Les taureaux holsteins restent laitiers et progressent en morphologie

Quelques changements sont à souligner dans la sortie d’index d’avril. Tout d’abord, on assiste à une évolution de la base de 8 points d’Isu, ce qui n’est pas négligeable. Et surtout, la composition de l’Isu a été modifiée pour y faire entrer le nouvel index de synthèse de santé des pieds, STPI.

Son poids s’élève à 6 %. L’arrivée de cet index représente une belle avancée pour les éleveurs dont beaucoup sont confrontés à des problèmes de boiteries. Il faudra donc s’en servir en gardant à l’esprit le fait que pour les jeunes taureaux, le CD ne dépasse pas 0,5, en niveau faible. Pour progresser sur ce poste, mieux vaut mettre la barre à 1.

Sur le plan de la morphologie, les catalogues illustrent assez bien les efforts réalisés pour proposer des formats modernes. Souvenez-vous qu’il y a seulement trois ans, nombreux étaient les profils très grands mais au corps étroit. Aujourd’hui, beaucoup de taureaux présentent un bon équilibre entre la taille et la largeur. Cependant, la profondeur de corps reste encore à la peine.

De même, les progrès attendus commencent à se voir dans les mamelles. On voit moins de taureaux transmettant des trayons courts et resserrés à l’arrière. Malgré tout, ceux qui veulent améliorer les qualités des mamelles ont toujours intérêt à regarder les index dans le détail. De bonnes notes de synthèse peuvent encore cacher des défauts. En ce qui concerne les membres, il faut veiller à l’angle du jarret, souvent trop droit dans la population. Or, quelques taureaux peuvent présenter ce même défaut.

Pas de taureaux confirmés en haut des classements

La montée des porteurs du facteur sans corne dans les classements constitue une autre caractéristique de cette sortie. II s’agit d’une bonne nouvelle puisque ce caractère sera de plus en plus recherché. De plus, les origines génétiques de ces taureaux se diversifient. Ils sont sept à porter ce facteur dans notre classement sur les meilleurs en fonctionnels, soit un sur deux, dont trois parmi les quatre premiers. Et deux taureaux homozygotes atteignent la barre des 200 points d’Isu. C’est le cas d’Uxheim PP à 203 points, au catalogue de Synetics. Son profil laitier s’accompagne de très bons index fonctionnels mais il présente un bassin renversé (-1,6). Quant à Soleil PP, un taureau de Gènes Diffusion sorti en 2023, il compense un faible potentiel laitier (328) par des taux (5,1 en TP, 6 en TB), de bons index fonctionnels et un format équilibré.

On constate par ailleurs que comme l’an dernier, aucun taureau confirmé ne parvient à se glisser dans nos sélections. Le meilleur de cette catégorie, Piwi ETL est un taureau de Gènes Diffusion à 198 points d’Isu. Toujours en service, il offre de sérieux atouts en fonctionnels (3,2 en reproduction, 2 en santé de la mamelle et 1,2 en santé du pied). Le format est intéressant aussi avec une taille moyenne (0,8) et de la largeur. Il faudra veiller à la vitesse de traite (-0,8) et le réserver aux souches laitières (156 en index lait) pour profiter aussi de ses qualités pour les taux (3,4 en TP et 5,3 en TB).

Production : une gamme large

Pour ceux qui cherchent à améliorer la production laitière, notre sélection retient des taureaux très forts en matière utile. Comme souvent dans ce profil, les meilleurs se trouvent dans le catalogue de Synetics. En tête de ce groupe à 215 points d’Isu, Utaka P se classe aussi parmi les meilleurs en fonctionnels. Et il ne démérite pas en morphologie avec un format équilibré.

Ex aequo avec lui à 215 points d’Isu, Real Syn est un taureau allemand qui sera pénalisé par sa vitesse de traite (-0,9) et son manque de largeur. Tourangeau présente un rapport étonnant entre la production élevée et la reproduction à 2,6. L’index santé du pied, 1,7, représente un atout. Il faudra protéger le ligament (-1,3) dans les accouplements.

Pepitas sera un taureau facile à utiliser qui se classe aussi dans notre sélection des meilleurs en morphologie. Il ressemble beaucoup à son père Pellegrino (199 en Isu avec 145 kg de MU). Tous deux ajoutent à leur potentiel de production des mamelles solides et un profil sans défaut. À 211 points d’Isu, Teacup P répond également à nos critères pour les meilleurs en morphologie. La mamelle est suffisamment solide pour soutenir une production élevée. Le ligament est à 1,6. Ses index neutres en taille et en largeur trouveront leur intérêt sur des animaux trop grands.

Fonctionnels : des profils variés

Notre sélection des meilleurs taureaux en fonctionnels devient plus exigeante avec la prise en compte de la santé du pied. Troscoff prend la tête de ce classement. Si le potentiel laitier est intéressant, le gabarit n’est guère séduisant. On lui préférera le suivant, Tamack P, un taureau exceptionnel en reproduction, 3,5. Par ailleurs, c’est un laitier mais avec un TB négatif. Il offre un profil moderne, 1,8 en largeur aux ischions et -0,6 en implantation arrière. Numéro un de ce classement l’an dernier, Suribay P se maintient bien. S’il est l’un des meilleurs de ce groupe en santé du pied (2,2), ex aequo avec Terrible, il présente des faiblesses en morphologie et sera réservé aux vaches de bon gabarit.

Starlandai ajoute des mamelles modernes à ses bons index fonctionnels. Neutre sur la longueur des trayons, l’écart avant ou l’implantation arrière, il améliore les attaches et la distance plancher jarret. On apprécie aussi sa taille modérée (0,5) et sa largeur (1,5 aux ischions et 0,6 à l’avant).

Les amateurs de couleur seront bien servis par cette sélection. À 206 points d’Isu, Touzac red est le meilleur de cette catégorie, mais ils sont désormais plusieurs à franchir la barre des 200 points. Touzac sera apprécié pour améliorer les membres (-0,4 en angle du jarret) et la morphologie en général. Il allonge les trayons (1,3). Le suivant, Tamaris P, affiche de belles qualités en mamelle, renforçant les attaches et la distance plancher jarret.

Tifiga HGH sera bienvenu pour améliorer les membres mais seulement sur les vaches au corps suffisamment large.

Morphologie : des taureaux complets

Le leader de notre sélection en morphologie est aussi le meilleur taureau de la sortie en Isu à 222 points. Thiem apporte de la puissance en préservant un bon équilibre entre la taille (2,8) et la largeur (2,2 aux ischions et 1,6 à l’avant). Son potentiel laitier élevé (1 919) se combine avec de bons index fonctionnels (3,1 en santé de la mamelle, 1,6 en santé du pied et 2,6 en reproduction). La mamelle, très bien soutenue (2 en attache avant, 2,6 en attache arrière) est adaptée à ce volume de lait et présente en outre des trayons bien implantés et d’une longueur normale (0,6). Il pourra être largement utilisé à condition de veiller à la vitesse de traite, aux taux et à l’inclinaison de bassin.

Tennie présente des atouts dans les mamelles et les taux. Les fonctionnels sont bons aussi (1,3 en STPI). Sa capacité corporelle à -0,2 est à relativiser car la plupart des index tournent autour de zéro. Il conviendra donc de l’utiliser sur des souches au format solide. À l’inverse, le suivant Thalys Wit apportera de la puissance aux vaches qui en manquent. Sa taille, 2,4, ne constitue pas un problème car le format reste homogène : 1,2 en largeur de poitrine, 2,1 en largeur aux ischions et 1,3 en profondeur de corps. C’est l’un des meilleurs sur ce poste même si Taxi P le devance à 1,4. Thalys Wit transmet en outre un potentiel laitier attrayant et de bons fonctionnels (0,8 en STPI).

LV Tartuf affiche une mamelle de haut niveau même si on peut lui reprocher des trayons courts et serrés à l’arrière. Les fonctionnels sont bons aussi (1 en STPI) mais la vitesse de traite négative (-0,7) impose une vigilance. Le gabarit de Thelo correspond très bien à ce qui est recherché actuellement. L’implantation et la longueur des trayons également. Le lait et la reproduction représentent d’autres points forts mais attention à la santé de la mamelle.

Quant à Upstair P, il offre un profil peu commun et extrême en morphologie. Il fera du bon travail sur les souches fragiles. Il est en effet noté à 2,4 en largeur de poitrine, 2,9 aux ischions et 0,6 en taille. Les trayons sont longs (1,7) et bien positionnés (0,5 en implantation arrière et 0 en écart avant). Les accouplements devront tenir compte du jarret droit (-1,7) et du bassin un peu renversé (-1,1).