Aujourd’hui, le marché des génisses amouillantes ou vaches en lactation est porteur, avec des prix de 1 700 à 2 000 €, selon le potentiel génétique. C’est un marché d’opportunité. Il y a 18 mois, elles valaient de 1 100 à 1 300 €. Faut-il changer de stratégie et se remettre à élever des génisses ?
La première question à se poser est d’évaluer le coût d’une génisse produite. Il existe plusieurs approches, plusieurs valeurs… tout dépend du calcul recherché. Les chiffres ci-dessous sont issus du réseau Ecolait BTPL, sur des bilans clos en 2022/2023. Pour les concentrés et la poudre de lait, l’affectation des charges ne pose pas de difficultés. Le lait distribué aux veaux est considéré au prix de vente du lait, les fourrages avec une part de mécanisation (itinéraire cultural + récolte).
Les frais d’alimentation d’une génisse sont de 953 €/génisse, 248 € d’allaitement, 227 € de concentrés et 478 € de fourrages. Entre 2021 et 2022, ces frais ont augmenté de 100 €, répartis à peu près équitablement entre le prix du lait distribué aux veaux, le prix du concentré et le prix des fourrages. Les quantités n’ont pas évolué.
En zone « montagne », le coût est moins élevé, lié à la ration avec plus d’herbe pâturée et un système moins intensif. 43 % des fourrages consommés par les génisses est de l’herbe pâturée, 17 % en ensilage d’herbe et enrubannés, 38 % en foin/paille et très peu de maïs. En plaine, l’herbe pâturée représente 34 % des fourrages, l’ensilage maïs 11 %. L’âge au vêlage est identique entre les deux zones géographiques.
Plus une génisse vêle tard, plus elle « coûte »
Même avec le prix élevé des concentrés, les coûts d’élevage restent moins chers pour une génisse qui vêle à 24 mois. Les écarts se resserrent.
Aux frais d'alimentation, nous ajoutons un forfait de 80 € pour un veau femelle et de 150 € de frais d’élevage (identification, paille, frais vétérinaire, IA…). Évaluer le coût de la main d’œuvre est plus délicat. La solution la plus rapide est d’évaluer le temps passé en moyenne par jour, pour l’ensemble des veaux et des génisses, alimentation, paillage et soins. Les calculs tournent en général autour d’1h30, 45 minutes par jour pour les veaux et 45 minutes pour les génisses sevrées (3 à 24 mois). La main d’œuvre affectée aux génisses « coûterait » 183 €/génisse (de la naissance au vêlage).
Au final, le coût d’élevage d’une génisse s’élève à 1 366 € en 2022. C’est une moyenne, à ajuster en fonction de ses propres coûts alimentaires.
À noter : le bâtiment n’est pas inclus dans ce calcul. Dans la très large majorité des situations, les bâtiments génisses sont amortis et nécessitent peu, voire pas du tout, d’entretien. Il faut bien sûr l’ajouter s’il reste des annuités.
Élever plus de génisses : quelle stratégie adopter ?
Quels que soient la région ou l’âge au vêlage, le coût de production d’une génisse reste inférieur au prix du marché actuel, main d’œuvre comprise. Alors comment choisir ?
Élever des génisses et vendre le surplus ?
Le gain potentiel est aujourd’hui de 250 € à 500 €/génisse. Mais cela reste un marché d’opportunités, avec des bonnes et moins bonnes années.
Élever plus de génisses et réformer plus ?
Le gain potentiel sur la vente de génisses est légèrement inférieur à la vente de vache de réforme. Mais une génisse produit moins de lait qu’une vache adulte, au final, le gain potentiel se traduit dans la majorité des cas par une perte nette (moins de lait livré).
Ajuster le renouvellement au besoin réel est probablement la bonne stratégie : 20 % en système herbager, 27-28 % en système plus intensif, tout en conservant 5 à 10 génisses de plus selon l’effectif, comme sécurité (destinées à être vendues et conservées en cas d’aléas).
Sans place en bâtiment, sans stock de fourrages, et avec une main d’œuvre chargée, la question ne se pose pas : inutile d’élever des génisses au-delà des 27-28 % de renouvellement, le gain potentiel sur les génisses est perdu sur la production des vaches laitières (saturation des bâtiments, frein sur la distribution des fourrages...).
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