« Il va falloir de la patience car reconquérir de la souveraineté alimentaire, c’est très long. C’est très long de remettre en place des outils de transformation et des outils de compétitivité. » Lors de sa visite inaugurale du Space 2023 mardi 12 septembre 2023, Marc Fesneau a appelé le monde agricole – et en particulier l’élevage – à la patience en matière de reconquête de la souveraineté alimentaire. Tout en rassurant les éleveurs du soutien de l’État.
Dans sa longue déambulation dans les halls du parc expo de Rennes, le ministre de l’agriculture a été interpellé à de nombreuses reprises par les représentants des filières sur cet enjeu de perte de souveraineté de la France. Relayant ces inquiétudes, Marcel Denieul, le président du Space, garde pourtant espoir. « Il n’y a pas de fatalité ! Il n’y a pas meilleure preuve que tous ces jeunes qui suivent un cursus agricole et qui souhaitent s’installer. Pour peu qu’on offre une meilleure reconnaissance au métier d’éleveur et qu’on les aide davantage à développer leur projet. »
De concert avec le représentant du salon, Marc Fesneau a copieusement ciblé les détracteurs de l’élevage français. « Ces minorités bruyantes ne servent pas les intérêts du pays. Ils servent malgré eux une baisse de souveraineté et des gens qui souhaitent importer plus de produits chez nous. »
Sur la question de l’inflation et des prix payés aux producteurs, le ministre a plaidé pour poursuivre le travail dans l’application de la loi Egalim. « Il faut qu’on avance » pour développer une contractualisation tripartite sur 3 à 5 ans « voire plus » dans toutes les filières.
En attendant, avec le ministre de l’économie, Marc Fesneau entend saisir l'observatoire de la formation des prix et des marges pour s'assurer que les marges des producteurs agricoles sont bien protégées. Un peu plus tôt dans la matinée, Bruno Le Maire a aussi indiqué que les négociations entre industriels et distributeurs devraient s'achever le 15 janvier en 2024, au lieu de mars, et s'est demandé « s'il ne faudrait pas des négociations plus régulières ».
Face à l’inquiétude des éleveurs sur la fin progressive de la détaxation du GNR, Bruno Le Maire a insisté sur le fait que "pas un euro" de la suppression progressive de la niche fiscale sur le GNR (gazole non routier) utilisé par les agriculteurs « n'irait à l'État ». Une promesse qu’a aussi rappelée Marc Fesneau devant eux.
Sans rien annoncer de plus, Marc Fesneau a assuré le « service après-vente » des premiers jalons posés à Terres de Jim deux jours plus tôt, concernant le pacte d’avenir et le projet de loi d’orientation agricole. Des textes censés accompagner les agriculteurs dans la « transition ». « La transition est lente mais les besoins financiers sont énormes », a rappelé Marcel Denieul devant le ministre. Pour ce pacte et cette « PLOA », le ministre le reconnaît : il en faudra, de la patience. « Entre le moment où un projet de loi est sur la table et son adoption, il faut de 12 à 18 mois. »