
Avec ses quelque 12 Ml UHT, Laitik est un petit faiseur dans le monde du lait de consommation. Après une décennie de galère, la laiterie a totalement réorganisé son site breton. Elle annonce un besoin supplémentaire de 6 Ml et vise un prix du lait à 500 €/1 000 l TPQC en 2025.
Laitik a ouvert à la presse les portes de son site de fabrication de lait UHT vendredi 28 mars. La Sica bretonne de 25 producteurs a voulu montrer le chemin parcouru depuis 2012. Cette année-là, une soixantaine d’éleveurs refusait de rejoindre Sodiaal, qui venait de racheter le groupe fromager Entremont. Après moultes vicissitudes, ce n’est qu’en 2017 que la ligne UHT est mise en route dans les locaux d’un ancien abattoir reconverti à cet effet, à Trémorel (Côtes-d’Armor). En attendant, durant cinq ans, le lait est vendu sur le marché du lait Spot. « Nous avons en particulier traversé la crise du lait de 2015. Nous avons morflé mais cela a été formateur », confie Pascal Lavenant, président de la Sica depuis 2022 et éleveur laitier dans le Morbihan. Selon l’observatoire de L’Éleveur laitier, le prix du lait Spot s’est élevé en moyenne à 220 €/1 000 l (en 38/32) en 2015.
Il a fallu apprendre à gérer l’outil de transformation et à commercialiser les briques de lait UHT. « En août 2022, nous avons fait appel au cabinet Funae. Il propose des compétences en qualité, gestion industrielle et financière et de mise en marché. Le coût de ses prestations revient à la rémunération d’un poste de direction générale. » Il était temps. La Sica était proche d’un redressement judiciaire.
En trois ans, l’ensemble du site est réorganisé. Laitik se prépare aujourd’hui à la certification qualité « International Food Safety ». La collecte l’a été également. « Nous avons abandonné les trois camions qui sillonnaient toute la Bretagne pour collecter les producteurs. Elle est assurée aujourd’hui par le prestataire Loralait, qui peut optimiser les tournées avec celles de ses autres clients », indique Emmanuel Descloux. Associé de Funae, il est en charge de la commercialisation de Laitik.
D’accord pour de nouveaux producteurs
La stratégie commerciale est revue en parallèle. « En amont, les contrats avec les fournisseurs et leurs prix ont été révisés. En aval, nous avons négocié avec les enseignes de distribution clientes une hausse tarifaire de 22 % fin 2022 et de 10 % début 2023. » Le prix de base payé aux producteurs a suivi. « En septembre 2022, nous versions le prix breton de base le plus bas : 320 €/1 000 l. Quatre mois après, il s’élevait à 420 € », détaille Pascal Lavenant. Sur l’exercice octobre 2023-septembre 2024, le prix du lait toutes qualités et primes confondues s’élève à 479 €. La Sica vise 500 €/1 000 l en 2024-2025, reposant sur un prix de base monté à 465 € en février dernier (hors compléments annuels s’il y en a). Le gramme différentiel du TP est rémunéré 5 € et celui du TB, 3 €. « Nous collectons actuellement 12 Ml. Notre outil peut absorber 6 Ml supplémentaires sans modifier l’organisation du travail (NDLR : fonctionnement en 2 x 8 heures) », reprend Emmanuel Descloux. L’arrivée de trois producteurs (un en octobre 2024 et deux prévus en 2025) et le développement des exploitations adhérentes devraient en assurer un tiers. Laitik est prête à accueillir de nouveaux adhérents pour répondre à ce surplus de besoins.
Un chiffre d’affaires en hausse de 1,27 %
Les 400 000 briques fabriquées par semaine se retrouvent aujourd’hui dans les quatre départements bretons, le nord de la Loire-Atlantique et de la Mayenne. Elles traversent l’Atlantique pour être distribuées par un grossiste en Martinique. Les briques Laitik, qui se remarquent par leur design très breton, sont référencées dans les trois enseignes indépendantes Leclerc, Intermarché et Système U. « Nous espérons étendre notre périmètre au sud de la Loire-Atlantique et à l’Anjou », dit Emmanuel Descloux. Nous venons d’être référencés par une nouvelle centrale », ajoute-t-il, sans préciser laquelle.
Sur le marché du lait UHT très concurrencé, la Sica maintient son positionnement : la brique sans bouchon à moins de 1 € le litre et la brique avec bouchon à environ 1,10 €. « À iso-prix, notre activité UHT a crû de 6 % en volumes dans un contexte de marché à -2 % de consommation », se réjouit Pascal Lavenant. La Sica investit dans des emballages de crèmes en vrac pour mieux gérer le marché Spot de la crème, qui est très volatil en ce moment. En 2023-2024, elle a réalisé 10,93 M€ (+1,27 %) de chiffre d’affaires. Elle ne précise pas le montant du résultat net, seulement « qu’il est cohérent pour une structure qui fait passer la rémunération du lait de ses producteurs actionnaires avant les capitaux investis ».
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