Florian Pollet, éleveur laitier à Bédée, en Ille-et-Vilaine, s’est rendu au Space dans l’objectif d’affiner certains projets d’investissements. Il partage avec nous ses impressions sur les matériels observés lors de cette édition 2025.
« Ma ferme est à environ trente minutes du Space, mais je n’y vais pas forcément tous les ans, concède Florian Pollet, éleveur installé à Bédée, en Ille-et-Vilaine. J’avais un programme chargé avec les ensilages, mais j’ai réussi à me libérer le mardi pour me rendre sur place. C’est toujours intéressant d’aller rencontrer des fournisseurs. »
L’EXPLOITATION
- EARL Saint-Urbain à Bédée (Ille-et-Vilaine)
 - 1 exploitant, 2 salariés à mi-temps et 1 apprenti
 - SAU de 168 ha, dont 65 ha de maïs, 70 ha de céréales, 15 ha de colza et 18 ha de prairies temporaires
 - 110 vaches laitières pour une production de 1,4 Ml de lait par an
 - Quatre tracteurs en propriété
 - Utilisation de deux robots de traite Lely A5 depuis janvier 2023
 
L’exploitant a justement profité de sa visite pour obtenir des renseignements sur des matériels qui pourraient l’intéresser à l’avenir dans le cadre de différents projets.
Réflexion sur les robots d’alimentation
Parmi les thèmes motivant sa visite, Florian Pollet évoque en premier lieu l’utilisation d’un robot d’alimentation. « Je n’ai pas d’associé sur ma ferme, explique-t-il. Je travaille avec deux salariés à mi-temps et un apprenti. Trouver et fidéliser de la main-d’œuvre est une réelle difficulté aujourd’hui. Je suis donc à la recherche de solutions robotisées pour faire baisser mes besoins en personnel. Actuellement, j’ai déjà deux robots de traite Lely A5 et un repousse-fourrage Juno de la même marque. J’envisage à court ou moyen terme d’investir dans un robot d’alimentation afin de restreindre la charge de travail quotidienne. »
Connaissant bien la marque et satisfait des produits qu’il possède, ainsi que du SAV, Florian Pollet s’est d’abord rendu sur le stand de Lely. Le constructeur néerlandais exposait pour la première fois le modèle Vector Next. Ce nouveau robot d’alimentation affiche désormais une capacité de chargement de 800 kg, soit 35 % de plus que l’ancienne génération. Le châssis a été renforcé pour plus de robustesse et de longévité, tout comme les roues et les moteurs d’entraînement. Le robot peut maintenant franchir des pentes allant jusqu’à 8 % de dénivelé, contre seulement 5 % auparavant. Lely emploie de nouvelles batteries au lithium, avec plus d’autonomie. La marque annonce un gain de productivité journalière de 10 %. Les cartes électroniques ont également été améliorées, offrant notamment davantage de fonctionnalité pour la maintenance à distance. En cas d’incident, les techniciens en charge du SAV peuvent plus facilement intervenir en accédant aux commandes et aux données de la machine sans avoir à se déplacer.
Le robot Kuhn Aura figure aussi parmi les équipements pouvant intéresser l’exploitant. Construit en Vendée, ce modèle se distingue par sa capacité à aller chercher l’ensilage directement dans les silos grâce à sa fraise frontale, alors que toutes les autres marques imposent la création d’une cuisine servant de stockage temporaire pour les fourrages. Le robot Aura a aussi l’avantage de se repérer dans l’espace grâce à un GPS et à une caméra Lidar. Lors de ses déplacements, il scanne son environnement en continu et détecte les obstacles éventuels, allant parfois jusqu’à modifier son itinéraire si nécessaire. Pas besoin dès lors d’implanter des repères magnétiques au sol pour matérialiser le circuit de l’appareil, comme c’est le cas chez la majorité des concurrents.
« Ce concept a des atouts intéressants, reconnaît Florian Pollet. Mais, dans ma situation, je pense que le Vector Next reste le mieux placé. En effet, sur le plan économique, le modèle Kuhn implique un investissement de l’ordre de 300 000 €. De son côté, le robot Lely coûte aux environs de 160 000 à 170 000 €, auxquels s’ajouteront des frais d’aménagements pour modifier les parcours en béton et l’achat d’une pince coupe-cube pour l’ensilage. Comme je dispose déjà d’un bâtiment qui pourrait être aménagé pour y installer la cuisine, les coûts annexes seraient limités. »
Côté charges de fonctionnement, les calculs de l’éleveur penchent également en faveur du Vector : 3 à 4 €/jour de dépenses d’électricité, contre une cinquantaine de litres de GNR au quotidien pour l’Aura, sans compter les frais d’entretien du moteur diesel. Cet écart se réduit en intégrant les coûts de mécanisation et de main-d’œuvre liés au réapprovisionnement de la cuisine, mais « la balance penche toujours du même côté », selon l’éleveur.
Ce dernier a également jeté un œil à un troisième robot, de la marque Jeantil. Le constructeur breton présentait justement plusieurs évolutions de son système de distribution automatisé. Ainsi, la nouvelle génération est désormais dotée d’un repousse-fourrage rallongé qui ramène plus efficacement l’ensilage vers les cornadis et limite la formation de tas. Au niveau de la cuisine, le bureau d’études de Jeantil a revu différents composants afin d’augmenter la durée de vie du matériel, comme les cellules de stockage du maïs qui sont maintenant dotées d’un fond et de côtés en Trespa, un matériau composite imputrescible. Les programmes de gestion ont également été revus afin, notamment, d’optimiser les vitesses de rotation pour limiter l’usure des éléments. Des évolutions qui n’ont cependant pas suffi à convaincre notre éleveur. En cause ? Le principe de cuisine composé de plusieurs modules de stockage dédiés aux différents aliments qui lui semble trop volumineux et trop onéreux.
Renouvellement du tracteur de tête
« D’ici à un an ou deux, j’envisage également de renouveler le tracteur de tête de l’exploitation, ajoute Florian Pollet. Je scrute donc les nouveautés dans le créneau des modèles de 200 à 300 ch. J’ai profité de mon passage au Space pour aller voir le Fendt 800 Gen 5 dévoilé tout récemment. » Le dernier-né de la gamme Vario attirait en effet l’attention des visiteurs. Le constructeur allemand présentait sur son stand un modèle 832 (320 ch), le plus gros de la gamme, devant le Vario 826 (260 ch) et le Vario 829 (290 ch). Tous les trois disposent d’une réserve de surpuissance de 23 ch supplémentaires, offerte par le nouveau moteur AGCO de 8 litres, à six cylindres, conçu pour fonctionner à bas régime.
Ces tracteurs peuvent en effet atteindre les 40 km/h à 950 tr/min. Le couple maximal de 1680 Nm est disponible dès 1 200 tr/min et le régime nominal est de seulement 1 700 tr/min. Côté normes anti-pollution, Fendt a prévu un filtre à particules (DPF), un catalyseur d’oxydation (Doc) et un système de réduction catalytique avec AdBlue (SCR). Une combinaison qui évite au constructeur d’avoir recours à une vanne de recirculation des gaz d’échappement. La transmission a également évolué puisque cette cinquième génération de 800 reçoit désormais le module VarioDrive, qui équipe aussi les gros modèles de la gamme 1000. Sa particularité ? La transmission est indépendante sur les quatre roues motrices avec répartition du couple selon les besoins. Les efforts de tractions sont donc optimisés, et, lors des manœuvres en bout de champ, le pont avant tire l’ensemble, ce qui réduit le rayon de braquage.
Autre atout : le chauffeur n’a plus besoin de passer de la gamme route à la gamme champ car la transition est désormais automatique. Du côté de la cabine, les habitués de la marque retrouvent l’environnement de commandes Fendt One. Parmi les principales évolutions, le tractoriste allemand met surtout en avant l’éclairage à Led Ultravision qui offre jusqu’à 114 700 lumens de flux lumineux. Ce dispositif peut être complété par des caméras de vision numérique intégrées dans le capot avant et la calandre arrière.
« Par rapport à mes besoins, cette gamme Vario 800 Gen 5 me plaît bien, confie Florian Pellet. Ce sont des modèles avec un gros gabarit et conçus pour la traction. Le tracteur que je recherche ferait chez moi environ 700 à 800 h/an, notamment pour tirer une benne de 24 t à trois essieux. Je l’utiliserai aussi pour différents travaux aux champs, comme du déchaumage, ou pour préparer les terres à maïs au printemps. En comparaison, le Fendt 728, qui était exposé juste à côté, me semble par exemple un peu trop léger. Même chose pour le John Deere 6R250 que j’ai vu d’un peu loin et que j’avais testé récemment en démonstration sur ma ferme. Il y avait également sur le salon un Valtra Q qui pourrait correspondre à ce que je recherche, ainsi que le nouveau New Holland T7. Mais je n’ai pas eu le temps de me pencher sur ces modèles. J’attache aussi de l’importance à la technologie et à la facilité de prise en main du tracteur, notamment pour des chauffeurs encore peu expérimentés. Sur ces aspects, Fendt et John Deere sont assez bien placés avec des GPS simples à utiliser. Bien évidemment, je souhaite rester vigilant sur le prix. Et ce dernier point m’interroge, car même si ce sont de belles machines, les tarifs annoncés restent très élevés. »
      
            
            
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