
Pays laitier parmi les plus septentrionaux au monde, le royaume de Suède serait en capacité d’accroître son potentiel de production dans les années à venir. Dans ce pays écologiste et avant-gardiste en matière de bien-être animal, les éleveurs ont l’obligation de faire pâturer leurs vaches et l’alimentation Ogm y est proscrite.
Avec un peu moins de 5.000 éleveurs laitiers, la Suède est loin de peser parmi les poids lourds des pays européens producteurs de lait ; le quota national avoisine les 3,3 milliards de litres, soit sept à huit fois moins que la France (24,2 milliards) ou que l’Allemagne (28,2 milliards). Comme la France, la Suède ne réalise pas son quota national. Sur la campagne 2011-2012, le pays n’a produit que 2,86 milliards de litres, soit 79 % de l’objectif alloué par Bruxelles. Une tendance à la baisse qui s’est accélérée durant ces dix dernières années.
Plus de 400 € les 1.000 litres
Pourtant, la Suède présente l’un des prix du lait les plus élevés d’Europe - avec l'Italie et la Grèce - grâce notamment à sa forte consommation intérieure. Le prix de base (TB 42, TA 34) payé aux producteurs atteint les 430 €/t en février 2014 (3,8 couronnes suédoises SEK/kg de lait), il tournait aux alentours de 380 €/t en 2012 (3,27 SEK/kg) et est descendu à 266 €/t (2,90 SEK/kg) durant la crise du lait en 2009, soit 50 à 60 euros de plus que les éleveurs bretons à la même époque.
La coopérative danoise Arla Food jouit d’un quasi-monopole dans les pays scandinaves, elle collecte les trois quarts du lait suédois. Les 9,6 millions de Suédois, dont 2 millions habitent dans l’agglomération de Stockholm, sont les rois de la consommation de lait frais (92 litres/habitant/an), et non de lait Uht comme il est d’usage en France. En 2012, le lait à boire et les produits frais représentent 43 % de la production suédoise (contre 24 % en France), le fromage 30 %, la poudre de lait 20 % et 6 % pour le beurre et autres matières grasses.
12,5 % de lait bio
Selon l’European Dairy Farmer (Edf), la Suède présenterait un réel potentiel pour accroître sa production après 2015. Troisième plus grands pays d’Europe en superficie, le royaume dispose d'une faible densité de population et 69 % de son territoire est couvert de forêts. L’eau et les terres ne semblent donc pas constituer des facteurs trop limitants pour augmenter la production laitière, et les outils industriels agroalimentaires pourraient y être développés. Mais les éleveurs suédois souhaitent-ils vraiment accroître leur production ? La réponse après 2015.
Attachés à la préservation de l’environnement, les Suédois sont également d’importants consommateurs de lait bio. La production laitière biologique a doublé depuis 2007, pour atteindre 12,5 % du lait suédois en 2012.
De l’herbe, des céréales, mais pas de soja Ogm
La production laitière est concentrée dans la partie sud de la Suède, en dessous de Stockholm, où l’herbe et les céréales poussent convenablement à la belle saison, aidées par des journées de 19 heures d’ensoleillement au mois de juin. Faute de températures suffisantes, la culture du maïs fourrage reste toutefois assez limitée. L’alimentation du troupeau est donc principalement basée sur l’herbe ensilée et pâturée avec une forte complémentation en céréales, dépassant souvent les 10 kilos par vache et par jour. Par ailleurs, la Suède interdit l’import d’aliments du bétail issus de cultures génétiquement modifiées. Les éleveurs doivent donc acheter ou cultiver des protéines végétales non Ogm.
Brossage et pâturage obligatoires
Les pays scandinaves sont particulièrement attachés au bien-être animal. La loi suédoise oblige les éleveurs à installer une brosse automatique pour 50 vaches en bâtiment. De même, les animaux doivent obligatoirement sortir pâturer au moins quatre mois par an. Une loi qui pourrait peut être un jour gagner toute l’Europe. Cependant, les stabulations suédoises sont optimisées pour y loger un maximum de vaches et encore un bon tiers des étables sont en système entravé. Une raison à cela : le coût élevé des bâtiments dont le toit doit être isolé du froid.
En moyenne, les fermes laitières comptent environ 300 ha, dont la moitié en herbe et en cultures et l’autre moitié en bois. Ces hectares de forêts servent d’ailleurs souvent d’hypothèques lorsque les banques rechignent à prêter de l’argent pour de nouveaux investissements.
Le coût du travail favorise la robotisation
Comme partout, la taille des cheptels augmente. L’exploitation moyenne compte 70 vaches laitières, avec parfois un atelier de taurillons. 20 % des élevages ont plus de 100 vaches, mais contrairement à l’Allemagne ou à certains pays de l’Est, les très gros élevages ne sont pas monnaie courante. Les structures sont très majoritairement familiales avec peu d’employés. En effet, le coût du travail en Suède est le plus élevé de l’Union européenne : 42,89 € de l’heure dans l’industrie (Q3 2013) tandis qu’il est de 29,06 €/h en moyenne dans la zone euro et de 35,47 €/h en France. Fortement corrélé au coût du travail, le marché du robot de traite – le constructeur suédois Delaval en tête - a donc été très dynamique ces dernières années, bien que la crise et la frilosité des banques aient un peu refroidi l’engouement pour la robotisation. On estime à plus d’un tiers la part des fermes équipées d‘un robot de traite.
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