2012 rythmé par la contractualisation laitière et l’organisation des producteurs

2012 rythmé par la contractualisation laitière et l’organisation des producteurs

Le début d’année 2012 aura été marqué par la publication du fameux mini-paquet lait européen, autorisant les producteurs à se regrouper, suivi du décret français d’application. Mais avec les échéances électorales venues perturber le calendrier et les tensions syndicales exacerbées, le chantier de l'organisation de la filière laitière aura été semé d'embûches.

L'organisation des producteurs de lait
2012 ou la laborieuse organisation de la filière laitière (© Terre-net Média)

 Alors que la Commission nationale technique a donné le 11 décembre dernier son feu vert pour l'agrément d'une dizaine d'organisations de producteurs, l'attente, fin décembre, de la publication du décret officialisant cette nouvelle étape illustre la laborieuse organisation de la filière laitière pour faire face à l'après-quotas laitiers, prévu à partir de 2015.

Car c'est peu de dire que le chemin de la contractualisation laitière et de la structuration des OP entrepris en 2012 a été semé d'embûches.

Dès début 2012, la Confédération paysanne redoutait que les OP ne soient taillées sur mesure pour la Fnpl, marquant une cristallisation des débats entre les syndicats. La Fnpl, elle, appelait de ses vœux que le décret sur les OP s’inscrive dans la logique des organisations des producteurs.

Les producteurs ont dû attendre de nombreux mois pour voir enfin le vote du mini-paquet lait par le Parlement européen.

La difficile contractualisation chez Lactalis

Côté relations entre producteurs et industriels, c'est chez Lactalis que les négociations ont été, de loin, les plus difficiles. Début février, les producteurs demandaient une reprise des négociations avec leur industriel, des négociations qui étaient au point mort depuis plusieurs semaines. Les éleveurs, représentés notamment par  Frank Guéhennec, coordinateur des OP Lactalis, dénoncaient surtout les menaces financières brandies par l'industriel à tous ceux qui refusaient de signer le contrat qu'il avait élaboré, sans réelle concertation avec les représentants d'OP.

Face à ces menaces, les éleveurs avaient choisi de saisir le médiateur des contrats, pour faire pression sur leur collecteur.

Mi-mars, le dossier Lactalis était toujours au centre des préoccupations, gâchant l'ambiance du dernier congrès d'Henri Brichart à la tête de la Fnpl.

Alors que la direction de Lactalis campait sur ses propositions de clauses contractuelles, à prendre ou à laisser, les éleveurs se sont résolus à manifester. Et les actions syndicales ont finalement eu raison de  l'industriel qui, fin mars, acceptait de revenir à la table des négociations.

Dans le même temps, en congrès en Ile-et-Vilaine, l'Opl se montrait plus que jamais sceptique quant à l'intérêt de la contractualisation pour les éleveurs laitiers. Aux OP par laiterie soutenues par la Fnpl, la branche laitière de la Coordination rurale préfère une organisation transversale des producteurs, et invite les éleveurs à adhérer à France Milk Board.

Mais face à la réalité, Fmb s'est vue contrainte de se structurer en sections d'entreprises.

Le décret OP publié en avril

Deux mois après la publication du mini-paquet lait européen, le ministère de l'Agriculture publiait le décret sur les OP, marquant ainsi l'aboutissement in extremis, à quelques jours de la fin de son mandat rue de Varenne, d'un chantier prioritaire pour Bruno Le Maire.

Pour la Fnpl, qui a élu son nouveau président en la personne de Thierry Roquefeuil, le décret ouvrait la voie à la reconnaissance des OP déjà en construction. Jeunes agriculteurs en profitait pour appeler au rassemblement massif des éleveurs au sein de ces OP.

L'alternance gouvernementale vient ralentir le chantier des OP

La reconnaissance des OP aurait-elle pu s'opérer plus rapidement si l'Ump était restée aux commandes du pouvoir ? Sans doute, car, fraîchement nommé ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll demandait un bilan de la contractualisation. Il entendait surtout offrir une garantie de prix plus longue aux producteurs laitiers dans les contrats passés avec les transformateurs.

Avant la trève estivale, le rapport sur la contractualisation commandé par Stéphane Le Foll a confirmé que des améliorations étaient possibles.

De son côté, l'Apli, qui défend bec et ongles une organisation transversale des producteurs, ne cesse de critiquer la précipitation de Bruno Le Maire pour organiser une contractualisation à marche forcée. Des critiques relayées par la CR et l'Opl reçus par Stéphane Le Foll.

Stéphane Le Foll, justement, a, dès le début de son action rue de Varenne, attaché une grande importance à la pluralité syndicale, du moins dans ses consultations, marquant ainsi une certaine rupture avec son prédécesseur. Et selon certains responsables d'OP, les arrières-boutiques syndicales des organisations de producteurs - les unes étant soutenues par la Fnpl, les autres par la CR, la CP et l'Apli, ont géné le ministre pour procéder à l'agrément des premières OP. 

Presque deux ans après le lancement de la contractualisation par Bruno Le Maire, les chantiers de la contractualisation et de l'organisation des producteurs semblent ainsi loin d'être achevés. Avec des revenus en baisse et des charges qui ne cessent d'augmenter, ces chantiers restent, en cette fin 2012, au coeur des préoccupations des éleveurs.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Vaches laitires de race normande et leurs veaux dans une prairies en été

Réchauffement climatique : évoluer pour résister

Politique et économie

Tapez un ou plusieurs mots-clés...