
Malgré les bonnes perspectives 2013 pour les prix et les débouchés du lait, les producteurs restent très préoccupés quant à leur capacité de négocier des prix couvrant leurs coûts de production et surtout, quant au pouvoir des OP face aux industriels.
![]() Partisan, comme son prédécesseur Bruno Le Maire, de la contractualisation laitière, Stéphane Le Foll entend néanmoins la « remettre dans le bon sens », en intégrant, dans les critères de fixation du prix, une notion de coûts de production.(© Terre-net Média) |
Côté prix aussi, les perspectives s’annoncent meilleures dans les prochains mois. Mais, tempère Benoît Rouyer, « les prix vont se redresser, mais ne vont pas non plus grimper de façon astronomique. » Ces derniers pourraient, selon l’expert, retrouver au premier trimestre 2013 les mêmes niveaux que début 2012.
Mais malgré cette bonne visibilité sur la demande mondiale, les inquiétudes n’ont jamais été aussi vives chez les producteurs de lait participants, majoritairement adhérents de la Confédération paysanne ou membres de l’Apli, sur les conséquences de la fin des quotas, prévue en avril 2015.
Face à Daniel Chevreul, de la Fnil, et Gilbert Keromnès, représentant de la Fncl, venus expliquer la manière dont les industries et coopératives laitières se préparent à l’après quotas, les éleveurs ont exprimé leur crainte d’être, une nouvelle fois, la variable d’ajustement dans l’adaptation de la filière laitière.
Vers une prise en compte des coûts de production dans les contrats ?
Les éleveurs s’inquiètent, avant tout, des marges qu’ils pourront dégager à l’avenir de leur production. Car les bonnes perspectives de prix annoncées par les économistes « ne doivent pas faire oublier que les coûts, notamment alimentaires, vont eux aussi augmenter », comme l’a rappelé Benoît Rouyer.
Interpellé sur la question des marges dégagées par les éleveurs, Jean-Guillaume Bretenoux, conseiller technique élevage de Stéphane Le Foll, a rappelé l’intention de ministre de l’Agriculture de « remettre un peu d’ordre dans la contractualisation ». « En matière d’équilibre des contrats, ce n’est pas satisfaisant pour le moment. » Le ministère souhaiterait, a minima, intégrer la notion de coûts de production dans les contrats.
Tous les participants, qu’ils soient adhérents de la CP, de la Fnpl, de JA, ou représentants de la Fnil ou de la Fncl, se rejoignent au moins sur un point : Bruno Le Maire s’est précipité dans la mise en place obligatoire de la contractualisation en avril 2011, alors que les premières organisations de producteurs répondant au cahier des charges législatif n’ont toujours pas reçu, fin novembre 2012, leur agrément.
OP transversales contre OP par entreprise : le match syndical
Et c’est justement la question des OP qui continue de cristalliser les débats entre responsables syndicaux, même si les leaders de l’Apli, de la Confédération paysanne, de la Fnpl et de JA avaient volontairement décidé, à l’approche des élections Chambres d’agriculture 2013, de ne pas enflammer les échanges, habituellement âpres sur ce sujet.
![]() Au colloque « Après 2015 : quel avenir pour les producteurs de lait » le 29 novembre 2012 (de g. à d.): Y. Sauvaget (CP), R. Schaber (Emb), I. Villalba (Ecvc), P. Ramet (Fnpl) et J. Chapon (JA). (© Terre-net Média) |
Isabelle Villalba, de Via campesina et Romuald Schaber, responsable de l’Emb, sont venus, quant à eux, défendre le développement d’OP non pas par entreprise, mais transversales, appuyant ainsi les revendications de l’Apli, de la CP et de la CR. Pour eux, seules de grandes OP par bassin de production apporteront un plus grand pouvoir de négociation aux producteurs.
En Suisse, les OP concurrentes malgré elles
Force est de constater que l’organisation économique des producteurs reste prisonnière des idéologies syndicales. Gérard Durand, responsable Elevage à la Confédération paysanne, n’exclut pas de poursuivre le dialogue entre représentants syndicaux, « mais à condition de se mettre d’accord sur les objectifs que l’on veut défendre pour l’élevage français ». Le syndicaliste rappelant le crédo de son syndicat : « des fermes à taille humaine, nombreuses sur le territoire, et dégageant un revenu permettant de faire vivre la famille de l’éleveur ».
En attendant, la multiplication d’OP sur un même territoire risque fort d’être contreproductive. Nicolas Bezençon, secrétaire d’Uniterre, un syndicat suisse, en témoigne. Le syndicaliste regarde la situation des éleveurs français avec fatalisme. « En Suisse, les producteurs ont pu se regrouper dès 2006, afin de préparer la fin des quotas intervenue en 2009. Résultat : les quatre OP transversales nationales et la multitude d’OP par entreprises n’ont absolument pas procuré de meilleur pouvoir de négociation pour les éleveurs. » Dans le pays du Gruyère, les transformateurs, encore plus concentrés qu’en France, « mettent les OP en concurrence pour tirer les prix vers le bas ».
« Les producteurs français n’ont ni les outils, ni un cadre juridique clair pour pouvoir peser davantage dans les négociations de prix face aux industriels », poursuit le syndicaliste suisse. Une vision quelque peu partagée par Gérard Durand ou Denis Jehannin, vice-président de l’Apli, qui reconnaissent « ne pas savoir où on va ».
Le temps presse !
Pour « sauver l’élevage », comme l’a martèle Gérard Durand en clôture de la rencontre, le chantier de l’organisation économique des producteurs reste entier.
Pourtant le temps presse : la fin des quotas laitiers approche à grand pas, et l’absence de pouvoir des producteurs dans les négociations de prix et la gestion des volumes, tant à l’échelle d’un bassin, de la France ou de l’Europe, leur sera inévitablement préjudiciable.
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