L’année 2024 s’achève sur une croissance modérée de la production laitière mondiale de 1,5 % (980 Mt de lait), et même 0,8 % hors Inde et Pakistan, deux pays dont l’augmentation de la production est tournée vers leur marché intérieur. Dans les trois principaux bassins exportateurs, assurant plus des deux tiers des échanges (69 %), cette croissance est bien timide, selon le rapport annuel de l’Institut de l’élevage (Idele) : + 1,3 % en Nouvelle-Zélande, + 0,5 % dans l’Union européenne (UE) et — 0,2 % aux États-Unis. En 2025, avec la stabilité des productions européennes et américaines, voire leur baisse (épizooties, sécheresse en Europe du Nord), le prix du lait devrait rester soutenu, même si la politique américaine de tarifs douaniers laisse beaucoup d’incertitudes.
Le lactosérum pour soutenir la croissance
À horizon 2029, la production de l’UE pourrait diminuer de 12 milliards de litres, si l’ensemble des règles environnementales sont appliquées : « Un recul que la hausse constante de la MP et de la MG du lait livré ne compensera pas », analyse Christophe Lafougère, directeur de Gira consulting, spécialiste des marchés agroalimentaires. Seule la Pologne devrait poursuivre sa dynamique de croissance, alors que l’Europe de l’Ouest perdrait 2 % d’animaux par an. « Avec moins de lait et un lait plus cher à produire, les 450 € pourraient devenir un prix plancher », note l’expert.
Mais, pour payer le lait plus cher et rester attractifs vis-à-vis des producteurs, avec des coûts de transformation en hausse, les industriels devront adapter leur stratégie : acheter moins de lait pour réduire leur exposition aux commodités, comme les poudres maigres dont la demande est atone (- 8 % en 2024), ou anticiper le recul inexorable du débouché chinois des poudres infantiles ; améliorer leurs process de fabrication ; aller chercher de la valeur sur des marchés porteurs que sont les fromages, les ingrédients et les produits frais.
Avec 17,4 Md€ de chiffre d’affaires, les fromages, cheddar en tête, pèsent 24 % des échanges mondiaux. La croissance de ce marché (+ 4 % en 2024) va générer plus de lactosérum pour alimenter un marché de la protéine en plein essor.
« C’est sur le lactosérum que passe le développement de la marge des industriels fromagers, dans l’infiniment petit du cracking », estime Christophe Lafougère. Son analyse s’appuie sur la croissance de la consommation d’aliments santé, un créneau pour les produits laitiers hyperprotéinés (+ 4 % par an à 14 Mt). Avec un défi pour la filière française et ses AOP, la production d’un lactosérum acide, moins adapté à ce marché et moins attractif.
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