A la découverte de la filière cuir, entre luxe et surabondance

Christophe Dehard président de fédération française des cuirs et peaux.
La grande majorité des cuirs issus du troupeau français est exportée pour être tannée. (©Terre-net Média)

On parle souvent du lait, de la viande, mais rarement des coproduits issus de la production bovine. La Fédération française des cuirs et peaux a profité du Sia 2024 pour faire connaître la filière. Car si la réputation du cuir n'est plus à faire, la valorisation des peaux reste bien souvent incertaine.

Souvent apparenté au luxe et aux plaisirs coûteux, le cuir reste un coproduit difficile à valoriser pour les abattoirs. Entre tâches et erraflures, nombre de peaux sont tout simplement inexploitables. Et les débouchés sont moins nombreux qu'on le pense. Si la France peut s'enorgueillir de ses grandes marques de haute couture et de maroquinerie, le monde du luxe ne représente pas plus de 5 % des débouchés de la filière.

Sont tannées en France environ 7 % des peaux de veaux, 3 % des ovins et moins de 1 % des gros bovins. « Les structures travaillent surtout les plus beaux produits », explique Christophe Dehard, président de la Fédération française des cuirs et peaux. Pour les autres : direction l'Asie, voire l'Italie pour les pièces les plus qualitatives. Tout d'abord pour des questions des technologies. « Le troupeau français comprend beaucoup de Holstein, qui ne correspondent pas aux outils présents dans les tanneries européennes ». Et ça n'est pas qu'une question de couleur. « Elasticité, souplesse, résistance »... Autant d'éléments qui varient selon les races et rendent les peaux plus ou moins difficiles à travailler.

Moins de 5 % des peaux bien valorisées

Seuls 2 à 5 % des peaux sont bien valorisées. En bref, les pièces de grande qualité. « Le reste trouvera un débouché, mais pas forcément de valeur ajoutée ». Sans parler des multiples défauts qui rendent le cuir inutilisable. Piqûres en tout genre, teignes, rides, griffures de paille ou encore césarienne... Les peaux sans défaut se font rares. D'autant que la majorité des défauts apparaissent après traitement. « Sur un peau brute, 40 % des défauts sont invisibles. Il faut commencer à la travailler pour savoir si l'on pourra la valoriser ou non » détaille Christophe Dehard.

Piqures insectes sur cuir
Les piqûres d'insecte viennent altérer la qualité du cuir. (© Terre-net Média)

Bien que présenté comme un produit cher, ça n'est pas avec le cuir que le cours des bovins va progresser à la hausse. « La problématique aujourd'hui, c'est déjà de trouver un débouché pour les peaux » résume le président de la fédération. « Le marché des peaux est mondial et très fluctuant. Il suffit que les américains abattent en quantité et le marché est inondé ». Et pour cause, la France abat dans les 57 000 gros bovins par semaine, pendant que les Etats-Unis en fournissent 650 000.

Plus de simili, et moins de cuir

D'autant que le cuir n'a plus le vent en poupe. « Les pricipaux débouchés de la filière sont l'automobile, l'ameublement et les chaussures », poursuit Christophe Dehard. Mais force est de constater que les standards de consommation changent. « Certains constructeurs automobiles comme Tesla ou Volvo se revendiquent végans, et banissent le cuir de leurs lignes de production ». Même constat pour sur d'autres secteurs. Côté ameublement, la mode est au tissu, et pour les chaussures, les basquettes ont la cote.

Pourtant, la production mondiale de cuir est loin de reculer. « La France connaît une baisse de cheptel, mais le cuir est un marché mondialisé largement approvisionné par les pays qui développent la production bovine ».

La filière communique donc, pour remettre au goût du jour ce matériau noble. « On ne peut pas dire aujourd'hui que l'on abatte des animaux pour le cuir. Cela reste un coproduit sur un marché largement abondé, alors autant l'utiliser ». 

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,4 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 7,21 €/kg net +0,06
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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