Le saviez-vous ? Un peu plus d’un chef d’exploitation agricole sur quatre est une femme : 26 % exactement. Installées principalement dans des fermes d’élevage et de maraîchage, elles sont, en revanche, peu souvent représentées dans les instances professionnelles. Dans les coopératives agricoles, par exemple, elles n’occupent que 10 % des sièges des conseils d’administration. Mais Anne Dumonnet-Leca, fondatrice et présidente de VoxDemeter, le confirme : « La tendance est à une prise de conscience. Mais il faut désormais aller plus loin, pour faire bouger les lignes. »
Encore de nombreux freins
La place des femmes dans le monde agricole était au cœur du plateau, 100 % féminin, organisé au Sia à Paris, fin février. L’occasion pour Anne-Marie Quéméner, commissaire générale du Space, d’annoncer que cette thématique sera aussi l’un des thèmes forts du prochain salon international de l’élevage, organisé du 16 au 18 septembre à Rennes. « Nous devons rendre plus visibles les initiatives portées par et pour les femmes, ouvrir le dialogue, pour sensibiliser et informer les futures installées : sur les parcours de soins en milieu rural par exemple. » Dans les lycées agricoles, les jeunes filles sont nombreuses à souhaiter devenir cheffe d’exploitation mais dans les faits, les freins restent réels : psychologiques - certaines n’osent pas -, logistiques, organisationnels, sans compter les « habitudes » ou les ancrages culturels, parfois tenaces.
Prendre du temps pour soi
Une fois installées, l’objectif des agricultrices est que leur activité soit rentable et durable. « Pour rester en forme, physiquement et psychologiquement, je conseille de prendre du temps pour soi, confie Pauline Garcia, installée depuis 2015 dans une exploitation bovine dans le Cantal. Du temps pour pratiquer un sport, rencontrer du monde, partager ses idées... et pas uniquement avec des personnes du monde agricole. Au fil du temps, la charge mentale peut être lourde à porter seule avec, à la clé, un risque d’épuisement et un potentiel impact sur la conduite du troupeau. » Le plus important est de ne pas rester seule. Se créer un réseau, en « vrai » ou via les réseaux sociaux, s’avère très important. « S’entourer de personnes positives, est un réel plus, sourit-elle. Cela aide à aller de l’avant, à oser ! »
Un avenir au féminin
Pour l’avenir, toutes se veulent optimistes. Oui, les femmes ont, et auront encore, un rôle à jouer dans le monde agricole. Pour aider les futures installées, quel que soit leur âge, Anne Dummonet-Leca plaide pour la mise en place d’un site recensant toutes les démarches à suivre pour réussir son installation. « Cela prend en moyenne deux ans, rappelle-t-elle. D’où la nécessité d’avoir un projet solide, d’être motivée et bien accompagnée. » Autre conseil prodigué par Anne-Marie Quéméner : « Ne pas hésiter à rencontrer des agriculteurs qui ont déjà franchi le pas, à poser toutes les questions pour valider le format et la pertinence de son projet. »