Cliquez pour voir le reportage vidéo sur l'ADF avec Emmanuel Choiseau.
Automatiser le trempage et la désinfection des gobelets trayeurs, voilà de quoi faire gagner de précieuses secondes après la traite de chaque vache. Cette idée vient d’outre-Manche, et a été mise au point depuis plusieurs années par ADF Milking. L’acronyme ADF pour : "Automatique Deeping and Flushing", comprenez "système de traite avec trempage et rinçage automatiques".
A la tête d’un troupeau de 180 vaches à la traite, d’un important élevage de poules pondeuses, et des hectares qui vont avec, Emmanuel Choiseau est un agriculteur entreprenant. Il a choisi d’installer l’ADF dans sa salle de traite il y a un an. Convaincu du produit, cet éleveur du Loiret vient d’obtenir la distribution exclusive du système ADF milking en France. Très pragmatique, il ne calcule rien au hasard et vise le maximum de rentabilité avec le minimum d’investissements et de temps de travail. Le bâtiment de 200 places est une simple aire paillée avec du miscanthus (nous en reparlerons prochainement sur Web-agri) accolée à un couloir d’exercice hydrocuré et une salle de traite TPA simple équipement de 10 postes sortie rapide (un peu sous dimensionnée vu la taille du troupeau).
2 x 15 minutes de travail en moins
Le troupeau est conduit par Adrien Solivo, installé en individuel sur l’exploitation d’Emmanuel Choiseau. « Franchement, c’est merveilleux ! Depuis que nous avons installé le système ADF il y a un an, je n’ai plus mal aux mains, je cours moins dans tous les sens dans la salle de traite. Je trais 180 vaches seul pendant plus de deux heures et le trempage automatique m'a permis de gagner 15 minutes par traite et moins de pénibilité », confie-t-il. Le trempage est toujours parfaitement déposé sur chaque trayon et sans gaspillage. Ce qui est aussi un avantage dans les exploitations avec des salariés ou des trayeurs peu attentifs. »
Et la qualité du lait de ce grand troupeau s’en est ressentie. L’élevage parvient à livrer tous les mois du lait payé avec le "bonus A". « Le comptage cellulaire tournait entre 250 et 300 000 cellules/ml avant l’installation de l’ADF, alors qu’il oscille aujourd’hui entre 160 et 230 000 cellules. Pourtant nous avons encore plusieurs vaches "millionnaires" dans le troupeau. Depuis un an, nous subissons beaucoup moins les réformes à cause des cellules, d’ailleurs je n’ai réformé aucune vache pour cette raison », assure Adrien Solivo. « Pour moi, le gros avantage du système, c’est la désinfection entre les vaches, cela réduit considérablement les mammites de traite et les infections d’après traite. »
Injection dans le gobelet
Le secret de l’ADF réside dans une petite buse à double injections située dans chaque gobelet trayeur. Lorsque la traite se termine, le produit de trempage est injecté dans le haut du gobelet. Au moment du décrochage de la griffe, le produit est ainsi appliqué de haut en bas du trayon.
Ainsi la désinfection de la peau du trayon avec le trempage se fait tout de suite, avant même que le sphincter n’est eu le temps de se refermer et que la peau du trayon se contracte. « Lorsqu’on applique le trempage manuellement à la bouteille, on arrive souvent quelques secondes ou minutes trop tard et le trayon s’est déjà contracté en emprisonnant des germes », explique Emmanuel Choiseau.
Six rinçages
Pas besoin de seaux d’eau avec du désinfectant qui traînent dans la fosse de traite. L’ADF se charge automatiquement du rinçage entre chaque vache. Une fois que la griffe se retrouve pendue avec les gobelets orientés vers le bas, un désinfectant est pulvérisé pour nettoyer l’intérieur du faisceau trayeur et éviter les contaminations d’une vache à l’autre. Le système ADF rince six fois de suite avec injection d’eau, et se termine par un séchage à l’air. Le tout dure 15 secondes. Grâce à ce rinçage entre chaque vache, il n’y pas non plus de risque de retrouver des résidus de produit de trempage dans le lait.
L’automatisation des postes est pilotée par un boîtier électronique qui commande les pompes situées à plusieurs mètres dans la laiterie où se trouvent également les cuves (acide peracétique et peroxyde d’hydrogène) et le produit de trempage (IDip+). Malgré ses équipements supplémentaires, la griffe ADF ne pèse qu’1,9 kilo et les tuyaux d’adduction des produits de trempage et de rinçage ne traînent pas séparément des autres flexibles.
Toutes marques et roto
Le système ADF milking est adaptable sur toutes les marques de machines à traire équipées d’un décrochage automatique, y compris dans les salles de traite rotatives, ou le trempage requiert généralement une personne supplémentaire ou un bras robotisé.
Question investissement, il faut compter entre 1 500 à 2 800 euros par poste, selon le nombre de postes et s’il s’agit d’une salle de traite ou d’un roto. Cet équipement est finançable par le plan bâtiment (PMBE). « C’est monté en deux jours et garanti cinq ans », détaille Emmanuel Choiseau. « Chez nous, avec 1,8 million de litre par an, avec les bonus sur la qualité du lait et la réduction du temps de traite de 30 minutes par jour, j’ai calculé que le retour sur investissement est d’environ 18 mois. Mais quel que soit le prix, c’est d’abord un confort et des risques de troubles musculo-squelettiques (TMS) en moins. La traite, on y est deux fois par jour, 365 jours par an.»
Livraisons des produits et manchons
Grâce à son système sophistiqué, l’entreprise anglaise ADF s’assure une parfaite fidélité de ses clients. Car les produits de trempage et de rinçage sont spécifiques au système ADF et sont livrés sur la ferme directement depuis l’Angleterre. De même que des manchons neufs sont systématiquement envoyés toutes les 2 000 traites. Le coût de l’abonnement pour les consommables (produits de trempage, de rinçage et manchons) s’élève à 0,069 €/VL/traite, soit environ 40 € par vache par an. Selon Emmanuel Choiseau, « ce coût est équivalent à d’autres produits de trempage et les trayons sont souples et sans gerçures ». D’après le fabricant, ce produit iodé (iDip+) serait efficace contre les bactéries staphylocoque aureus, Streptocoque uberis, e.coli, candida albicans et contient des hydratants et des adoucissants pour les trayons.
Les réglages de la machine sont faits en usine et ajustables depuis l’Angleterre grâce au boîtier électronique connecté par internet. « C’est aussi grâce à cela que tout est compté : les consommations et les stocks de produits, le nombre de traite de chaque manchon, et que l’on reçoit les livraisons en temps et en heure sans avoir à faire la demande. » Il n’y a apparemment pas d’entretien à faire, ni de filtre à changer.
Pour le moment, une quinzaine d’élevages laitiers français seraient équipés par ADF milking. Après plus d’un an d’utilisation, Emmanuel Choiseau et Adrien Solivo n’ont pas rencontré de panne. Mais si cela devait arriver ou en cas de manque de produits, la griffe ADF reste tout de même utilisable pour traire comme n’importe quelle griffe classique.