Fièvre Q : prévenir et vacciner pour protéger le troupeau

La fièvre Q est la 2ème cause infectieuse des avortements répétés en élevage. De quoi prendre cette infection au sérieux !
La fièvre Q est la 2ème cause infectieuse des avortements répétés en élevage. De quoi prendre cette infection au sérieux ! (©Adobe Stock/Clint Austin)

La fièvre Q a des impacts négatifs sur la santé et les performances du troupeau en provoquant notamment des problèmes de reproduction chez les ruminants. Limiter la diffusion reste la clé de voûte de la prévention. La vaccination des animaux est aussi un bon levier pour maintenir un bon état sanitaire du troupeau.

La fièvre Q, souvent sous-estimée dans les élevages

La fièvre Q tire son nom de l’anglais « Query » qui se traduit littéralement par « question ». Cela en dit long sur la difficulté qu’ont eue les biologistes à identifier l’agent infectieux lors des premières observations. Mais depuis, la communauté scientifique en sait un peu plus. La fièvre Q est une maladie infectieuse causée par la bactérie Coxiella burnetii. Elle touche toutes les espèces animales et notamment les ruminants domestiques, elle peut aussi se transmettre à l’Homme. La fièvre Q est donc classée comme zoonose.

Cette bactérie a la capacité d’adopter une forme de survie particulièrement robuste et difficile à éradiquer dans l’environnement ou chez l’hôte infecté. Son caractère régulièrement asymptomatique, c’est-à-dire l’absence de signe clinique, complique son diagnostic. Selon GDS France, environ 30 % des troupeaux bovins en France seraient exposés à la fièvre Q. Les données du dispositif Oscar1 classent la fièvre Q comme la 2ᵉ cause infectieuse responsable des avortements répétés. En effet, les données 2023 indiquent qu’elle est impliquée dans 10 % des séries abortives investiguées.

(1Oscar : Observatoire et Suivi des Causes d’Avortements chez les Ruminants)

L’environnement et les animaux infectés sources de transmission

La bactérie est présente partout en France, avec une prévalence supérieure dans les zones denses en élevages laitiers.

La principale voie de transmission de la fièvre Q est aérienne. La bactérie étant très résistante dans l’environnement, elle peut persister plusieurs mois dans la poussière, les litières et les déjections. Les animaux infectés (avec ou sans symptôme) excrètent la bactérie via les produits de la mise-bas (placenta, avortons), les sécrétions vaginales, les déjections et le lait. Les animaux se contaminent en inhalant ces particules contaminées.

Les avortements répétés doivent vous faire penser à la fièvre Q

Le premier signe clinique qui doit vous interpeller est l’avortement, et notamment les avortements répétés. Lorsqu’on parle de séries abortives, il s’agit d’avortements rapprochés (2 avortements ou plus en 30 jours ou moins) et d’avortements espacés (3 avortements ou plus en 9 mois). Ces avortements peuvent arriver à n’importe quel stade de la gestation.

La fièvre Q se manifeste aussi par la non-délivrance du placenta, au-delà des 48h post-partum. GDS France précise que cette non-délivrance est une conséquence de l’avortement, mais peut exister aussi chez les animaux infectés même en l’absence d’avortement. C’est donc une manifestation clinique qui peut nécessiter une investigation de la présence de la fièvre Q.

La présence de l’agent infectieux peut aussi provoquer de l’infertilité et des métrites. Enfin, l’infection de la mère peut entraîner la naissance de veaux chétifs.

Moyens de lutte : biosécurité et vaccination incontournables

La lutte contre la fièvre Q repose sur des moyens médicaux et non-médicaux, comme la prévention via les mesures d’hygiène appropriées. Le comité fièvre Q précise en effet que les mesures médicales ne suffisent pas à elles seules, elles doivent être intégrées dans une démarche plus globale de contrôle et de prévention.

La vaccination reste un pilier de la lutte contre la fièvre Q et démontre son efficacité sur la baisse de la survenue des avortements, l’augmentation de la fertilité et la prévention de l’excrétion vaginale de la bactérie au moment du vêlage. Un seul vaccin est disponible sur le marché, il s’agit d’un vaccin monovalent composé d’antigènes de la bactérie en phase I.

L’objectif de la vaccination est de protéger l’ensemble des individus y compris ceux des élevages indemnes. S'il faut prioriser les élevages où les symptômes liés à la fièvre Q sont manifestes et où les facteurs de risque liés à l’environnement sont élevés, il est aussi recommandé de vacciner les élevages sains pour les protéger. Et d'autant plus ceux concernés par la fusion des troupeaux ou l'accueil de public. L’ensemble des animaux du troupeau doit être vacciné, c’est-à-dire vaches et génisses, tout comme les mâles reproducteurs. La vaccination peut être démarrée chez des génisses de 3 à 4 mois pour qu’un rappel puisse être fait avant la mise à la reproduction. Elle peut être aussi pratiquée sur animaux gestants. Il est conseillé de faire des rappels à date fixe tous les 12 mois pour s’assurer d’une protection efficace.

Prévention : l’hygiène comme cheval de bataille

La période de la mise-bas est une période à risque maximale, compte tenu de l’affinité de la bactérie pour l’appareil reproducteur. Chez les animaux, même asymptomatiques, la bactérie sera excrétée en abondance lors de la mise-bas. L’isolement de la femelle ayant avorté, jusqu’à la fin des écoulements vulvaires, peut être une bonne mesure pour prévenir les contaminations. La gestion des matières infectées (placentas, avortons) en est une autre. Ces déchets doivent être collectés et stockés à l’abri du vent et des animaux carnivores et prédateurs et, in fine, détruits.

Il est recommandé de bien entretenir litière et paillage des zones de mises-bas aussi. Le curage est de nature à remettre en suspension les bactéries. Un nettoyage systématique des abreuvoirs, des cornadis et des barrières est recommandé, tout comme la désinfection de l’ensemble du matériel servant aux mises-bas. Et plus généralement, tous les locaux d’élevage doivent être régulièrement nettoyés, voire désinfectés.

Un point d’attention est à porter sur les vecteurs passifs, notamment les rongeurs ou encore les carnivores domestiques. En revanche, à ce jour, la transmission par les tiques semble rare selon la littérature scientifique, et celle via les mouches n’a pas été démontrée.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...