysans », abonde Hervé Lapie, secrétaire général du syndicat. « Se moquer du revenu des agriculteurs, c’est se moquer de ceux qui tous les jours travaillent pour assurer la production agricole », ajoute-t-il.

Sur le fond, le sujet de la loi Duplomb a « mis au grand jour les ennemis de l’agriculture française », estime la FNSEA qui, à travers ce texte, demandait « simplement une harmonisation des règles européennes ». Et la question, particulièrement clivante, de la ré-autorisation sous condition de l’acétamipride, est « un symbole », explique Arnaud Rousseau. La question étant, pour les agriculteurs, « est-ce que dans ce pays, je peux disposer des mêmes moyens que les agriculteurs européens ? » développe le président de la FNSEA, qui rappelle que la molécule est autorisée dans d'autres pays de l’UE.

Une souveraineté alimentaire toujours plus menacée

Il ne s’agit pas, pour la FNSEA, de défendre une agriculture « productiviste » comme elle en est souvent accusée, mais d’alerter une nouvelle fois sur la baisse de production : en 20 ans, la production française a diminué de 10 % en grandes cultures, de 28 % pour les gros bovins, de 12 % pour les fruits, ou encore de 13 % pour la volaille, alors même que pour ce produit, la consommation a augmenté en France.

La loi Duplomb doit notamment permettre d’accélérer l’agrandissement des élevages. Des mesures nécessaires, « sinon les gens renoncent à entreprendre », insiste Arnaud Rousseau, qui rappelle que « l’élevage français n’est pas industriel. Il faut aller voir en Russie, en Chine, aux États-Unis ce qu’on nous propose... ! ». En revanche, la France a besoin d’industries de transformation pour créer de la valeur, explique-t-il encore.  

« Ce que nous portons, c’est une souveraineté durable, un attachement aux moyens de production. On a une agriculture parmi les plus durables au monde, nos standards sont les plus élevés », martèle le président de la FNSEA. « On produit de moins en moins en France, les revenus sont faibles à modérés », ajoute-t-il, ce qui rend difficile le renouvellement des générations d’agriculteurs et ouvre donc la porte à davantage d’importations.

Des mobilisations cet automne

Concrètement, la FNSEA sera très attentive à la sortie rapide des décrets de la loi. Le syndicat demande aussi un nouveau projet de loi qui encadrerait mieux la réintroduction de l’acétamipride, de manière à être validé par le conseil constitutionnel

Après quatre premiers ministres différents, le syndicat ne s’émeut pas particulièrement de la possibilité d’un remaniement dans les prochaines semaines, mais il rappelle en revanche la nécessité « d’avoir des interlocuteurs pour avancer ». Avant l’élection présidentielle de 2027, il reste « un an et demi de forte incertitude, alors que l’on a des enjeux importants », rappelle Arnaud Rousseau, évoquant les négociations autour de la nouvelle Pac. Un sujet majeur et pour le moment mal engagé, qui va nécessiter d’avoir « un gouvernement français à la manœuvre ».

La FNSEA en appelle donc, pour le moment, au président de la République pour qu’il se positionne sur les questions de souveraineté. Et notamment, qu’il précise comment la France entend se protéger de l'importation d'aliments produits avec des molécules actives interdites dans l’Hexagone, par exemple dans le cadre de l’accord UE-Mercosur ou, comme l’a montré l’actualité récente, vis-à-vis des importations ukrainiennes.

Face à toutes ces inquiétudes, la FNSEA n’entend pas rester sans rien faire les prochains mois : « on se mobilisera cet automne », prévient ainsi Arnaud Rousseau.

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