Les éleveurs sont unanimes : une bonne vache, c’est « celle dont on n’entend jamais parler, qui fait sa vie, produit son lait tranquille, n’a pas de mammite, et qui n’est jamais malade », lance Guylaine Trou, chargée d’études à la Chambre d’agriculture de Bretagne à l’occasion du webinaire sur la longévité de vaches laitières porté par l’Institut de l’Élevage. Plus rares sont les éleveurs évoquant une vache « qui fait du lait de qualité et en volume ».
C’est ce que révèlent les résultats d’une enquête sur la stratégie de gestion des réformes réalisée auprès de 26 élevages laitiers Holstein et Normands répartis en Bretagne et Normandie ainsi que des élevages de Montbéliardes dans le Doubs et l’Isère.
À partir de quel moment une vache est-elle « vieille » ?
En majorité, les éleveurs considèrent qu’une vache est vieille à partir du moment où elle a atteint les 8 voire 10 ans. Mais cela dépend de l’interprétation de chacun : certains vont raisonner par l’âge, d’autres par le nombre de lactations, ou encore une vache qui va avoir atteint sa capacité physique limite (animal qui traîne des pattes, mamelle qui se décroche, …).
Sans surprise, bon nombre d’éleveurs déclarent avoir une (ou des) vache (s) avec un traitement de faveur, dont les caractéristiques peuvent influencer les décisions de réforme : sociables, bonnes productrices, ou critères génétiques.
Si en théorie, tous s’accordent sur l’intérêt de la longévité, dans les faits, elle est parfois difficile à mettre en place. « On aimerait bien faire vieillir, mais correctement. Pas à n’importe quel prix ». Autrement dit, en gardant des vaches rentables.
Si bien qu’en pratique, un tiers des répondants déclare que faire vieillir les animaux n’est pas leur objectif premier : « ça dépend des vaches, si elle est bonne on va essayer de la garder ».
Le renouvellement anticipé dès le plan d’accouplement
Dès la réalisation du plan d’accouplement, très nombreux sont les éleveurs à réfléchir au nombre de femelles qui vont naître. Ils utilisent des semences sexées et des croisements viande de manière à limiter le nombre de génisses à venir. Une minorité n’utilise que des semences conventionnelles.
Dans la plupart des cas, toutes les femelles laitières nées sont élevées et inséminées, une majorité de génisses sont amenées jusqu’au premier vêlage. On observe cependant une dichotomie plus marquée après le premier vêlage. « Près de la moitié des éleveurs disent garder toutes les génisses qui ont vêlé, et plus de la moitié des répondants prétendent qu’il leur arrive parfois ou régulièrement de vendre des génisses fraîchement vêlées en lactation », précise Guylaine Trou.
Réformes : une lactation supplémentaire possible ?
Dans plus de 60 % des cas, toutes les sorties d’animaux sont considérées comme « obligatoires » : « si j’ai décidé qu’elles partent à la réforme, c’est qu’il y a une raison », répondent certains. Parmi les causes indiscutables, on retrouve des problèmes de tempérament ou encore de productivité.
Dans le cas où les éleveurs disent qu’une lactation supplémentaire est possible, cela est notamment dû à l’effet "collectif de travail" : « ça dépend de la motivation de l’équipe à faire les traitements, une bonne chez les uns va être mauvaise pour les autres, parce qu’on n’a pas les mêmes critères », révèlent-ils.
« Une question de ressenti »
« L’approche économique, souvent utilisée en tant que conseiller ne suffit pas quand on aborde le thème de la longévité ou de la réforme », précise la conseillère. L’approche subjective de l’éleveur qui côtoie ses animaux au quotidien compte pour beaucoup.
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