Aire paillée ou logettes : le match est-il encore d’actualité ?

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Pour votre projet bâtiment, vous hésitez entre une aire paillée et un système logettes ? N'oubliez pas de prendre en compte dans vos réflexions la main d’œuvre, le gisement et les effluents, votre système d'exploitation, le confort du troupeau et le travail d'astreinte quotidien.
Pour votre projet bâtiment, vous hésitez entre une aire paillée et un système logettes ? N'oubliez pas de prendre en compte dans vos réflexions la main d’œuvre, le gisement et les effluents, votre système d'exploitation, le confort du troupeau et le travail d'astreinte quotidien. (©Terre-net Média)

Faut-il miser sur l'aire paillée ou les logettes pour un projet de stabulation vaches laitières ? La bonne solution est propre à chaque éleveur. Elle dépend bien entendu de la capacité financière de l’exploitation ainsi que des disponibilités locales en litière, des contraintes d’épandages, du système d'élevage (sortie au pâturage ou pas). Mais elle doit aussi prendre en compte les affinités personnelles des associés et la main d’œuvre disponible, aujourd’hui et dans 5 ans, voire 10 ans même s’il est souvent difficile de se projeter aussi loin.

Pour les vaches, le logement répond à deux impératifs : du confort et des vaches propres. Le repos est l’activité principale d’une vache laitière. « Chaque heure de couchage supplémentaire, c’est 1 litre de lait produit en plus » (formation BTPL signes de vaches). Si le bâtiment est bien conçu et dispose d’espace suffisant, les primipares et les vaches dominées trouveront leur place sans difficulté. Elles n’auront plus à attendre debout pour s’alimenter, boire ou se faire traite (en traite robotisée).

Construire une stabulation pour des vaches laitières est toujours un compromis, le tout est de trouver un équilibre

L’aire paillée : l’investissement le plus raisonnable ?

Une stabulation libre avec aire paillée nécessite moins d’investissement au moment de la construction du bâtiment. Le stockage du fumier est moins contraignant que du lisier. D’un point de vue agronomique, le fumier est une source d’humus appréciable, pour enrichir le sol et améliorer sa structure. Il a aussi une valeur marchande en région légumière, viticole ou de grandes cultures. Les contraintes de calendrier d’épandage et de stockage sont moins importantes avec du fumier.

Une aire paillée nécessite cependant des quantités de paille importantes, qu’il faut récolter, presser, transporter, stocker au sec… ou acheter ponctuellement ou avec un contrat de livraison régulier (ce qui évite un grand hangar de stockage et sécurise le prix). Elle impose aussi un paillage quotidien. La qualité de la paille a elle une influence importante.

Il faut aussi se questionner : est-ce que mes vaches sont en stabulation une grande partie de l’année ? Si elles sortent plus de 200-250 jours par an, le travail d’entretien en plus ne dure que 3-4 mois par an, est-ce acceptable ?

À côté du couloir de raclage, compter une surface de couchage moyenne de 8-9 m2 par vache (ou plus), et 8-10 kg de paille par vache par jour, soit de l’ordre de 3-4 bottes rondes par jour pour 100 vaches laitières. En conditions normales, un paillage très important (supérieur à 1,5 kg/m2) ne compense jamais une surface d’aire de couchage trop juste.

Une bonne ventilation est nécessaire pour évacuer l’humidité produite par les vaches et limiter la montée en température de l’aire paillée. Dans des bâtiments ouverts et très bien ventilés, il est possible de remplacer la paille par des copeaux de bois qui seront malaxés régulièrement sur une surface de couchage dépassant généralement 10 m2/VL (proche de 15 m2/VL).

Les logettes pour plus de vaches

Les logettes correspondent au cas le plus courant quand les troupeaux dépassent 60-70 vaches. Elles offrent un bon compromis entre la propreté des mamelles et le travail. Cependant, les problèmes de pattes ont tendance à être plus importants que dans les aires paillées. Il faut donc porter une grande attention à la réalisation des sols, des couloirs et au réglage des logettes : sols non glissants, non agressifs, sans aspérités, pentes pour évacuer l’humidité, largeur suffisante pour la circulation...

La mécanisation facilite le nettoyage des logettes : racleurs, robots aspirateurs, balayeuses de logettes… C’est à la fois un gain de temps et de confort en particulier pour les épaules. Les besoins en paille sont réduits, voire quasi nuls, en optant pour la farine de paille et réduisent donc les quantités de paille à récolter. En général, moins on utilise de paille par vache, plus on réduit le confort et on augmente les risques sur les pattes (bien que les matelas et tapis soient un bon complément de la litière).

En coûts, un bâtiment logettes est plus cher à la construction mais demande moins de temps d’entretien au quotidien. Les coûts de construction ont beaucoup augmenté depuis 3 ans.

Aire paillée ou logettes ?

En cumulant tous ces coûts (investissement + entretien + main d’œuvre), au bout de 10 ans, les stabulations aire paillée sont souvent plus chères que les autres solutions, avec de grosses variations selon le coût de production ou d’achat de la paille, de la disponibilité en main d’œuvre. Avec des copeaux de bois, l’intérêt économique est lié à l’opportunité d’achat des copeaux localement.

Estimation de la quantité de paille nécessaire par an selon le type de couchage (source : livre bâtiment BTPL - Bâtir pour le troupeau laitier). Il faut réduire ces besoins au prorata des mois de pâturage. ( © BTPL)

Aujourd’hui donc, la majorité des bâtiments construits le sont avec des logettes. Le besoin de main d’œuvre, pour la récolte de la paille et l’entretien de l’aire paillée, fait souvent pencher la balance. On observe aussi quelques retours de logettes en aire paillée pour retrouver du confort sur tout ou partie de troupeau ou pour générer du fumier pour la méthanisation. Toutefois, la bonne solution est de prendre le temps, poser les besoins de sa propre exploitation plutôt que de partir sur le bâtiment à la mode du moment.

Ci-dessous une approche par coûts des différents bâtiments. Les chiffres datent et sous-estiment le coût réel aujourd’hui (+ 20 à 30 %). Le coût de la main d’œuvre et la paille ont aussi nettement augmenté. Mais finalement les écarts ont assez peu bougé.

Approche coûts d’investissements et coûts de fonctionnement (source : Idele, 2017). Les lignes 1 (couchage aire paillée avec raclage) et 7 (logettes lisier) sont proches en coûts, mais les charges de fonctionnement sont 30 % inférieures en logettes. ( © BTPL)
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