Le 11 septembre 2018, à l'occasion du Space, FranceAgriMer, établissement national des produits de l'agriculture et de la mer, organisait en partenariat avec le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel), une conférence sur « La transformation laitière : stratégies et tendances d'évolution ».
C
ette conférence s’est déroulée en deux grandes étapes. Tout d’abord, Benoît Rouyer, directeur du service économie et territoires au Cniel, a dressé le panorama des grandes tendances d'investissement à l’international et en Europe, ainsi que les principales opérations de croissance externe. Myriam Ennifar, chargée de la filière lait de vache et adjointe à la cheffe de l'unité élevage à FranceAgriMer, a ensuite présenté les dernières évolutions de la transformation laitière en France en termes de structure.
Benoît Rouyer a constaté que « la stratégie des opérateurs laitiers se définit en fonction des mouvements conjoncturels tels que la baisse brutale des achats chinois de poudre de lait, l'embargo russe ou encore la réhabilitation du beurre ». Ainsi, tandis que le prix du beurre valait entre 0,5 et 1,5 fois celui de la poudre de lait écrémé entre 2000 et 2014, il n’a cessé de progresser depuis, estompant le différentiel de compétitivité entre la France et la Nouvelle-Zélande.
L'évolution récente des investissements en termes de produits laitiers indiquent deux tendances. Nous notons une diminution des nouveaux projets dans le domaine des ingrédients secs et un fort développement des nouveaux projets dans le domaine des fromages
De façon générale, le marché mondial des produits laitiers progresse, atteignant 427 milliards d'euros, en 2017. Mais cette croissance se concentre dans quelques zones (Asie-Pacifique, Amérique latine, Moyen-Orient, Afrique, Europe de l'Est) et concerne majoritairement des produits laitiers secs (poudre de lait…) et les fromages. « L'évolution récente des investissements en termes de produits laitiers indiquent deux tendances. Nous notons une diminution des nouveaux projets dans le domaine des ingrédients secs et un fort développement des nouveaux projets dans le domaine des fromages », signale Benoît Rouyer. Des projets importants sont en cours de déploiement rejoignant la tendance en cours aux États-Unis, en Russie et en Irlande. La France déploie 24 projets fromagers, d'un montant de 125 millions d'euros sur la période 2017 et 2018. En outre, B. Rouyer indique que « les allégations éthiques (emballage durable, bien-être animal) et/ou naturelles (pas d'additifs, de conservateurs, bio, non-OGM) sur les nouveaux produits alimentaires se développent fortement à l'échelle mondiale ».
Dans le cas plus particulier de l'Europe, la France compte parmi les principaux exportateurs de produits laitiers vers les pays tiers. Toutefois, restant attachée à une certaine maîtrise des volumes, elle ne place pas son développement au centre des priorités. Se laissant porter par la demande, la filière est donc quelque peu limitée sur les marchés à l'export de gros volumes peu segmentés. Par ailleurs, comme l'a souligné Benoit Rouyer, « ce positionnement permet aux opérateurs français d'asseoir davantage leur rayonnement international, en développant des implantations industrielles à l'étranger ».
La France disposant de grands groupes laitiers - Danone, Lactalis, Sodiaal et Savencia font notamment partie du top 20 mondial 2017 -, l'industrie laitière est donc un atout majeur pour la filière lait de vache. En effet, 40 % du lait produit sur le territoire est exporté grâce aux groupes industriels et leurs succursales à l'étranger. « L'industrie laitière française se distingue également par sa large gamme de produits laitiers fabriqués, produits de grande consommation et produits industriels. » Toutefois, ce paysage industriel s’est fortement transformé entre 2014 et 2017, au travers de nombreuses restructurations.
« Si cette restructuration a été guidée par la bonne conjoncture de 2014, qui avait incité de nombreux industriels à se lancer dans la construction de tours de séchage ou d'usines de transformation pour pouvoir gérer la hausse de la production laitière, l'évolution depuis 2016 est motivée par la croissance de la demande à l'exportation pour les produits laitiers, notamment pour les poudres infantiles », souligne Myriam Ennifar.
« De nouveaux projets ont vu le jour en 2018, alors que les signes d'une embellie commencent à apparaître pour la filière laitière française. Ils pourraient modifier l'organisation du maillon aval de la filière laitière et renforcer sa compétitivité en France comme à l'international, d'autant plus que les investissements des groupes français à l'étranger se multiplient », conclut Myriam Ennifar.
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