Pour objectiver la présence de la fièvre Q dans les élevages, Ceva a regroupé les résultats anonymisés d’analyses de lait de tank transmis par le laboratoire Qualyse, hors contexte d’avortement. “Dans la très grande majorité des cas, ces analyses sont demandées par un vétérinaire qui suspecte une infection, plus rarement par un éleveur inquiet qui sait que ses voisins sont touchés”, précise Brigitte Trezzani.
Des cas confirmés par analyse du lait de tank
La quasi-totalité des résultats repose sur le Qtest, une PCR à partir de lait de tank. “Chez les bovins laitiers, Coxiella burnetii est excrétée dans le lait, y compris chez des animaux asymptomatiques”, explique la vétérinaire. Le lait de tank constitue donc la matrice idéale pour dépister l’infection à l’échelle du troupeau. Développé par Ceva, le Qtest permet une détection simple de la fièvre Q à partir d’un prélèvement stabilisé sur un buvard spécifique.
Une carte utile mais à interpréter avec prudence
“Cette carte n’est bien sûr pas complètement représentative”, prévient Brigitte Trezzani qui précise elle-même que plusieurs limites doivent être gardées à l’esprit :
- Les données proviennent uniquement du laboratoire Qualyse, et excluent les cas d’avortements diagnostiqués en laboratoires départementaux.
- Les élevages allaitants ne sont pas représentés, la matrice “lait de tank” n’étant pas disponible.
- Le volume de résultats dépend du niveau de sensibilisation local et du nombre d’échantillons envoyé au laboratoire Qualyse.
L’absence de cas dans certains départements ne signifie pas non plus forcément l’absence de maladie. “Soit il n’y a pas de données, soit effectivement il n’y a aucun cas, souligne Brigitte Trezzani. Il est par ailleurs exact que les zones allaitantes sont moins impactées. Enfin, dans certaines régions, éleveurs et vétérinaires ne sont pas aussi sensibilisés qu’ailleurs.” La carte est mise à jour mensuellement.
La fièvre Q bien implantée dans les bassins laitiers
La carte n’en met pas moins met en lumière une réalité : la fièvre Q circule activement dans les principales régions d’élevage laitier. “L’Ouest est particulièrement touché en raison de la forte densité d’élevages et d’une transmission facilitée par le vent”, observe la vétérinaire. Une étude de séroprévalence menée entre 2012 et 2015 estimait déjà que 65 % des troupeaux laitiers avaient été exposés à la maladie.
Plus récemment, l’étude exploratoire StatelCox (octobre 2023 - février 2024), basée elle aussi sur des PCR de lait de tank, révélait une circulation active dans 43 % des 30 élevages bovins lait testés. https://www.plateforme-esa.fr/fr/fievre-q-synthese-resultats-statelcox
Des impacts sanitaires et économiques sous-estimés
Causée par la bactérie Coxiella burnetii, la fièvre Q est la deuxième cause d’avortements en élevage bovin laitier*. L’infection peut aussi engendrer des mises bas prématurées, la naissance de veaux chétifs ou mort-nés, des métrites, des échecs à l’IA… Ces conséquences ont un coût : pertes de lait, inséminations répétées, renouvellement compromis. Selon des estimations récentes, un élevage laitier sur trois serait concerné.
Souvent silencieuse jusqu’à l’apparition de symptômes marqués, la fièvre Q mérite d’être prise au sérieux. Adopter une démarche proactive est conseillé : un simple Qtest sur le lait de tank peut suffire à lever le doute. Lorsque le résultat est positif, la vaccination permet par la suite d’assainir le troupeau.