Dossier Article 3 / 3

L'importance du confort du bâtiment pour l'éleveur et ses vaches

©C. Hue

L'importance du confort du bâtiment pour l'éleveur et ses vaches

Depuis trois ans, de nouvelles recommandations techniques sur la conception des stabulations laitières sont arrivées et les ont fait évoluer vers plus de confort pour les animaux comme pour les éleveurs.

« Notre étable entravée est adaptée à notre contexte et à nos attentes »

Article réservé aux abonnés.

Damien Paris dans sa stabulation laitière
Le bâtiment de Laure et Damien Paris comporte deux rangées cul-à-cul de 18 vaches et 24 vaches en lactations. Le couloir entre les deux est large de 3 m. Dans leur prolongement sont hébergées les génisses de plus de 18 mois, 6 vaches taries et le box de vêlage. (© Anne Brehier)

Dans le Haut-Doubs, à 950 m d’altitude, Damien Paris et sa conjointe Laure produisent 300 000 litres sous AOP en étable entravée. Alors que des ONG militent pour l’interdiction de cette conduite, le couple, lui, évalue positivement le bien-être de ses animaux et est satisfait de ses conditions de travail. Il estime ce système adapté aux troupeaux de moins de 50 vaches

Chez Laure et Damien Paris, à Malpas dans le Haut-Doubs, les montbéliardes (vaches, génisses et veaux) ne sont pas logées dans un bâtiment sombre, bas et confiné, sentant l’ammoniac, comme cela a pu exister par le passé. Elles sont hébergées dans une étable entravée en bois, spacieuse, lumineuse et bien ventilée. Les petits veaux naissent dans un box de vêlage. Ils ne sont plus attachés derrière les vaches au milieu des déjections, mais logés dans des cases individuelles puis dans des box collectifs entre 2 et 6 mois.

Construite pour 25 vaches à traire en 2007, l’étable a évolué pour accueillir aujourd’hui 48 laitiè­res (traites et taries) et autant de jeunes. Hébergeant désormais 90 bovins, elle est conçue pour assurer du confort aux animaux ainsi qu’une qualité de travail à l’éleveur et à sa femme. Celle-ci l’a rejoint en 2008 sur l’exploitation. « Il fallait sortir le bâtiment du village, explique Damien Paris. Installé depuis six ans, j’avais les moyens de financer une étable entravée neuve, pas une stabulation plus onéreuse qui n’aurait pas permis de déplacer l’ensemble du troupeau sur le nouveau site. Or je voulais avoir tous mes animaux sous le même toit. À l’époque, l’exploitation produisait 150 000 litres et le prix du lait AOP était de 330 €. L’Adasea[ Association de développement, d’aménagement et de services en environnement et en agriculture] incitait à la prudence dans les investissements des JA. »

Au milieu des pâtures, l’étable est accolée au bâtiment de stockage de fourrage. Une griffe permet de reprendre les balles rondes de foin et de les déposer sur le plancher de l’étable au-dessus des vaches et des génisses. De là, le fourrage tombe par gravité dans le couloir d’alimentation via quatre trappes : deux au-dessus des vaches, deux au-dessus des génisses. L’hiver, le concentré est donné quatre fois par jour par le distributeur automatique. Pour la traite en système de transfert par lactoduc, Damien Paris dispose d’un système de décrochage automatique et projette d’installer un rail afin d’acheminer les griffes à lait, dont le poids s’établit autour des 4 à 5 kg. Ce serait un moyen de réduire la pénibilité.

Six mois par an, les vaches sont dehors jour et nuit

Sorti par un évacuateur, le fumier est stocké sur une fumière couverte. Le purin s’écoule dans une fosse fermée, ce qui limite les volumes. La litière est faite à la main matin et soir en hiver à raison de 1,5 kg à 2 kg de paille par vache et une fois par jour à la belle saison quand les vaches sont au pâturage. L’hiver, lorsque les conditions météorologiques le permettent (absence de pluie et de verglas), trois fois par semaine les laitières sortent le matin dans une prairie attenante sur 50 à 100 ares, le temps de faire une litière correcte et d’aérer le bâtiment. Cette sortie en extérieur aide à repérer plus facilement les chaleurs, ce qui est difficile en intérieur. Les vaches apprécient les bains de soleil et l’exercice. La neige poudreuse contribue à leur nettoyer les pieds. De plus, pour prévenir les problèmes de pattes, le couple fait appel à un pareur quarante jours après la rentrée en bâtiment des animaux. Et, s’il y a besoin, Damien intervient en curatif. « Les problèmes proviennent dans la très grande majorité des cas d’une alimentation pas encore bien calée, et non des conditions de logement », assure-t-il. Ce temps passé 100 % en bâtiment est limité à cinq mois. La mise à l’herbe s’effectue mi-avril. Les vaches en lactation pâturent jour et nuit durant six mois en moyenne, du 1er mai au 1er novembre.

En entravée, c’est l’éleveur qui se déplace

« Les étables entravées modernisées n’ont plus rien à voir avec les anciennes fermes, pointe l’éleveur. Aujourd’hui, il y a de l’automatisme et il existe des standards au niveau du couchage ainsi que des systèmes d’attache moins contraignants. L’animal peut se gratter et bouger facilement. » Damien Paris est satisfait de ses conditions de travail. « Le matin, en deux heures et demie, tout est fait. Le soir, deux heures d’astreinte suffisent. Les animaux sont assez dociles et il n’y a pas de concurrence ni à l’auge ni à l’abreuvoir. Un animal qui ne va pas bien est facilement repéré. »

Sans minimiser les avantages des stabulations libres, Damien Paris estime que son étable est adaptée à ses attentes d’éleveur et à son contexte d’effectif restreint d’animaux, c’est-à-dire un troupeau de moins de 50 vaches. Il exprime toutefois une crainte : « Que les fabricants de machines à traire délaissent les innovations adaptées aux entravées et qu’à terme il soit difficile de trouver les équipements spécifiques. »

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,3 €/kg net +0,07
Vaches, charolaises, R= France 7,11 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Exploiter le dénivelé pour une meilleure gestion de l’herbe

Pâturage
Malgré une température normale, un rumen qui fonctionne bien, l'analyse de l'inflammation se révèlera très positive.

Une infection bactérienne remontée au cœur de la vache

Maladies
Jean-Marc Bernier directeur général de Lactalis France lors d'une présentation

Le géant Lactalis marche sur des œufs

Lactalis

Tapez un ou plusieurs mots-clés...