Les AOP fromagères révisent leurs cahiers des charges

Confrontées à un dérèglement climatique brutal touchant la quantité et la qualité de leur production, les filières fromagères AOP et IGP doivent aussi veiller à la qualité de l’eau de leur territoire, répondre aux attentes sociétales (bien-être animal, etc.) et pérenniser leur organisation collective singulière. D’où la nécessité d’introduire dans leur cahier des charges des éléments de durabilité en matière environnementale, économique et sociale. Alors que l’Inao (Institut national des appellations d’origine et de la qualité) a nommé, en septembre, une commission d’enquête pour réviser le cahier des charges des AOP fourme d’Ambert et bleu d’Auvergne, elle a validé, le 21 novembre, le travail engagé depuis quatre ans par les AOP du massif du Jura (comté, morbier, mont-d’or).

Préserver un modèle agricole familial

Au-delà du resserrement des conditions de production, il s’agit de réaffirmer l’identité d’un produit et d’un savoir-faire traditionnel, en préservant un modèle agricole familial et sociétaire ainsi qu’une diversité des fruitières et des maisons d’affinage.

C’est la dixième fois que le comté, la plus grosse AOP française en tonnage (70 000 t par an), réexamine son cahier des charges. En 2007, la productivité laitière avait été plafonnée à 4 600 litres/ha. En 2018, le robot de traite avait été interdit. À l’instar des fruitières dont la croissance est désormais limitée ⁽¹⁾, la production des fermes est restreinte à 1,2 million de litres de lait par an. Le cheptel est limité à 50 vaches par UTA ⁽²⁾ (45 pour le second associé dans les sociétés). Cette mesure doit favoriser la transmission des exploitations. La surface requise pour le pâturage des vaches est augmentée de 30 % (de 1 à 1,3 ha par vache laitière et par an, dont 50 ares disponibles dans un rayon de 1,5 km autour du point de traite).

Validation par Bruxelles en cours

L’affouragement en vert, obligatoirement tracé et déclaré, est limité à soixante-quinze jours par an. Les plafonds de fertilisation azotée sont abaissés à 120 unités d’azote/ha SFP, dont 40 unités d’azote minéral en cas d’effluents solides, 100 en cas d’effluents liquides.

Comprenant 170 points de contrôle, contre 100 précédemment, le nouveau cahier des charges du comté s’appliquera en 2025 après validation par Bruxelles, en cours.