Alors que la France ouvre de nouveau ses frontières à l’export de bovins vif, Michel Fénéon, responsable de la commission import-export de la FFCB cherche à rassurer les éleveurs. S’il faut s’attendre à quelques ajustements passagers, la décapitalisation bovine et la réouverture de l'export devraient continuer de soutenir les cours.
Après deux semaines d’arrêt pour endiguer l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), le Ministère de l’agriculture donné le feu vert à la reprise de l’export de bovins à compter du samedi 1er novembre. Cette annonce redonne des perspectives aux éleveurs, contraints depuis le 18 octobre de garder leurs broutards à l’étable.
Depuis hier, les marchands ont repris les tournées en ferme. L’occasion de repérer les premiers broutards qui ouvriront la route vers l’Italie ou l’Espagne en début de semaine prochaine. « L’export est possible dès le 1er novembre, mais les transactions reprendront lundi », décrypte Michel Fénéon, responsable de la commission import-export de la fédération française des commerçants de bestiaux (FFCB). « Nous travaillons à la semaine. Les broutards rentrent le lundi ou le mardi. Ils sont allotés, et quittent les centres de tri pour avoir le moins de stock possible le week-end ».
Des cours sous surveillance, sans dégringolade à l’horizon
Si la reprise des transactions va désengorger les centres logistiques comme les exploitations, la question du prix est sur toutes les lèvres. Pour l’exportateur, « il n’y a pas de raison pour que les cours s’effondrent ». Les cours du broutard pourront être perturbés, mais cela sera « temporaire », augure le directeur administratif et financier d’EuroFeder. Le manque de marchandise reste le principal moteur du marché, et les cotations devraient à terme retrouver leur niveau d’avant l’arrêt des exportations.
« On a besoin de vous, lance Michel Fénéon à destination des éleveurs bovins. Les prix doivent se maintenir si l’on veut continuer à faire naître des veaux en France ».
Durant ces deux semaines, le cours du broutard s’est maintenu sur les places de marché encore ouvertes. « C’est une information à prendre avec recul » tempère l’exportateur. « Beaucoup d’éleveurs attendent la réouverture pour présenter leur marchandise. Une cotation broutard alors que les marchés sont fermés dans les gros bassins de production, ça n’est pas très représentatif. Mais c’est un bon signal ».
Les animaux les plus lourds risquent d’être les plus difficiles à placer. « Nous avons des marchés pour les broutards de 350 à 450 kg. Au-delà, il y a moins d’acheteurs. Mais après deux semaines de fermeture, nos clients n'auront pas le choix », tempère Michel Fénéon. Les engraisseurs italiens cherchent à maintenir les JB au moins six moins sur site pour répondre au cahier des charges de certaines subventions.
Les Italiens impatients de retrouver les broutards français
La réouverture de l’export créera certainement un embouteillage temporaire à la vente. Pendant la suspension, les Italiens et Espagnols ont continué les mises en places. Les grandes structures se sont rabattues sur le marché irlandais.
S’il n’est jamais bon de voir nos partenaires tester de nouveaux fournisseurs, l’appétit italien pour le taurillon français reste grand. En temps normal, 18 000 broutards transitent chaque semaine entre la France et la botte transalpine. « Ces échanges sont le fruit d’une entente historique entre les opérateurs. Les Irlandais ont saisi des opportunités de marchés, mais ils n’ont pas les moyens de suivre cette cadence à long terme ». La logistique est complexe, et la « qualité inférieure pour un prix équivalent à celui du broutard français » estime Michel Fénéon.
Du côté de l’Espagne, les acheteurs restent prudents : « le besoin est là, mais l’apparition de cas de dermatose bovine de l’autre côté des Pyrénées rend les transactions plus délicates ».
Le sanitaire parmi les piliers de l’import-export
Un contexte qui invite la FFCB à poser la question de la vaccination. « Le sanitaire est très important pour le commerce. Éradiquer la dermatose et faire qu’elle ne s’étende pas sur le territoire national, c’est une manière rassurer nos partenaires. Reste à voir quelle stratégie vaccinale on pourra mettre en place à terme pour protéger le cheptel ».
La vaccination influe également sur les volumes disponibles à l’export. En l’état, elle disqualifie les animaux pour le marché extérieur sur une période de 14 mois. « Nous demandons que le déploiement de la campagne vaccinale aille de pair avec la négociation d’accords bilatéraux. Il faut donner des perspectives aux éleveurs qui ont des bovins vaccinés sur les bras » poursuit l’élu. D’autant que l’Espagne et l’Italie — les principaux partenaires commerciaux de la France — ont déclaré des cas de DNC sur leur territoire, et vaccinent une partie de leur cheptel.
À moindre mesure, le contexte sanitaire impacte également les relations avec les pays tiers. Le Maroc, principal partenaire de la France hors Europe sur le marché des génisses laitières pleines, a stoppé l’import suite à l’apparition de la dermatose sur le territoire national. Le pays s’est alors rabattu sur l’Espagne, également foyer de DNC depuis peu. « Ils sont en attente d’une amélioration du contexte sanitaire. Espérons qu’on puisse reprendre les échanges rapidement ».
S’il est un mérite à la maladie, c’est peut-être celui de souligner que la France est un pays de naisseur. Les abattoirs français, comme les partenaires européens, comptent sur cette marchandise. « La demande en viande bovine est réelle. Il ne faut pas avoir peur d’y aller. La décapitalisation et le contexte sanitaire font que les prix seront là à l’avenir. Le Brésil ne va pas nourrir le monde à lui tout seul », conclut Michel Fénéon.

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