Changement climatique, montée de l’extrême droite, discrimination, nombreux sont les sujets qui agacent Jean-Alain Charbonneau, éleveur laitier et administrateur à Terra Lacta. Alors il écrit.
«J’essaie de montrer que le monde agricole n’est pas en retard par rapport au reste du monde », explique Jean-Alain Charbonneau, 63 ans. Vif, grand et mince, il s’assoit dans son salon, là où lui est venue l’idée de sa première pièce de théâtre, « Le Constat à l’amiable », portant sur les violences conjugales. « J’écris beaucoup sur les femmes. Ici, ce fut terrible. Il y a eu des drames. Et, moi, je me mets à leur place. » Aussi, lorsque la voiture d’une jeune femme « s’enquille entre l’épandeur et le tracteur » à la croisée d’un chemin, amenant à un constat amiable avec son mari, dans le salon de Jean-Alain, l’idée a germé. « Ils s’insultaient devant leurs deux petites filles. J’avais une pièce de théâtre sous les yeux. Difficile cependant d’écrire sur la violence avec de l’humour ! » observe-t-il. En plus d’être écrivain et trésorier de l’association écrituriales, Jean-Alain est aussi éleveur laitier. Installé à 24 ans à Saint-Christophe-du-Bois (Maine-et-Loire), il travaille aujourd’hui avec sa femme dans leur exploitation de 42 hectares, avec 50 vaches, en majorité prim’holsteins.
Avant la pièce de théâtre, il y a eu surtout « Alexandra, dite Alex », l’histoire d’une jeune fille homosexuelle. « Ma fille venait de me parler d’une de ses amies qui lui avait confié être lesbienne. Et là, j’ai pensé à l’un de mes voisins en me disant pourvu qu’elle ne croise jamais sa route », continue-t-il. Une quinzaine de jours plus tard, il envoie quelques pages au nom de sa fille à un concours organisé par Canal+ et publié dans « Ouest France », qu’il remporte. Canal+ s’empare du sujet pour réaliser un court-métrage.« Des gens me critiquent mais je m’en fiche. En tout cas, depuis que j’écris, on me regarde différemment. Cela donne du sens. J’ai une meilleure écoute », note-t-il. Sa façon aussi de rendre le monde un peu meilleur.
« Un livre est comme une gestation »
Parmi ses livres, le dernier, sorti en janvier et portant sur le changement climatique, s’intitule « Pompon le percheron ». « Je l’ai écrit à la suite de la tornade qui a emporté un site d’Amazone, dans l’Illinois (États-Unis). Même les géants du web sont touchés par le phénomène », rapporte-t-il, avant de préciser : « Le cheval est l’animal qui représente le plus la société humaine. Il y a le cheval pauvre qui vaut le prix de la boucherie et celui qui vaut des millions d’euros. » « Les gens qui écrivent dans le monde agricole sont souvent des gens âgés qui parlent de souvenirs. Moi, j’essaie de me projeter dans l’avenir », souligne-t-il. Mais c’est avant tout l’agacement et la colère qui sont le moteur de son écriture.
Son livre « Prudence »est tiré d’un accident d’élevage, jamais indemnisé. À l’origine, le silo mal réalisé par un prestataire, entraînant la perte de la moitié d’un cheptel. Un autre livre à l’horizon ?« Ce sera quelque chose qui me choque. Mais, pour le moment, je ne sais pas. » Aujourd’hui, Jean-Alain cherche un repreneur pour sa ferme car aucun de ses trois enfants ne lui succédera. Les capitaux à reprendre sont lourds. « Et pourtant je suis parti de rien. Cela ne serait plus possible aujourd’hui », affirme-t-il sans détour, lui le « sang-mêlé de ville et de campagne ».
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