Biolait ne veut plus subir la crise

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C'est inhabituel : Biolait organise rarement des conférences de presse. Celle du 17 avril illustre sa volonté de communiquer sur son projet. La promotion de son repère IL LAIT LA fait partie du plan d’action détaillé par les deux administrateurs Ludovic Massard (à g.) et Yves Sauvaget chez Martial Chesnais et ses associés (à dr.) en Ille-et-Vilaine. Yves Sauvaget est aussi président de la commission bio du Cniel. (©C.Hue)

Agir. Malgré la crise qui continue de sévir, Biolait veut aller de l’avant. Le leader bio va au contact des consommateurs et interpelle les pouvoirs publics pour soutenir une collecte partout en France.

Biolait, premier collecteur de lait bio, détonne dans le paysage français. Rationaliser le ramassage du lait autour des usines n’est pas son credo. Sans outil industriel, son ambition est de le collecter partout en France. Traduisez : y compris dans les territoires éloignés. « Nous estimons entre 20 € et 30 €/1 000 l notre surcoût moyen de collecte par rapport aux autres collecteurs », pointe Ludovic Massard, administrateur de Biolait.

Ce modèle est mis à mal depuis trois ans. Il est pris en tenailles entre la baisse de la consommation bio et la hausse du prix du carburant. Des grands opérateurs tels que Sodiaal et Eurial n’ont pas renouvelé leur contrat. Le taux de déclassement en lait conventionnel est de 28 % en 2023 (30 % prévus en 2024). Conséquence : depuis deux ans, selon notre observatoire, les adhérents assument un prix du lait le moins-disant du marché. À 41/32,5 de taux et en qualité super A, il s’élève à 466 €/1 000 l. « Il est en réalité supérieur de 12 € en moyenne grâce aux taux plus élevés : 42,76 g/l de TB et 33,31 g/l de TP. »

50 départs vers d’autres laiteries en 2023

Couplé à une mauvaise année fourragère, le départ de 100 adhérents dont la moitié vers d’autres laiteries (une vingtaine chez Sodiaal en lait conventionnel) a fait reculer les volumes de 30 Ml entre 2022 et 2023. « À notre assemblée générale début avril, il y avait de la colère parmi les 700 personnes présentes car leur situation financière se tend. Cela n’a pas empêché notre projet d’être reconduit. » L’opérateur s’adapte. Pour limiter les ventes sur le marché Spot, il s’attache à contractualiser le maximum de lait en filière conventionnelle, par exemple en démarche « Lait de pâturage sans OGM ». En amont, il incite ses adhérents à produire moins de lait au printemps par un prix d’acompte plus faible de 60 € à 70 € à celui de l’été. « Nous sommes conscients qu’il est actuellement bien en deçà du prix conventionnel, intervient Yves Sauvaget, nouvellement élu. La revalorisation de 10 €/1 000 l du prix d’acompte du deuxième trimestre le porte à 360 €.Biolait redistribue immédiatement le résultat s’il est meilleur que prévu. C’est ce qui s’est passé en ce début d’année. » Cela porte pour l’instant le prix d’acompte 2024 à 410,5 € (moyenne arithmétique).

Avoir le soutien des pouvoirs publics

Après « deux années de sidération », le leader bio décide de passer à l’action. Il prévoit 150 animations dans les supermarchés. Il fait aussi appel au soutien des pouvoirs publics : meilleur déploiement des paiements pour services environnementaux et des mesures agro-environnementales et climatiques, respect des 20 % de produits bio en RHD, soutien économique à la collecte partout en France, etc. « Nous voulons continuer de développer le lait bio mais nous avons besoin d’un coup de pouce. Nous voulons doubler le nombre de nos adhérents à l’horizon 2050. »

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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