Le groupe coopératif Laïta collecte 20 % de son lait auprès de deux filiales privées, LNA et Silav, dans les Côtes-d’Armor. Elles regroupent 450 livreurs, dont 305 adhèrent à une OP, l’Association des producteurs de lait du bassin armoricain (APLBA), créée en 2019. Depuis cette date, les tentatives d’accord sur un contrat-cadre ont échoué à deux reprises. Les éleveurs perçoivent le même prix que les coopérateurs. Il est fixé par les conseils d’administration des coopératives membres de Laïta (Terrena, Eureden et Even). Mais ils ne touchent aucune ristourne quand les coopératives réalisent des bénéfices.
«Laïta impose les mêmes règles de fonctionnement à l’OP qu’aux coopérateurs : prix, charte qualité, volumes… Sans les mêmes avantages », dénonce Nathalie Carmès, présidente de l’APLBA. De même, malgré l’absence de contrat, Laïta exige une régularité des livraisons qui masque une exigence d’exclusivité, car ses conditions empêchent les éleveurs de vendre à un deuxième acheteur. Ceux qui veulent partir doivent en outre respecter un préavis de douze mois.
« Nous avons frappé à toutes les portes pour tenter de trouver une issue, raconte la présidente. La Dreets a semblé nous écouter lors d’une réunion alors que les manifestations d’agriculteurs battaient leur plein. Mais depuis, rien n’a avancé. » Déjà en 2021, une médiation n’a rien donné.
L’APLBA otage du litige entre Eureden et Even
La possibilité d’adhérer à l’une des coopératives de Laïta est longtemps apparue comme une solution, mais cet espoir a récemment été douché lors d’une réunion avec l’entreprise. Le conflit ouvert entre Even et Eureden ne facilite pas la prise de décision (1). Une situation que déplore Guy Le Bars, président de Laïta et d’Even. « La demande de ces producteurs me semble légitime et leur adhésion était essentielle pour préserver la collecte de Laïta. »
L’OP se trouve prise en otage dans un litige qui ne la concerne en rien. Alors, elle se tourne vers les autres collecteurs de la région, Sodiaal et Agrial notamment. Si cette piste est intéressante, les capacités industrielles des deux coopératives dans la région ne peuvent suffire à absorber les 199 Ml produits. La SAS créée par Poplait (association d’OP de l’Ouest) pourrait aussi peut-être offrir d’autres débouchés. Mais l’APLBA veut d’abord aboutir sur le contrat-cadre, la possibilité pour les éleveurs de posséder leur propre tank, l’absence d’exclusivité et la prise en main de la facturation. La prochaine étape sera sans doute l’appel au Comité de règlements des différends commerciaux agricoles.

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