Le prix des vaches de réforme n’en finit plus de monter… Depuis janvier, cette tendance s’accélère. Les 4,20 € - 4,30 € sont passés, très largement. Avec des réformes de 320-330 kg de carcasse, le prix s’approche de 1 500 € en Montbéliarde ou Normande, 1400 € en Holstein.
Ces cours incitent fortement à engraisser et alourdir les vaches de réforme. Toutefois avec des concentrés chers, la stratégie est-elle toujours payante ?
De la place et des stocks pour engraisser les réformes
Avant de préciser le calcul, dans les 2 cas suivants, il vaut mieux ne pas engraisser ses réformes :
- Tous les bâtiments sont saturés : les vaches engraissées accentuent cette saturation. Indirectement, elles freinent la production laitière du troupeau, par la compétition à l’auge et au couchage. 3-4 % sur une livraison de 700 000 l, c’est 24 000 l non livrés, un manque à gagner de 9 500 €.
- Les stocks sont justes tous les ans : en vendant les vaches à réformer un peu plus vite, la pression sur les stocks est moins forte. Il y a moins de risque de rupture si l’année fourragère est défavorable.
Un coût de 270 à 300 €/vache avec la ration et la main-d’œuvre, sur 3 à 5 mois
Cas 1 : les réformes sont engraissées en bâtiment, en dehors du troupeau laitier, pendant 3 mois (100 j)
Ration : 10 kg MS d’ensilage de maïs (80 €/t MS, mécanisation comprise) + 2 kg blé (280 €/t) + 1 kg de correcteur 42 (500 €/t) soit une ration à 1,85 €/jour.
Ensuite, faut-il compter des charges de structure ? Lesquelles ?
Des charges de mécanisation sont comptées ici, dans le coût des fourrages et de la ration. Les autres charges de structure (bâtiment, foncier, assurances, etc.) ne changent pas, qu’il y ait ou non des vaches de réforme. Il faut y ajouter la main-d’œuvre, 10-15 min/jour, 5 €/j à 2 Smic/heure pour les associés, 1 €/vache/jour pour 1 case de 5 réformes.
Au total, une vache « coûte » 1,85 + 1 = 2,85 €/jour, pendant 100 jours, soit 285 €. Pour couvrir ces frais, il faut que cette vache prenne 70 kg à 4,25€/kg.
Cas 2 : les réformes sont engraissées parmi les vaches laitières
Elles consomment la ration à l’auge et sont traites le temps de cette phase d’engraissement (avec une complémentation restreinte au Dac ou au robot).
Ration : autour de 3,3 €/jour.
Production à soustraire : 15 l/VL à 400 €/100 l soit 6 €/jour.
Il faudrait retirer quelques centimes pour l’électricité, le matériel de traite, etc. Avec 15 l/vache, la production laitière couvre tous les frais d’alimentation et de main-d’œuvre, essentiellement la traite. La marge évolue autour de 5 €/vache/jour (lait produit + gain de poids – ration). Mais il s'agit là de vendre des vaches sitôt sorties de la salle de traite (plutôt négatif en termes d'image).
Cas 3 : les réformes sont engraissées en pâture
Une solution pour les régions les moins séchantes : les vaches sont taries et engraissées en pâture.
Ration : herbe. Le coût alimentaire est de moins d’1 €/jour.
Le temps d’engraissement dépasse souvent 5 mois. Il n’y a pas de temps de distribution de ration, mais uniquement de la surveillance et le déplacement des vaches d’un paddock à l’autre.
Le coût total est de 120 € d’alimentation + 150 € de temps passé (en reprenant 1 €/vache/jour), soit un total de 270 €/vache. Pour couvrir ces frais, il faut que cette vache prenne 70 kg à 4,25€/kg.