Faute de broutards français, l’Italie se rabat sur l’Irlande et l’Europe de l’Est

Engraissement de jeunes bovins en France
Dans la moitié Nord-Ouest, le cours du broutard se maintient avec peu de volumes disponibles pour les mises en place dans l'Hexagone. (©Terre-net Média)

La fermeture de l’export de vif en France, puis en Espagne, rebat temporairement les cartes sur le marché du broutard en Europe. Faute de disponible sur le marché français, les opérateurs italiens tentent des options depuis l’Irlande ou l’Europe de l’Est, mais les transactions ne permettent pas de remplir toutes les places vides. Les volumes d’animaux ne sont pas suffisants et ne répondent pas forcément aux standards de l’engraissement.

« La fermeture des exportations pour quinze jours souffle le froid sur un marché du broutard en ébullition », lance Laurent Chupin, analyste de marché pour ActiOuest. Le 17 octobre, le ministère de l’agriculture a annoncé la fermeture de l’export de vif jusqu’au 4 novembre, une mesure destinée à endiguer la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). « Les exportations d’animaux vivants sont actuellement paralysées », tranche l’analyste. Cette décision provoque une onde de choc sur le marché du broutard européen.

En début de semaine, les Italiens comptaient sur l’Espagne pour remplir leurs ateliers. Avec déjà plusieurs foyers de DNC sur son territoire, le pays a été contraint de suspendre ses échanges de vif avec les pays tiers comme le Maroc. « Les éleveurs espagnols qui produisent pour l’export maritime disposaient d’animaux déjà lourds à rediriger vers le marché national ou européen », précise Laurent Chupin.

Leurs espoirs ont été douchés par la progression de la maladie dans la péninsule ibérique. Le 21 octobre, le premier ministre espagnol a interdit l’export de vif pour empêcher la propagation de la maladie. Au 24 octobre, l’Espagne compte 17 foyers de dermatose bovine.

Le contexte offre à l’Afrique du Nord, de plus en plus délaissée par le marché européen, d’intensifier ses échanges avec les pays d’Amérique du Sud : « l’Argentine, l’Uruguay ou le Brésil disposent de structures d’exportation bien établies avec des écarts de prix significatifs », commente l’expert.

Les engraisseurs italiens se tournent vers l’Europe de l’Est

« En Italie, si les petits opérateurs ont suspendu leurs mises en place, les élevages de grande taille, qui achètent des animaux de manière régulière, sont à la recherche de nouveaux marchés ». Les opérateurs sont contraints de se rabattre sur les marchés encore ouverts. « L’Irlande a l’avantage de présenter du disponible à prix raisonnable, mais la contrainte est logistique », note Laurent Chupin. Pour le transport, les animaux doivent éviter la traversée de la France.

Les engraisseurs peuvent également compter sur des broutards tchèques, ou issus des pays de l’Est. « Ces pays ont plus de facilité logistique ». Mais les volumes restent faibles. La distinction entre cheptel laitier et allaitant est une spécificité française. « Il y a bien des Charolaises à l’Est, mais pas de quoi répondre au marché italien ».

Ces marchés s’avèrent toutefois insuffisants pour remplir les structures italiennes, qui attendent avec impatience la réouverture du marché français.

Les conditions de réouverture du marché en question

Côté français, les opérateurs sont soucieux des conditions de réouverture. « Beaucoup de broutards vont se présenter sur le marché en même temps ». Mais les Italiens auront besoin de marchandise. « L’Italie absorbe 18 000 têtes par semaine. Il y aura peut-être 35 000 têtes demandées à l’ouverture ». Reste à voir comment l’offre s’accordera à la demande.

Les contraintes réglementaires joueront également sur les prix. « Nous ne savons pas si les restrictions seront levées le 4 novembre, et sous quelles conditions, s’il faudra vacciner, faire des tests… », note Laurent Chupin.

En l’état, les animaux vaccinés contre la DNC ne peuvent être exportés, à moins d’attendre un délai de 14 mois. Mais les opérateurs militent pour la suspension de cette contrainte, comme cela a déjà été le cas pour la FCO. « On pourrait imaginer un accord bilatéral », lance l’expert. La FNB milite dans ce sens. « La prochaine étape nécessaire est d’obtenir sans délai des accords bilatéraux avec nos pays voisins, notamment l’Italie et l’Espagne, pour permettre que les animaux dûment vaccinés des zones réglementées puissent être commercialisés à l’export », insiste le syndicat dans un communiqué de presse en date du 24 octobre.

Les cours se maintiennent dans le Nord-Ouest

Ailleurs en France, le prix du broutard se maintient. Les cours ont été reconduits cette semaine à Châteaubriant et à Chôlet respectivement autour des 6,01 €/kg et 6,16 €/kg pour le Charolais U de 350-400 kg. Les échanges étant bloqués sur le Massif central, traditionnellement fournisseur de maigre, la demande se rabat sur la moitié Nord-Ouest de la France qui bénéficie également d’une disponibilité limitée. « Malgré l’inquiétude, les éleveurs gardent l’espoir qu’une fois la maladie surmontée, le marché retrouve une sérénité soutenue par la faible disponibilité ».

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 7,25 €/kg net +0,04
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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