Revenons sur la Semaine du renouvellement des générations en agriculture, organisée par Jeunes Agriculteurs sur les réseaux sociaux du 7 au 11 février. Elle a fait la part belle aux jeunes éleveurs, de vaches laitières comme allaitantes. Voici le portrait de quelques-uns d'entre eux, tous aussi passionnés par leur métier pour des raisons, à la fois identiques et différentes.
En Moselle : « Pas de routine, il faut s'adapter »
Alexandre Kirsch, 25 ans, a pris la suite de son père le 1er janvier 2022, tout en gardant son emploi salarié à temps partiel. Il élève 70 vaches allaitantes charolaises, à Waldhouse, sur 125 ha, tout en prairies. Une quinzaine d'animaux par an sont vendus en direct.
Construire quelque chose de viable et durable !
« Le parcours à l'installation agricole m'a permis d'étudier toutes les possibilités envisageables pour mon projet, met-il en avant. Grâce aux conseils de techniciens, ayant déjà de l'expérience sur d'autres exploitations, j'ai pu construire quelque chose de viable et durable. » « Être éleveur est passionnant. Il n’y a pas de routine, on est son propre patron. C'est un métier noble, qui nourrit les gens et respecte la nature. Nous travaillons avec du vivant, en donnant la vie aux animaux et en les élevant. »
À Zoufftgen, Linda Steffen, 37 ans, est salariée sur la ferme de son père, en élevage allaitant également, et de Charolaises : 140 mères nourrices, un atelier d’engraissement de mâles et femelles plus une production de céréales (maïs, blé, orge). Pour de nombreuses raisons, elle a décidé de s’installer sur l'exploitation. « Née dedans, je suis passionnée par ce métier, où on est libre dans ses décisions et son emploi du temps. À chaque nouvelle situation, il faut savoir s’adapter. »
Croyez en ce métier, qui apporte la joie dans nos vies !
« Le point accueil installation (PAI) m’a guidée dans les différentes démarches à effectuer. Les stages, 21h entre autres, sont très enrichissants », souligne-t-elle, avant d'ajouter : « Croyez en ce métier, qui n’est certes pas facile mais apporte beaucoup de joie dans nos vies. Installez-vous ! »
Fin 2020, à 21 ans et après ses études, Théo Thumser Henner s'est installé en hors cadre familial. « Une ferme dans mon secteur a été mise en vente par la Safer. J’ai saisi l’opportunité de la reprendre avec une ancienne camarade de classe. Nous avons ainsi agrandi le Gaec de mes anciens maîtres d’apprentissage. Nous sommes aujourd'hui cinq associés. » L’exploitation, de polyculture-élevage (lait, vaches allaitantes et bœufs, céréales pour l'alimentation du cheptel) en agriculture biologique, compte 420 têtes de bétail et 600 ha. Le lait est le principal atelier avec 140 laitières produisant 1,2 Ml par an.
De nouveaux défis nous attendent chaque jour.
« C’est un métier riche, diversifié et passionnant. De nouveaux défis nous attendent chaque jour. Mais quand on part de rien comme moi, s’installer en agriculture reste compliqué. Alors s'associer avec des éleveurs, qui ont déjà de l’expérience, est un atout. Il est aussi essentiel de travailler avec les cédants pour permettre au mieux la transmission des savoirs et savoir-faire. »
Jérémy Risse est jeune agriculteur depuis le 1er septembre 2021, avec trois associés (sa mère, son frère et son oncle) au sein du Gaec familial à Grostenquin, en production de céréales, viande et lait. « Mon frère et moi sommes fiers d'être la 4e génération !, lance-t-il. C'est un métier noble de travailler avec la terre, le vivant, insiste-t-il. En ces temps difficiles que nous traversons, de plus en plus de personnes reviennent à des choses simples, essentielles et concrètes. »
Fiers d'être la 4e génération !
Le jeune homme apprécie la diversité de ses journées. « On ne s'ennuie jamais entre la traite matin et soir, l'affouragement du troupeau, les naissances, les soins, le paillage, le nettoyage des litières, le travail du sol, les semis, la fertilisation, la récolte des céréales et de l’herbe. » « C’est un travail d’équipe, poursuit-il. Nous arrivons à nous dégager du temps libre en se remplaçant les uns les autres. » « Si vous ne voulez pas voir disparaître nos beaux paysages variés et notre alimentation, comme nous avons laissé partir notre industrie et notre savoir-faire français dans d’autres secteurs d’activités, installez-vous ! », exhorte Jérémy.
Dans les Pays de la Loire : « La vocation et l'héritage familial se mêlent »
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Charlotte Debosque, 29 ans, s'est installée le 1er novembre 2020 à Ruillé-en-Champagne dans la Sarthe. Avec ses deux associés du Gaec, son mari et sa belle-mère, elle conduit un troupeau de vaches rouges des prés (130 vêlages/an), avec des poules pondeuses en label Loué et des cultures. Pour pallier le départ en retraite de sa belle mère et développer la vente directe, l'embauche d'un salarié à temps plein est en réflexion.
Être à l'écoute, rester ouvert et se remettre en question.
Ses conseils pour réussir son installation en élevage : « Considérer cela comme un projet de vie, être motivée, à l'écoute des personnes qui nous entourent, tout en restant ouvert et en se remettant toujours en question. »
Pauline Bauthamy est une jeune éleveuse de vaches laitières en Loire-Atlantique. au Gaec de la Haie, avec ses beaux-parents et son conjoint. Ils exploitent 140 ha (cultures de vente et alimentation des animaux), produisent 1,250 Ml de lait et engraissent tous les mâles en taurillons.
Travailler ensemble et pour soi.
Fille d'agriculteur, la jeune femme s'est d'abord orientée vers les métiers d'art et a passé cinq ans dans la tapisserie d'ameublement, avant de réaliser une reconversion professionnelle. L'important pour elle : rejoindre son conjoint sur la ferme familiale et faire perdurer celle-ci. Objectif : « Travailler ensemble et pour soi ». Afin d'avoir les diplômes requis pour bénéficier des aides à l'installation agricole, elle décide en attendant son premier de suivre pendant neuf mois... une formation au BPREA.
Hugo, 27 ans, est producteur de bovins allaitants et de poules pondeuses bio (pour installation car ne pouvait pas s'agrandir au niveau des vaches allaitantes, atelier complémentaires) dans le Maine-et-Loire depuis 2019, en Gaec avec parents sur 200 ha. « Un mélange de vocation et d'héritage familial », fait-il observer.
Maintenir l'élevage sur l'exploitation et le territoire.
« Être chef d'entreprise pour la liberté de décision, et maintenir l'élevage sur l'exploitation et le territoire », qu'il entend contribuer à animer : telles sont les motivations du jeune homme qui a privilégié l'association pour la polyvalence et la complémentarité des compétences, ainsi que pour avoir davantage de temps libre. « Mais pour mettre ses bottes, il faut savoir faire du bureau », plaisante-t-il. Ses projets pour la suite : l'accueil d'un nouvel associé, tiers ou familial, et peut-être l'embauche de salariés.
En Nouvelle-Aquitaine : « Si c'était à refaire, nous nous installerions bien sûr ! »
Maxime Guillot, 23 ans, est installé à La Saunière dans la Creuse depuis le 14 avril 2021. « Organisé, motivé, dynamique, enthousiaste » : c'est comme cela qu'il se définit. « Anticipée, soutenue, et rapide » : et voici comment il qualifie son installation en AB avec 130 mères limousines, 70 brebis et des cultures pour l'autoconsommation et la vente (céréales dont épeautre).
Préserver, faire évoluer et diversifier la ferme familiale.
Une partie des bêtes est commercialisée en direct, le reste en coopérative. « Faire perdurer l'exploitation familiale en la diversifiant et en la faisant évoluer, via la vente directe notamment, qui permet de faire connaître notre métier », voilà le leitmotiv de Maxime. « Si c'était à refaire, je m'installerai sans aucune hésitation », confie-t-il.
À Puy-du-Lac en Charente-Maritime, Julien Antonin, 21 ans, se dit « passionné, investi et ouvert aux nouvelles méthodes de travail ». Installé depuis le 1er septembre 2021, en Gaec avec un associé, il exploite 135 ha : 90 ha de céréales et 45 ha de prairies. En plus de la cinquantaine de mères limousines, il a créé une unité pour engraisser 200 veaux de boucherie par an.
De nombreuses sources d'épanouissement.
« Certes, il y a pas mal d'administratif mais les sources d'épanouissement sont bien plus nombreuses : passion de l'élevage, liberté d'entreprise, c'est-à-dire être son propre patron et gérer son emploi du temps, etc., se réjouit Julien. Tout cela se transmet de génération en génération. Si c'était à refaire, je le referai carrément ! Il suffit de s'entourer des bonnes personnes, du bon banquier, du bon conseiller, du bon juriste, et tout roule ! Le bonheur est dans le pré et je vais tout faire pour que ça dure ! »
Dans l'Orne et la Somme : « Bien se préparer et échanger avec d'autres agriculteurs »
Chloé Pilouer, 28 ans, est éleveuse à Rânes dans l'Orne depuis cinq ans. Elle s'est installée en hors cadre familial, en production laitière avec un petit troupeau de vaches allaitantes. « Mes beaux-parents étaient agriculteurs dans le Nord mais n'avaient pas la possibilité de s'agrandir. Ils ont acheté une ferme ici, d'où le nom de Gaec T'chi », explique-t-elle. Son conjoint s'est installé avec eux en 2016. Quand le père a été à la retraite, Chloé l'a remplacé, puis la mère est partie elle aussi. « Non issue du milieu agricole, je n'avais pas d'expérience. Mais les coups de main que j'ai donnés avant de rejoindre le Gaec m'ont conquis. »
S'installer permet d'être fier de ce qu'on fait.
Ce que la jeune femme retient surtout de son parcours à l'installation : les stages et formations. « C'est sympa, on se retrouve entre jeunes agriculteurs et avec les partenaires, on discute tous ensemble. Ça permet de se poser les bonnes questions N'étant pas du monde agricole, ça m'a beaucoup aidée, reconnaît-elle. « S'installer permet d'avoir des responsabilités, d'être fier de ce qu'on fait. Et pourquoi pas, plus tard, transmettre ce qu'on a créé ? Le plus beau serait que notre petit garçon reprenne derrière nous. Mais il fera ce qu'il voudra. »
Dans la Somme, Nicolas Patte est associé depuis 2011 au Gaec du Cheval Blanc à Domart-en-Ponthieu. Une exploitation familiale depuis six générations ! Avec son père et son oncle, il cultive 240 ha (blé, orge, maïs, colza, betterave, pois de conserve et protéagineux, ray grass, luzerne) et élève 60 laitières Prim'holstein et montbéliardes mais aussi des vaches allaitantes blondes d'Aquitaine.
N'ayez pas peur, foncez !
Ses recommandations avant de s'installer : « Bien prendre son temps et étudier son projet. » « N'ayez pas peur de l'avenir, foncez, c'est le plus beau métier du monde ! »
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