« C'est un coup dur pour l'agriculture d'autant plus paradoxal » que le président de la République avait affirmé souhaiter des « accords commerciaux (qui) soient cohérents avec les engagements que nous prenons pour nous-mêmes sur le plan social, environnemental et productif », rappelle la patronne du premier syndicat agricole français FNSEA, citant le discours d'Emmanuel Macron lors de ses vœux au secteur agricole en janvier dernier.
« Comment le gouvernement peut-il dire à l'agriculture française : "montez en gamme, moins d'antibiotiques, moins de phytosanitaires, plus de traçabilité" et ouvrir grand les vannes à un pays (le Brésil, ndlr) qui s'est illustré par des scandales sanitaires à fort retentissement ? », fustige Christiane Lambert. « Soit c'est de la naïveté, soit c'est du mensonge mais ce qui vient d'être fait avec l'arrivée de M. Bolsonaro au pouvoir, c'est plus de 120 produits phytosanitaires pour traiter les plantes qui ont été à nouveau autorisés alors qu'il étaient interdits », développe-t-elle, précisant qu'au total « 74 % des produits phytosanitaires utilisés au Brésil sont interdits en Europe ». « Les consommateurs sont trompés parce que nous savons bien que dans les produits transformés, les règles de traçabilité ne seront pas les mêmes donc ils ne sauront même pas qu'ils consomment ces produits-là quand ils seront transformés en plats préparés », ajoute la syndicaliste.
« J'en appelle aux consommateurs, aux associations de consommateurs, aux ONG qui devraient parler beaucoup plus fort pour dire que cet accord est un mensonge, une tromperie et un mauvais jour pour l'agriculture française », exhorte-t-elle. Si « sur le volet industrie, il y a des vainqueurs », le volet agricole « est très négatif » également du fait de l'« ouverture de contingents supplémentaires », poursuit-elle.
Le Mercosur va notamment pouvoir exporter vers l'Europe quelque 99 000 tonnes de viande bovine au taux préférentiel de 7,5 %, mais aussi 180 000 tonnes de sucre et 100 000 tonnes de volaille en plus des volumes déjà autorisés, dénonce Christiane Lambert, qui souhaite être reçue à l'Elysée avec les représentants de ces secteurs, les plus touchés par cet accord.
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