
Comment la filière bio peut-elle faire face à la crise actuelle tout en se préparant à monter en puissance pour satisfaire aux exigences de la planification écologique ?
« Le plan Ambition bio prévoit 18 % de la SAU en bio en 2027. Ce plan s’inscrit dans celui de la planification écologique, porté par le SGPE (Secrétariat général à la planification écologique). Mais, aujourd’hui, la part du bio dans la SAU régresse. En lait, la perte dépasse 5 % des exploitations depuis un an et se répartit à égalité entre les cessations d’activité, l’abandon de l’atelier lait et les “déconversions”. Pour la première fois, on assiste à une disparition des ateliers laitiers plus forte en bio qu’en conventionnel. Sur les huit premiers mois de 2023, la consommation de produits laitiers bio a chuté de 12 % en volume. Le taux de déclassement atteint 40 %. Inutile de préciser qu’il n’y a plus de candidats à l’installation. Or, jusqu’à cette crise, 40 % des candidats s’installaient en bio.
Certes, l’État a mis en place des aides d’urgence, mais l’enveloppe se limite à 60 M€ quand les dossiers éligibles ont besoin de 100 M€, toutes filières confondues. De plus, les laitiers ont du mal à entrer dans le cadre et peu sont éligibles à l’aide. Au moment du Salon de l'agriculture (SIA), il y a plus de six mois, le Cniel avait chiffré les besoins de la filière à 71 M€. Nous allons donc demander un financement supplémentaire pour ne plus perdre un hectare de surface bio. Cette situation est d’autant plus dramatique que les prévisions de l’Insee et de la Banque de France tablent sur la fin de l’inflation d’ici à un an. La consommation pourrait donc reprendre mais l’offre ne sera plus suffisante. Si l’on y ajoute le manque de financement pour les Maec (mesures agro-environnementales et climatiques) et l’amputation de 20 € de l’écorégime, ce sont près de 15 000 € d’aides accessibles en moins pour les bios. Les cessations risquent donc de s’accélérer dans les prochains mois.
Par ailleurs, la loi Égalim prévoit que les produits bio représentent 20 % de l’approvisionnement de la RHD (restauration hors domicile) en valeur. On est à peine à 7 % aujourd’hui, mais on sent un frémissement. Là aussi, on risque de voir un décalage entre une demande qui progresse et une production en recul.
L’objectif du plan Ambition bio fait fi de cette réalité. Mais, puisque l’État considère que l’agriculture bio contribue au bien commun en préservant le climat et la biodiversité, ces services doivent être rémunérés. L’élevage bio ne se contente pas de produire des denrées alimentaires, il faut le reconnaître. Si nous restons sur la trajectoire actuelle, en 2027, la surface en bio sera inférieure à celle de 2022. »
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