Chez Nicolas et Florent Morel (35)Avec des porcs et du lait, ils ont opté pour la méthanisation en injection

Installés à la Chapelle Janson (35), les frères Nicolas et Florent Morel produisent du porc, du lait et de l’énergie. D’un côté, Nicolas s’occupe de l’élevage de 250 truies naisseur-engraisseur. Il est épaulé par deux salariés. De l’autre, Florent produit 1 million de litres de lait avec, également, l’aide de deux salariés. Depuis 2018, ils fournissent leur territoire en biogaz.

Dans un premier temps, à la recherche d’une diversification, les deux jeunes éleveurs ont équipé deux hangars de panneaux photovoltaïques pour vendre de l’électricité. En complément, cette fois pour l’autoconsommation, ils ont misé sur des trackers. La réflexion de Nicolas et Florent autour de la diversification et de l’énergie les a poussé à s’intéresser à la méthanisation. « Nous avions des ressources avec les effluents de nos élevages, des couverts à valoriser, la possibilité de faire des Cive, expliquent les deux associés. La méthanisation nous a intéressé pour le lien entre les élevages et les cultures qu’elle renforce. Le digestat nous permet de réduire fortement nos besoins en engrais. » La proximité du réseau qui dessert la ville voisine de Fougères les fera opter pour l’injection du biogaz, qu’ils débutent en 2018.

Des véhicules qui roulent au biogaz

Par des partenariats avec des voisins, qui leur fournissent des couverts en échange de digestat, Nicolas et Florent Morel ont augmenté leur capacité de production de 45 à 100 Nm3. Ils approvisionnent en gaz l’équivalent de 1 600 foyers. Les deux éleveurs valorisent aussi leur biogaz en carburant. Un tracteur mais aussi les deux véhicules des exploitations et les voitures de service des salariés roulent au biogaz. « À la sortie du post-digesteur, après l’épuration et l’odorisation du gaz, nous avons installé une station de compressage qui nous permet de ravitailler des véhicules », explique Florent Morel. Leur tracteur New Holland de 150 cv fonctionne entièrement au gaz. « Il nous sert pour le transport des effluents et du digestat mais aussi pour des travaux aux champs, partage l’éleveur. Il a une autonomie moyenne de 6 heures. En roulant au biogaz, les émissions de CO2 sont diminuées de 80 %, celles de particules fines de 85 % par rapport à un tracteur classique. »

L’élevage ne manque pas d’énergie

« De l’énergie pour l’exploitation et le territoire, ces installations montrent bien la synergie entre l’élevage et l’autonomie énergétique, souligne Marcel Denieul, président du Space. En terme de productions comme de recherche d’économie, l’énergie est une question clé pour l’avenir de l’agriculture. Nous devons à la fois travailler sur les économies d’énergie pour améliorer la résilience de nos exploitations mais aussi nous positionner comme producteurs d’énergies renouvelables. »

L’énergie au cœur du Space

Pour accompagner les agriculteurs dans leurs réflexions, le Space en fait un axe fort de ses présentations. Le hall 4 sera consacré à cette thématique avec une centaine d’exposants, dont la moitié se rend pour la première fois sur le salon. Dans le hall 3, l’Espace pour demain sera lui-aussi consacré à l’énergie, avec la présentation de matériels innovants, comme le tracteur au biogaz qu’utilisent Nicolas et Florent Morel, des solutions pour le refroidissement du lait. Tout au long des trois jours du salon, des tables rondes et des forums permettront d’échanger et de partager des solutions.