
Le Sommet de l'élevage s'ouvre mercredi à Cournon, près de Clermont-Ferrand. Ce rendez-vous professionnel, au cœur du bassin de production français, mise sur l'international pour surmonter la crise de confiance de la filière bovine.
Lieu d'échanges de bonnes pratiques et de contacts commerciaux, le rendez-vous du Sommet de l'élevage à Cournon d'Auvergne, jusqu'à vendredi, est de plus en plus ouvert sur l'extérieur avec 90 délégations étrangères attendues, 33 pays représentés parmi les quelque 1.200 exposants et plus de 82.500 visiteurs pour sa 22e édition l'an dernier.
De la Pologne et l'Allemagne vers la Russie
Le bassin méditerranéen (Algérie, Maroc, Tunisie) et la Turquie, invités d'honneur cette année avec la Bulgarie, sont les principaux marchés à conquérir pour les éleveurs qui commencent à ressentir durement sur les prix l'effet de l'embargo russe, décrété début août, qui s'ajoute à une baisse régulière de la consommation intérieure.
« Ce n'est pas qu'on exportait beaucoup sur la Russie, mais 50.000 tonnes de viandes partaient de Pologne et d'Allemagne vers le marché russe et vont se déverser sur le marché communautaire et l'engorger », explique Dominique Langlois, patron d'Interbev, l'interprofessionnelle du bétail et des viandes.
La Turquie à reconquérir
Cependant, en marge de la fête et des concours bovins et ovins, c'est surtout l'aspect business que les participants souhaitent mettre en valeur dans le contexte de crise qu'ils traversent, avec une baisse sévère des cours depuis 18 mois. La Turquie en particulier reste un grand marché à reconquérir : depuis la vache folle en 1996, la reprise des exportations a été compromise par la reconnaissance officielle en France du génocide arménien en 2011 puis l'imposition de lourds droits de douanes depuis l'an dernier : 30 à 40 % pour les animaux et 100 % pour la viande, selon Interbev.
Entre-temps, en 2012, la France était redevenue le premier fournisseur étranger de viande à la Turquie, avec 22 % des parts de marché. « Des discussions sont en cours et la venue d'une délégation turque à Cournon nous donne de l'espoir », assure Dominique Langlois. « Le problème c'est que les exportations ne se décrètent pas et qu'avec les pays arabes aussi c'est compliqué », ajoute-t-il.
Les tests Esb repoussent les marchés
Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (Fnb) qui représente les éleveurs, dénonce lui l'absence de soutien du gouvernement : « avec l'embourbement du marché européen, le ministre doit nous aider à trouver des opportunités sur pays tiers », juge-t-il.
Jean-Pierre Fleury avance ainsi une revendication de longue date, souvent promise et toujours suspendue : la levée des tests Esb, l'encéphalite spongiforme bovine ou maladie de la vache folle. Ce dépistage rendu obligatoire en 2001, en pleine épidémie, ne concerne plus que les vieux animaux (plus de 72 mois) mais reste un repoussoir sur de nombreux marchés. « Le marché chinois nous reste fermé à cause des tests Esb alors qu'il y a tellement à faire », peste Jean-Pierre Fleury qui évoque « l'exaspération » de ses troupes. « Les cours perdent 2 à 3 centimes par semaine », assure-t-il en menaçant de relancer les actions coup-de-poing contre la grande distribution, qui ne « joue pas le jeu » et continue de remplir ses rayons avec des viandes importées.
Pas de préférence nationale pour la restauration collective
L'initiative "Viande de France" lancée au printemps, pour contrecarrer les importations aléatoires et peu traçables de viandes "Origine UE" est en train de faire long feu, accuse-t-il : « on glisse lentement mais sûrement vers une étiquette européenne et personne ne réagit ». Dans son viseur également : la restauration collective. « Sur 280.000 tonnes de viande rouge consommée, 80 % provient de l'importation : la moutarde monte au nez de tout le monde », prévient-il, notamment à l'adresse du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll attendu jeudi sur le salon.
Car à Cournon les bovins règnent en maîtres, avec le concours européen de la race ultime, les Aubrac, et la première édition du concours des Simmental, aussi renommées pour la viande que pour le lait qui donne les Bleu d'Auvergne et le Saint-Nectaire.
Mais les travées sont aussi largement ouvertes aux ovins avec le concours des moutons vendéens et la finale de la Coupe du monde des jeunes bergers, avec 21 grands pays producteurs invités, de la Nouvelle-Zélande, l'Uruguay et l'Argentine ou l'Afrique du Sud.
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