Sur le marché laitier, « la situation s’améliore », estime Jean-Christophe Roubin malgré la sécheresse qui impacte les stocks fourragers et les trésoreries des éleveurs. Le directeur de l’agriculture au Crédit agricole SA souligne, en 2019, une nette reprise de la robotisation des élevages laitiers dans une conjoncture qui reste incertaine, notamment à cause du Brexit en cours de négociation et de la prochaine réforme de la Pac.
[Interview] Conjoncture laitière : le point de vue de Jean-Christophe Roubin, Crédit agricole SA
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Interrogé mi-septembre 2019 à l’occasion du Space, à Rennes, Jean-Christophe Roubin, directeur de l’agriculture au Crédit agricole SA, estime que « la situation s’améliore » en production laitière, soulignant la hausse du prix du lait d’environ « 20 €/1 000 l » par rapport à 2018. Une hausse néanmoins atténuée par la hausse des charges. « Au premier semestre 2019, le coût de l’énergie et de l’alimentation – le fameux indice Ipampa – a progressé de 3,5 %. »
Sur le plan des fondamentaux, « le marché est aujourd’hui déficitaire ». « Il manque environ 2,6 Mt de lait pour satisfaire la demande », estime-t-il. Ceci dit, l’apurement des stocks publics européens de poudre de lait courant 2018 a laissé la place, de l’avis de nombreux spécialistes, à des stocks privés constitués par les industriels. Des stocks qu’il reste impossible à quantifier et dont les industriels peuvent se servir pour maintenir une certaine pression à la baisse des prix.
À l’automne 2019, la France reste en repli par rapport à ses voisins européens en termes de production. « Les Pays-Bas le sont aussi pour des causes environnementales. Mais en Allemagne, en Pologne et au Danemark notamment, il y a une bonne dynamique de production. »
7 installations laitières sur 10 se font avec un ou plusieurs robots
Suite à la fin des quotas laitiers en 2015, le coup de frein opéré sur la production en 2016 avait ainsi fortement impacté les investissements dans les élevages laitiers. « Les producteurs avaient clairement suspendu leurs projets », résume Jean-Christophe Roubin. Trois ans plus tard, « nous voyons des jeunes plus nombreux qui s’installent et des éleveurs qui veulent investir pour moderniser et agrandir leur outil de production ».
« Dans cette accélération des investissements, la robotisation est une tendance forte dans les élevages. 70 % des nouveaux installés en production laitière investissent dans un ou plusieurs robots de traite », explique-t-il.
Trois épées de Damoclès pour les producteurs laitiers
Dans ce contexte, quid de la sécheresse que subissent de nombreux éleveurs ? « Certains éleveurs ont été obligés de taper dans leur stock fourrager dès le mois de juillet. C’est un élément de conjoncture qu’on va voir se reporter au quatrième trimestre », reconnaît Jean-Christophe Roubin. Outre l’impact climatique à court et moyen terme, trois épées de Damoclès planent sur l’avenir économique de la filière laitière et de ses éleveurs.
Le Brexit, qui n’en finit plus de livrer son épilogue – le Royaume-Uni sortira-t-il de l’Union européenne le 31 octobre prochain ? – de même que les accords de libre-échange – avec le Canada et les pays du Mercosur – constituent, selon lui, des risques pour la filière laitière française. Des risques « qui sont difficiles à mesurer ».
La réforme de la Pac, dont les négociations reprendront courant novembre après la prise de fonction de la nouvelle commission européenne et de son commissaire à l’agriculture Janusz Wojciechowski réforme de la Pac peut aussi « être une menace ». « Vu le niveau des aides directes du premier pilier vers les productions animales, toute baisse du budget de la Pac aura un impact significatif sur le niveau d’aides pour les éleveurs, et donc pour leur niveau de revenu. » La répartition du gâteau du premier pilier s’avèrera tout aussi décisive.
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