La réglementation autorise l’abattage sélectif pour assainir la maladie dans les troupeaux infectés, mais le protocole est contraignant, particulièrement en élevage laitier. Son accès pourrait s'assouplir.
Portée par des éleveurs, la crise de la dermatose nodulaire bovine a remis sur le devant de la scène le débat sur l’abattage total du troupeau laitier ou allaitant lorsqu’il est atteint d’une maladie très contagieuse ou transmissible à l’homme. Dans le Calvados et l’Orne, un collectif d’une dizaine d’éleveurs, rejoint par des collègues d’autres régions, s’est créé en décembre 2024 pour défendre l’abattage partiel.
Les autorités sanitaires parlent d’abattage sélectif, qui est une dérogation à l'assainissement par abattage total. L’attachement à leur troupeau et la préservation du travail génétique effectué durant plusieurs décennies sont les moteurs de leur engagement. De part et d’autre de leur frontière commune, les deux départements gèrent une zone qui concentre la grande majorité des 55 foyers détectés entre 2011 et 2025. « Il faut arrêter de décimer nos troupeaux, c’est la perte de l’élevage, c’est une façon de diminuer le cheptel bovin en France et en Europe », s’insurge Jocelyn Bertrand, un des leaders et éleveur dans le Calvados. Son troupeau de 80 vaches laitières a été abattu il y a deux ans.
Un foyer de sept bovins dans le Calvados en 2025
Le collectif défend actuellement le petit troupeau de 7 bovins dépisté positif à la tuberculose en mai 2025. Trois animaux ont déjà été abattus. Le 9 septembre, lors de la journée sur la maladie organisée par le Groupement de défense sanitaire (GDS) du Calvados, ils ont demandé que les quatre autres ne le soient pas.
La direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) a répondu par la négative. Selon elle, l'élevage ne remplit pas les conditions pour bénéficier de la dérogation à l’abattage total. « Les règles de biosécurité ne sont pas réunies dans cet élevage », justifie Raphaël Fayaz. Pour le directeur de la DDTM, l’une d’elles consiste à l’instauration de doubles clôtures entre les parcelles de pâturage pour éviter tout contact entre les bovins voisins, or « ces quatre animaux ont été en contact direct avec les trois détectés ». Ce que confirme la Direction générale de l’alimentation (DGAL). « Les animaux qui sont en proximité avec l’animal ou les animaux infectés sont considérés à risque. À ce titre, ils sont éliminés », indique Fabrice Chevalier, son référent national sur la tuberculose bovine.
L’abattage sélectif moins souvent choisi par les laitiers
Une fois ces contraintes connues, il revient à l’éleveur de choisir entre abattage total et sélectif. Cette décision s’appuie sur une analyse économique de chaque option. « L’abattage total est davantage choisi par les éleveurs laitiers car leur objectif est un retour le plus rapidement possible de la production laitière sur l’exploitation », observe Fabrice Chevalier. Il faut également une capacité de logement suffisante pour absorber le surplus de veaux laitiers qui ne peut quitter l’élevage durant cette période.
« En production allaitante, une partie des éleveurs choisissent un nouveau départ en inséminant leurs génisses. » Sur les 80 foyers déclarés pour l’instant en 2025, le référent national estime à 60 % les éleveurs ayant choisi l’abattage sélectif et à 40 % l’abattage total, cela sans faire de distinction entre lait et allaitant.
Pourquoi ne trouve-t-on pas forcément de lésions à l’abattage ?
La tuberculose bovine est une maladie compliquée, qui se détecte mal, y compris visuellement à l’abattoir. « L’objectif est de rechercher les animaux en phase de latence, porteurs de la bactérie “planquée” dans les ganglions », décrypte Fabrice Chevalier. Mycobacterium bovis incube en effet longtemps dans l’organisme. « La bactérie est intracellulaire. Elle se cache dans les nœuds lymphatiques sans se développer grâce à l’immunité de l’animal qui permet de la contrôler », explique Maria-Laura Boschiroli, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire.
Les lésions pulmonaires apparaissent donc tardivement, ce qui explique qu’un bovin envoyé à l’abattoir pour un abattage diagnostic n’en présente pas forcément. Il faut une analyse PCR sur un échantillon de ganglions pour valider l‘infection de l’animal… Ou pas. Comme ils sont prélevés au hasard sur l’animal, il n’y a pas de garantie que ceux porteurs de Mycobacterium bovis soient identifiés. « Arrêter de chercher revient à mettre la poussière sous le tapis et à se confronter à moyen terme à une explosion de cas de tuberculose bovine », conclut Pascal Martens.
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