« Autour de 20.000 exploitations d'élevage sont en difficulté », a affirmé vendredi le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll lors d'un point presse. « Trois filières sont touchées pour des raisons différentes : le lait avec un problème de prix mondial qui a baissé, le porc, avec à la fois une crise française et en partie une crise européenne maintenant, et la viande bovine », a-t-il expliqué. « Dans cette estimation, 10 % de l'élevage français est en difficulté, certaines exploitations sont plus en difficulté que d'autres, avec des situations très différentes selon les filières (...) allant de la limite du dépôt de bilan à des difficultés plus passagères », a nuancé le ministre.
Pour répondre à ces crises, « depuis le 20 février dans chaque département, nous avons mis en place des cellules d'urgence », a indiqué Stéphane Le Foll, et déjà « 23 millions d'euros » ont été débloqués pour financer « les allègements de charge, les reports et les effacements de cotisation Msa ». « J'ai vu le Premier ministre ce matin. Tous les dossiers vont être finalisés d'ici la fin du mois de juillet. Nous évaluerons les besoins et on y répondra par rapport aux situations concrètes rencontrées dans chaque département », a-t-il ajouté.
Le président de la Fnsea, Xavier Beulin, a pour sa part affirmé à l'Afp que « 400 exploitations porcines étaient au bord du dépôt de bilan » dans l'ouest de la France. Le patron du premier syndicat agricole français « ne crache pas » sur ces mesures conjoncturelles, mais elles « ne sont pas à la hauteur des enjeux », juge-t-il.
"une prise de conscience"
Au-delà des mesures d'urgence, dont la première est de faire appliquer l'accord récent (mi-juin) avec les acteurs de la filière bovine sur la remontée de prix, il faut « prendre au sérieux la question de la compétitivité » plaide-t-il. Et organiser un « plan de désendettement massif » de l'élevage, qu'il évalue « autour d'un milliard d'euros ».
« Aujourd'hui, plus que jamais, le prix de vente de la viande ne couvre pas nos charges » a expliqué à l'Afp Daniel Couderc, éleveur de bovins viande installé en Corrèze, également responsable syndical (Frsea) en Limousin. Il faut envisager des mesures de plus long terme sur « les normes, le coût du travail en France et le soutien à l'investissement », estime Xavier Beulin.
Un constat partagé par la fédération des coopératives de France qui estime que « les coopératives, industriels et/ou distributeurs sont désignés, en lieu et place d'une politique agricole, comme les garants du revenu des producteurs ». Alors que des pays européens concurrents, l'Allemagne et l'Espagne en premier lieu, ont « misé sur l'amélioration des facteurs de compétitivité ».
Le président du Sénat Gérard Larcher a promis que la Commission des finances allait « travailler sur la question d'une fiscalité moderne et adaptée aux cycles agricoles ». Le Sénat a organisé jeudi une conférence agricole, souhaitée par la Fnsea, et qui a permis « une prise de conscience de la situation de la part des élus », se félicite Xavier Beulin.
Le ministre de l'Agriculture a demandé cette semaine, avec le soutien de plusieurs Etats membres, un allongement de la durée de stockage des produits porcins mis de côté au printemps dernier afin qu'ils ne reviennent pas sur le marché à la rentrée. Par ailleurs, le Comité régional porcin de Bretagne (région qui produit 60 % des porcs français) voudrait de son côté que le ministre bâtisse une proposition de programme de soutien à l'exportation pour assurer la « pérennité de la production française ».
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