Les semis de maïs retardés par les conditions humides du printemps 2024, couplés à un été relativement doux et arrosé, vont décaler les chantiers de récolte en ensilage de plusieurs semaines cet automne sur la majorité du croissant laitier. Or, les récoltes tardives accentuent les risques d’ordre agronomique (verse) et sanitaire (mycotoxines, butyrique en cas de chantier en conditions difficiles). Les rendements s’annoncent corrects à bons, tout comme l’ont été les récoltes d’herbe au printemps, souvent au détriment de la qualité. Dans ce contexte, la coupe haute du maïs fourrage est un levier à envisager dans les situations où les stocks ne sont pas limitants, afin de précocifier la date de récolte et de densifier la ration en énergie. Le point sur les enjeux liés à cette technique.
La récolte du maïs fourrage plante entière en coupe haute, en augmentant le ratio épi/tiges et feuilles, peut avoir deux objectifs, selon la situation :
- Augmenter la teneur en matière sèche du produit récolté. C’est intéressant dans le cas où on craint de ne pas atteindre le seuil minimum pour la récolte (30 % MS plante entière) en fin de saison (date de semis tardive, précocité variétale inadaptée) pour limiter les pertes de jus au silo. Par exemple, couper haut un maïs fourrage permet d’anticiper une récolte de 8-10 jours dans des conditions automnales (température moyenne à 12°C). En revanche, cette pratique n’est pas recommandée sur des maïs à des stades déjà bien avancés, au-delà de 35 % MS. - Augmenter la valeur énergétique du produit récolté. Intéressant pour l’alimentation d’animaux exigeants (vaches laitières à haut potentiel, jeunes bovins à l’engraissement), notamment lorsque les stocks d’herbe sont de qualité moyenne. Dans ce cas, la coupe haute peut être considérée comme une technique intermédiaire entre une récolte classique ensilage plante entière et une récolte ensilage d’épis complets.
Moins de rendement mais une teneur en amidon supérieure
Le relèvement de la barre de coupe de 40 cm concentre le fourrage récolté sur la partie haute contenant l’épi. La coupe haute augmente la teneur en MS du fourrage de 2,6 points (tableau 1). La moindre proportion de tiges permet de diminuer la teneur en fibres du fourrage, mais sa teneur en amidon augmente de 10 %, soit environ 3 points d’amidon supplémentaires.
Le rendement diminue de 9 %, passant de 15,6 t MS/ha pour une coupe à 15 cm, à 14,2 t MS/ha pour une coupe à 55 cm. Quelles que soient les variétés de maïs étudiées, la perte de rendement est de 35 kg MS/ha par centimètre de hauteur de coupe dans nos essais (contre 45 kg MS/cm/ha pour une moyenne de 15 références internationales).
Autrement dit, le relèvement de la hauteur de coupe par tranche de 10 cm permet d’augmenter la teneur en MS du fourrage de 0,7 point mais diminue le rendement de 350 kg MS/ha.
La digestibilité et la valeur énergétique du maïs fourrage coupé haut s’améliorent
La coupe à 15 cm permet d’obtenir un fourrage dont la dégradabilité ruminale a été mesurée à 55,4 %, contre 56,9 % pour une coupe à 55 cm. L’augmentation de la digestibilité estimée de la matière sèche est ainsi de 2,4 points (références USA = + 2,2 points).
La valeur énergétique est donc augmentée d’environ 0,04 UFL/kg MS. Un maïs fourrage récolté haut aura souvent une valeur comprise entre 0,95 et 1 UFL/kg MS. A noter que ce type de fourrage, plus riche en amidon qu’un maïs classique, sera à utiliser avec précaution dans les rations de vaches laitières afin d’éviter d’éventuels troubles métaboliques (acidose).
Les valeurs azotées estimées pour les variétés étudiées varient peu entre un maïs fourrage coupé à 15 cm et à 55 cm, même si une légère augmentation de la teneur en protéines digestibles (+ 1 g PDIE et + 3 g PDIN par kg de MS) a été observée.
Le maïs coupé haut est un fourrage à haute valeur nutritive en raison de sa meilleure digestibilité. Ce fourrage sera très bien valorisé par des animaux à haut niveau de production à condition d’adapter la ration pour conserver une teneur en fibres suffisante. Il sera idéalement associé à un ensilage d’herbe (ou méteil, luzerne…) pour limiter les interactions digestives et valoriser pleinement le potentiel énergétique de ces maïs. Pour une ration de vaches laitières, on visera idéalement au minimum 35 % NDF et maximum 19-22 % d’amidon dégradable dans le rumen, soit 25 % d’amidon total.
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