Plus concentré en énergie et en azote, l’ensilage de maïs épis permet d’alléger les chantiers de récolte et se stocke dans les mêmes installations que l’ensilage traditionnel. Si le maïs épis semble avoir tout pour plaire, il offre toutefois des rendements en matière sèche inférieurs en comparaison de l’ensilage plante entière.(Article mis à jour le 16/10/2025, initialement paru le 07/07/2021).
Au niveau alimentaire, l’ensilage de maïs épi constitue un aliment intéressant pour compléter l’herbe (pâturée, ensilée, ou en foin). Il permet de densifier la ration en énergie tout en étant moins acidogène que le blé et l’orge.
1 - Bien choisir sa variété : « le maïs épis, c’est d'abord du grain ! »
Pour la culture du maïs épis, deux options sont possibles : soit on sécurise ses stocks d’ensilage plante entière, et l’on effectue de l’ensilage de maïs épis sur les parcelles excédentaires. Dans ce cas, on privilégie les variétés mixtes, avec un profil énergétique orienté vers l’amidon. Soit on décide au préalable des parcelles à récolter en ensilage de maïs épis, et l’on privilégie les variétés grain, riches en amidon.
« Le semis précoce à tendance à favoriser le potentiel grain de la plante, alors autant en tirer parti. Je conseille généralement de revoir la densité de semis légèrement à la baisse par rapport à l’ensilage de maïs plante entière, de l’ordre de 5 000 plantes/ha en moins. » conseille Anthony Uijttewaal, responsable du pôle fourrage chez Arvalis, à l'occasion d’un webinaire.
2 - Viser les 35 % d’humidité pour la récolte
Il est très important d’être attentif aux stades de récolte afin de maximiser le rendement en grain, d'obtenir une matière digestible pour les bovins, et conservable par ensilage. Comme pour l’ensilage traditionnel, on surveille donc les taux d’humidité.
Sur des variétés très précoces à précoces, le PMG maximal est atteint pour une humidité du grain de l’ordre de 35 %. À ce stade, la teneur en matière sèche de l’épis complet est comprise entre 52 et 57 %. Les 35 % d’humidité du grain sont généralement atteints 200 degrés/jour après le stade 32-33 % de MS plante entière (+/- 50°/jour). Le stade optimal de maturité est généralement repérable au champ par un point noir au niveau de l’insertion du grain sur la rafle (le "trognon" du pin).
À la récolte, le rendement du maïs épis équivaut aux 2/3 du rendement du maïs fourrage plante entière. Cette équivalence de rendement varie fréquemment entre 55 et 68 % sous l’effet des conditions de végétation et du stade de récolte.
3 - Bien éclater la graine pour favoriser la digestibilité
À 35 % d’humidité du grain, l’amidon est vitreux. L’éclatement intense des grains favorise alors sa digestion. « Si l’on doit se fixer un objectif, ce serait qu’aucun grain intact ne reste dans l’ensilage, et que la majorité des grains soient fractionnés en quatre morceaux. »
L’ensilage de maïs épis présente deux fois moins de fibres qu’un maïs fourrage, mais deux fois plus d’amidon. « On le considère généralement comme un fourrage, mais le maïs épis se rapproche plus des concentrés riches en amidon. » Sa dégradabilité dépend essentiellement de la vitrosité du grain, et donc du stade de maturité du grain lors de l’ensilage ainsi que des variétés. « En quelque sorte, c’est un intermédiaire entre une céréale à paille et un maïs grain. »
4 - Au silo : prévoir un front d’attaque deux fois moins haut qu’en ensilage traditionnel
Pour le stockage, le principe est le même que pour l’ensilage plante entière et peut s’effectuer dans les mêmes silos. Il faut cependant faire attention au risque d'échauffement. « On conseille de dimensionner le silo pour permettre un avancement de 10 à 15 cm/jour en hiver, et 20-25 cm/jour en été. Il faut être vigilent lors du désilage pour laisser un front d’attaque net : l’essentiel est d’éviter l’introduction d’oxygène en profondeur, ce qui provoquerait des échauffements. Les silos de maïs épis sont généralement deux fois plus dense que le maïs ensilage plante entière, il est donc impératif de faire un front d’attaque deux fois moins haut. L’ajout de conservateur ne suffira pas à contenir un éventuel échauffement. »
5 - Prévoir une baisse de rendement de 35 à 40 % par rapport à l’ensilage plante entière
Lorsqu’on récolte un maïs épis, on restitue près de 40 % de la biomasse au sol, ce qui se traduit par une baisse de rendement de l’ordre de 35 à 40 % par rapport à de l’ensilage plante entière. Cette conduite se rapproche de celle du maïs grain.
« Avant de se lancer, il faut réfléchir à ses marges de manœuvre en termes de quantité de fourrage et de surface disponible, insiste Anthony Uijttewaal. Il est souvent nécessaire d’évaluer l’intérêt économique de la substitution de cultures de vente par de l’ensilage de maïs épis, ou de mettre en évidences d'éventuelles économies en intrants. En cas de doute, il est toujours possible d’implanter des variétés mixtes et de n’effectuer de l’ensilage de maïs épis que sur l’excèdent de production. »
Côté logistique, il est préférable et conseillé de récolter en maïs fourrage les tours de champ destinés au maïs épi de manière à valoriser au mieux la biomasse des plantes de bordure de parcelle (souvent de plus faibles gabarits et contenant moins de grains). Mais également dans l’objectif de limiter les pertes à la récolte liées à l’éjection d’un volume trop faible par l’arrière de l’ensileuse.
Avec un débit de chantier qui se situe aux alentours de 2,5 à 3,5 ha/h, la matière récoltée est plus dense mais le volume moindre qu’en maïs fourrage, c’est pourquoi il est judicieux de privilégier cette culture sur des parcelles éloignées de l’exploitation.
6 - Vérifier la disponibilité du matériel de récolte sur le territoire
Dans certains secteurs, la disponibilité du matériel peut être limitante. La récolte se fait avec une ensileuse classique équipée d’un cueilleur à maïs grain. L’adaptation de la tête de récolte coûte généralement entre 12 000 et 15 000 €. Certaines ensileuses disposent de cueilleurs directement adaptables, mais elles sont encore peu répandues.
L’avantage de l’ensilage de maïs épis est qu’il présente un débit de chantier moindre par rapport à l’ensilage plante entière. « Il faut à peu près deux fois moins de bennes ». Cela s’explique à la fois par la baisse de rendements, et par le fait que cette pratique augmente la densité de l’ensilage dans les bennes de l’ordre de 70 à 150 %.
Au cœur d’Agritechnica, la France à l’honneur et des nouveautés en pagaille
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
La sélection génétique à la croisée des chemins
Jean-François, un ancien éleveur qui s’épanouit au milieu des machines
Les anomalies génétiques qui impactent le troupeau laitier français
L'Union européenne veut renforcer le soutien aux jeunes agriculteurs
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
« Mieux vaut bien négocier la future Pac que craindre l’accord avec le Mercosur »