Dans le cadre du projet Robust, l’Institut de l’élevage (Idele) a voulu étudier l’impact du stress thermique subi par les vaches laitières sur la composition du lait. Plus d’une centaine de visites dans 50 fermes laitières durant les étés 2024 et 2025 ont permis de recueillir des données. À l’occasion du Space 2025, quelques premières conclusions ont été communiquées.
Une approche basée sur les observations terrain
Au fil des observations, la méthode de mesure du stress thermique a été retravaillée. Initialement, il était mesuré par le THI moyen journalier (index température – humidité), mais cet indicateur s’est montré peu proche de la réalité, et surtout du ressenti des animaux. En définitive, « le stress thermique calculé par les observations en bâtiment est beaucoup plus important que le laisse penser le THI moyen journalier, explique Marine Gelé, chargée de projet à l'Idele. Pour caractériser le stress thermique réel des vaches laitières, des observations ont été réalisées au moment le plus chaud de la journée ; mesure du THI dans le lieu de vie des vaches laitières lors des visites réalisées en après-midi, prise de température cutanée, mesure du halètement, et enregistrement de la composition du lait du tank ».
Le TP en baisse et une hausse de l'urée
Ce projet a montré que « le THI moyen journalier ne suffit pas à attester le stress thermique d’un troupeau de vaches laitières à lui-seul. Pour ce qui est de la composition du lait, une baisse de TP (taux proteique) et une hausse de l’urée du lait en période chaude doit alerter sur le stress thermique du troupeau ». Il est bien connu que les fortes chaleurs impactent négativement la production laitière, mais la variation du TP apparaît comme étant plus rapide que la baisse de production. Aucune variation du TB (taux butyreux) n’a été relevée de manière significative.
Des moyens de lutte par les animaux
Avec le dérèglement climatique, les vagues de chaleur en période estivale sont amenées à être de plus en plus longues et intenses. Sans aucun doute, ces conditions intensifient le stress thermique des vaches laitières, bien qu’elles aient une zone de neutralité thermique assez large ; « allant de - 5 à + 20°C », d’après Marine Gelé. « Au-delà de 20-25°C, le bovin met en place des moyens de lutte, ajoute-t-elle. On peut notamment observer une augmentation de la fréquence respiratoire, un halètement. » Ce stress thermique a des conséquences indéniables sur le comportement des animaux, mais également leur production et reproduction.
Pour agir suffisament tôt
Certains gestes simples permettent de « reconnaître les signes de stress thermique, tels que la prise de température à l'épaule, observer la halètement des vaches, ou encore s'aider de capteurs ».
D'autres points d'attention sont également à surveiller ; les silos qui chauffent, le nettoyage des abreuvoirs, mais aussi l'aeration du bâtiment (veiller à un bon renouvellement de l’air).
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