La Chine courtise le marché français sur fond de tensions commerciales

Biotechnologies, machines agricoles : des entreprises chinoises ont renforcé leur présence au salon international de l'élevage (Space) à Rennes, afin de séduire le marché européen, mais aussi pour nouer des partenariats, sur fond de tensions commerciales entre Pékin et Bruxelles.

Pour Liuming Huang, responsable de la société de biotechnologie « Bioeasy », l'objectif est clair : « On cherche à s'étendre sur le marché français ». Dès l'ouverture du Space à Rennes, mardi matin, le stand de l'entreprise ne désemplit pas.

Ses kits de dépistage rapide pour bovins - capables de détecter certaines maladies ou des résidus d'antibiotiques dans le lait - attirent éleveurs et grossistes, curieux de découvrir cette entreprise de Shenzhen, ville industrielle chinoise, présente pour la première fois au Space.

« On ne connaissait pas ces produits », confie Valérie Loisel, exploitante laitière en Seine-Maritime. « Ça a l'air innovant et facile à utiliser.

Aujourd'hui, nos tests doivent partir au labo, ce qui coûte cher et prend du temps. Là, on pourrait le faire nous-mêmes », dit-elle à l'AFP, prête à tester les kits sur ses 80 vaches laitières.

Cette année, 23 compagnies chinoises figurent parmi les 1 230 exposants du salon, dont 371 étrangers, contre moins de dix lors des éditions précédentes, selon les organisateurs.

Comparé à d'autres salons agricoles européens, comme Euro Tier à Hanovre en Allemagne, avec plus de 260 exposants chinois sur 2 282 entreprises l'an dernier, cela demeure relativement peu.

Mais selon Anne-Marie Quéméner, commissaire générale du Space, le salon breton est chaque année « de plus en plus sollicité » par ces sociétés qui cherchent des débouchés en France, et pas uniquement pour y exporter leurs solutions.

« Ils cherchent à établir des relations de coopération à long terme avec les entreprises françaises, notamment par le biais de joint-ventures, de transferts de technologies ou de projets de recherche collaboratifs », a détaillé Mme Quéméner auprès de l'AFP.

D'autant que ces sociétés, déjà présentes dans les secteurs de la santé et de la nutrition animales, élargissent leur offre « notamment en équipements pour l'élevage et en systèmes utilisant l'intelligence artificielle ou la gestion des données ».

« À une époque, la Chine c'était surtout le prix. Aujourd'hui, c'est la réactivité et l'innovation », confirme Philippe Lebreton, distributeur de matériel agricole, devant le stand de « Bioeasy ».

Acteur incontournable

L'intérêt croissant de ces entreprises pour le Space s'inscrit dans un climat commercial tendu.

En représailles aux droits de douane supplémentaires imposés par l'UE sur les véhicules électriques chinois, Pékin a lancé plusieurs enquêtes antidumping sur des produits européens : le cognac, les produits laitiers et le porc.

Les oreilles et pieds de porc français, très prisés en Chine, premier débouché à l'export pour la filière, sont frappés depuis le 10 septembre de droits de douane supplémentaires provisoires, le temps que l'enquête s'achève, en décembre.

L'interprofession française Inaporc, a exprimé de « vives inquiétudes » à l'ouverture du Space, craignant que les prix du porc soient tirés à la baisse en Europe.

La France exporte beaucoup plus de viande et produits laitiers vers la Chine qu'elle n'en importe de ce pays. Les entreprises chinoises sont aussi friandes du savoir-faire français concernant la génétique, la sélection des animaux, un des thèmes phare du Space.

Malgré les tensions commerciales, les entreprises chinoises cherchent à s'implanter sur le marché français. Dans les allées du Space, les éleveurs, eux, ne sont pas surpris.

« Ce qu'ils recherchent, c'est avant tout des contacts », souligne Valérie Loisel, éleveuse laitière.

« On peut difficilement imaginer l'agriculture sans la Chine désormais », estime pour sa part Bertrand Schwebel, un importateur français de matériel agricole, qui commercialise des systèmes chinois de guidage des engins agricoles par GPS.

« En deux ans et demi, on en a vendu 2 500 en France. La qualité est là, à des prix compétitifs, et ça casse l'image du "Made in China" bas de gamme », affirme le distributeur.

La balance commerciale entre la France et la Chine sur le machinisme agricole est largement favorable à Pékin, qui a exporté pour 330 millions d'euros de machines en France en 2024 selon les douanes.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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