
Une hausse de 25 €/1.000 l du prix du lait payé au producteur est « possible et souhaitable », selon le Premier ministre et le médiateur des relations commerciales agricoles. Un accord en ce sens pourrait être conclu avant la fin de la semaine. Bien que le syndicalisme majoritaire se satisfasse de cette « première étape », cette hausse ne constituerait qu’une réponse a minima aux difficultés des éleveurs. En attendant, les propositions des distributeurs, en ordre dispersés, alimentent la confusion et l'exaspération des producteurs de lait.
![]() Une hausse du prix du lait de 25 €/1.000 l pour le deuxième trimestre se profile. (© Terre-net Média) |
Un accord sur le prix du lait pour les trois prochains mois, sous l'égide du médiateur des relations commerciales agricoles, semblait se profiler la semaine dernière. Dans un communiqué, le Premier ministre, en personne, est venu apporter son soutien aux éleveurs, conscient de la situation de la filière laitière. Dix jours après la tenue de la table-ronde sur le prix du lait au ministère de l’Agriculture, Francis Amand, le médiateur des relations commerciales, repris par Jean-Marc Ayrault, « considère qu’il est possible et souhaitable de revaloriser d’au moins 25 euros les mille litres le prix du lait payé aux producteurs pour les mois d'avril, mai et juin sur l'ensemble des laits produits en France ».
« Le Premier ministre et le ministre de l’Agriculture soutiennent cette proposition et demandent à l'ensemble des acteurs de finaliser la mise en œuvre de ces orientations avant la fin de la semaine prochaine, afin que la revalorisation soit effective pour l'ensemble des producteurs dès le paiement de la collecte d'avril », poursuit Matignon.
En déplacement dans le Finistère, Stéphane Le Foll a assuré à l’Afp que la grande distribution était d’accord pour mettre en œuvre cette hausse. Le ministre de l’Agriculture aurait eu des échanges sur ce sujet avec Michel-Edouard Leclerc.
Système U assure de son côté que « le financement de la revalorisation de 25 euros pourrait se faire au travers d'une hausse technique des tarifs des industriels au produit en fonction de la quantité de lait mise en œuvre ».
« Notre combat a été compris »
La déclaration du Premier ministre a évidemment fait réagir les syndicats. Le duo Fnsea-JA, d’abord, se satisfait de cette première étape. « C’est la mobilisation des producteurs de lait, les nombreuses actions syndicales et tout particulièrement celles du 12 avril dernier, conjointement à l’implication du Gouvernement, qui ont permis de ramener à la raison les transformateurs et les distributeurs », explique-t-il.
Même satisfaction du côté de la Fnpl. « Ce juste combat a été compris. » « Le marché laitier français doit fonctionner normalement. Aujourd’hui, preuve est faite, suite à la médiation engagée, que ce marché peut absorber cette hausse du prix du lait d’au moins 25 euros/1.000 litres. Reste à concrétiser cette volonté en prix du lait effectivement payé et revalorisé pour les éleveurs laitiers. »
Les syndicats auraient-ils réagi trop vite ? Oui, au regard de la réaction de la Fcd, vendredi 19 avril, qui indique que les demandes du gouvernement sur une hausse du prix du lait sont « prématurées » car « les enseignes de la distribution demandent que les grands industriels du lait (...) contribuent équitablement à ce juste effort, en particulier sur les produits transformés ».
Et les nouvelles propositions du groupe Auchan le samedi 20 avril alimentent un peu plus la confusion quant aux intentions réelles des distributeurs à l'égard des producteurs de lait. Auchan a ainsi proposé une augmentation du prix d'achat de 3 centimes par litre sur le lait de consommation, ainsi qu'une hausse de 0,5 centimes sur les produits transformés. Ces hausses ne seraient pas répercutées au consommateur, mais seraient conditionnées à « la finalisation des modalités pratiques avec les différents intervenants : le médiateur nommé par le gouvernement, les représentants des industriels et les représentants des producteurs agricoles ».
De son côté, la Fnil considère que les propositions en ordre dispersé des distributeurs ne sont qu'un écran de fumée. La Coordination rurale, elle, estime que cette « gesticulation politique » ne résoudra pas le problème récurrent du prix du lait.
Un minimum syndical non acquis, et qui ne résout pas tout
Pour l’heure, rien n’est donc acquis, et cette hausse « possible et souhaitable » ne constituerait en fait qu’une réponse a minima aux difficultés des éleveurs, toujours confrontés au niveau très élevé de leurs coûts de production.
D’une part, les syndicats insistaient sur le fait que la hausse des charges s’élevait à 30 €/1.000 l. Les 25 €/1.000 l en passe d’être obtenus de la part des distributeurs montre à quel point les négociations sont difficiles, les grandes enseignes profitant toujours d’un rapport de force fortement déséquilibré.
D’ailleurs, selon l’Afp, les discussions achoppent toujours sur la proposition de la Fcd (Auchan, Carrefour, Casino, Cora et Monoprix) qui suggère d'augmenter de deux centimes le prix d'achat du litre pendant trois mois mais uniquement sur le lait de consommation, qui ne représente que 16 % du lait collecté en France.
Quels engagements des transformateurs ?
Selon la logique de Michel-Edouard Leclerc, exposée récemment sur son blog quand il a proposé la création d’un fonds d’urgence pour les éleveurs, seuls 49 % de la collecte seront concernés par cette hausse. Les transformateurs, eux, sont restés bien discrets sur la question du prix du lait, ces dernières semaines !
Qu’en sera-t-il de leurs efforts ? Thierry Merret, le président de la Fdsea du Finistère, qui avait été reçu par Stéphane Le Foll, reste prudent : « Il reste maintenant à s'assurer que nos amis transformateurs jouent aussi le jeu et que cette répercussion acceptée par les distributeurs retourne très directement aux producteurs. »
La Fncl, notamment, a prévenu lors de son assemblée générale jeudi 18 avril 2013, que les coopératives avaient aussi besoin de conforter des marges très dégradées voire négatives ces derniers mois. Pas sûr, donc, que la hausse « possible et souhaitable » de 25 €/1.000 l se traduise véritablement par une ligne supplémentaire sur les prochaines factures de lait.
25 €/1.000 l pour les trois prochains mois… et après ?
Aussi, la hausse envisagée ne concernera que les mois d’avril, mai et juin prochain. Et après ? Les éleveurs devront-ils s’en remettre à l’application effective des règles de la Lme dans les négociations commerciales pour que l’évolution de leurs coûts de production soit réellement répercutée sur les prix ?
En attendant, cette crise laitière se traduit d’ores-et-déjà dans les chiffres de la collecte laitière française, en panne depuis le début de l’année. Selon FranceAgriMer, celle-ci a nettement décroché, ces dernières semaines, par rapport à 2011 et 2012, et même par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
![]() Evolution de la collecte laitière hebdomadaire française (© FranceAgriMer) |
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