Éleveur laitier dans les Vosges, Yohann Barbe a été élu le 9 avril à la tête de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Thierry Roquefeuil ayant fait le choix de passer la main après 12 ans de mandat. Les ambitions du nouveau bureau restent néanmoins dans la continuité, avec un horizon : « ne plus perdre un seul litre de lait produit en France, et ne plus perdre de producteurs de lait », affirme le nouveau président.
Permettre aux producteurs de vivre de leur métier
Le premier levier pour y parvenir sera sans conteste celui de la rémunération. Si le plan de filière France Terre de Lait évoquait un objectif de 2 Smic, Yohann Barbe évoque « a minima le salaire médian », c’est-à-dire autour de 1 800 € (mais pour 35h de travail hebdomadaire). Un objectif à intégrer dans le coût de production. « On ne peut pas attirer des jeunes, ni des salariés d’ailleurs, en leur disant qu’ils seront payés au Smic », précise Marie-Andrée Luherne, vice-présidente du syndicat, en charge de la place des femmes.
Pour la FNPL, la création d’une commission des éleveuses s’avère particulièrement important afin de combler le déficit d’installation des femmes en élevage laitier. « Pour ne pas perdre un litre de lait, il faut des hommes mais aussi des femmes qui choisissent la production laitière, il y a beaucoup de femmes dans les écoles agricoles, il ne faut pas qu’elles se mettent de frein », précise Marie-Andrée Luherne.
Pas de prix planchers mais aller plus loin sur Égalim
Pour améliorer la rémunération, « nous ne sommes pas intéressés par les prix planchers, mais par l’application d’Égalim », rappelle Stéphane Joandel, secrétaire général. Le syndicat propose plusieurs mesures pour renforcer la loi : date butoir de fixation de la matière première agricole (MPA), indicateurs « connus et reconnus », connaître le mix produit des entreprises, indiquer clairement l’origine de la matière première.
Un travail à mener sur la transmission
Autre texte à améliorer, le projet de loi pour une agriculture souveraine, qui entame son parcours au Parlement : « on attend dans la PLOAA un vrai cap sur la partie transmission des exploitations », explique Yohann Barbe. « Comment on accompagne dès 55 ans un éleveur qui veut transmettre, pour continuer à investir, trouver une main d’œuvre qualifiée, voire organiser une installation progressive ? », demande-t-il.
L’enjeu d’autant plus important en élevage laitier que l’atelier lait est souvent arrêté en fin de carrière, quelques années avant de céder.
La fiscalité, levier de compétitivité
En parallèle, des leviers de compétitivité peuvent être travaillés, notamment la fiscalité agricole, estime le président de la FNPL, alors que « 2024 est plutôt mal partie avec des charges qui restent assez élevées sur nos fermes ». Yohann Barbe se satisfait de l’aide de 15 000 euros de défiscalisation fiscale et sociale mise en place sur la valeur inventaire des animaux, et « porte l’ambition d’avoir la même défiscalisation pour du stock fourrager ».
Des sujets avec l’interprofession
Le nouveau bureau de la FNPL prévoit également de rencontrer les différents collèges de l’interprofession, avec plusieurs sujets en tête : le nouvel indicateur de valorisation beurre/poudre ou encore la question du poids des OP.
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