Tous les éleveurs bovins n'adhèrent pas à l'appel de la FNB à suspendre les ventes. Si l'objectif premier est de faire grimper les prix, certains craignent l'effet inverse avec une augmentation des importations. « Si on ne vend pas maintenant, on inondera le marché plus tard, le problème reste le même », signalent quelques éleveurs sur les réseaux sociaux.
Alors que la semaine dernière la FNB appelait les éleveurs à suspendre leurs ventes dans l'objectif d'obtenir de meilleurs prix de vente, tous les éleveurs de bovins viande ne semblent pas adhérer à l'idée.
« Si on ne vend pas maintenant, on inondera le marché plus tard »
« Si les bêtes sont retenues en ferme, ce n'est pas grave, chômage partiel payé par l'État dans les abattoirs ! Puis arrivera le jour où tout le monde va vendre, dégringolade des prix... Le confinement à la FNB, ça ne vous va pas », alertait un jeune agriculteur en commentaire sous l'article. Même chose sur les réseaux sociaux, Christian réagit sur Facebook : « En paroles, c'est une bonne idée mais dans la réalité, les charges sont là. »
Pour Yannick, ce blocage des ventes ne ferait qu'empirer la situation : « Ils ouvriront des quotas d'importation au lieu de monter les prix pour la viande française. » Antoine lui rétorque que ça n'est pas si sûre : « Les frontières sont plus fermées que d'habitude, ça peut marcher de retenir... » mais Yannik en est persuadé : « Elles sont fermées pour les personnes, pas pour les marchandises, encore moins alimentaires. »
Pour Benoît, impossible de garder les animaux : « Avec 2 années de sécheresse consécutives, ils n'auraient pas une autre idée par hasard ? »
Chez les bouchers, aussi, on grince des dents. Le président de la CFBCT (confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs) Jean-François Guihard répond à Bruno Dufayet dans un communiqué pour dénoncer « l'attitude irresponsable des acteurs de l'aval de sa filière ». Il lui rappelle que les boucheries souffrent aussi de la crise et que « depuis le début, les principaux syndicats agricoles ont largement fait la promotion des enseignes de la grande distribution [...], ignorant magistralement les artisans bouchers » qui « dans leur écrasante majorité, travaillent tout au long de l'année des viandes françaises. »
Un prix de la viande bovine qui continue de chuter
Pourtant les prix diminuent. Selon les dernières tendances de l'Idele, les cours des femelles et des jeunes bovins poursuivent leur baisse, la filière veau est toujours en difficultés. Seul le cours des broutards reste stable. La FNB affiche d'ailleurs un tableau comparatif de ces cotations :
Parce qu’il ne faut s’en tenir qu’aux chiffres pour analyser la situation du secteur viande bovine : évolution du prix payé éleveur depuis le début de la crise #Covid19 ???? Pourtant, GMS et bouchers confirment à @Interbev_fr de très bons résultats de vente. pic.twitter.com/hCV5flN7p0
— FNB (@EleveursBovins) April 15, 2020
Sur les réseaux sociaux, les éleveurs expriment leurs craintes quant à l'enlèvement des animaux. Du côté des éleveurs laitiers, le prix des réformes est en pleine chute comme en témoigne Élodie sur la page des producteurs de lait : « Le marchand vient de passer, il m'annonce 1,6 à 1,8 €/kg contre 2,5 € habituellement. » Elle craint même un arrêt total : « Notre marchand habituel n'en prend plus en ce moment. Ils n'ont pas de débouchés depuis le début du confinement. »
??La viande bovine dont la consommation est meilleure que l’année passée avec +14% de viande brute consommée. Et pourtant les prix aux producteurs ont baissé de 10 à 20 centimes/Kg de viande suivant les catégories. On est donc bien loin de la loi de l’offre et de la demande!
— Jean Baptiste Moreau (@moreaujb23) April 16, 2020

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