
Cette semaine, Web-agri vous emmène en Hongrie avec le projet européen Résilience4Dairy. L’occasion de découvrir quatre fermes laitières de l’Est de l’Europe. Avant de visiter ces structures aux tailles impressionnantes, retrouvez quelques données sur le secteur laitier hongrois.
La Hongrie laitière, c’est 266 000 vaches en 2022. Une goutte d’eau en Europe. A titre de comparaison, la France compte pas moins de 3,5 millions de vaches laitières, mais les deux pays n’ont pas la même superficie. Compter trois fois la Bretagne pour reconstituer le territoire hongrois.
Un seuil de rentabilité à 400 vaches
Et ça n’est pas parce qu’il y a moins de vaches que les structures y sont plus petites, bien au contraire. Avec un seuil de rentabilité proche des 400 vaches et des laiteries qui poussent les éleveurs à faire du volume, les petites fermes se font rares. « Les collecteurs incitent les exploitations à atteindre un niveau de production de 25 000 l par jour pour satisfaire leurs besoins logistiques », explique Richard Kovacs, éleveur laitier au Nord du pays. Il n’est donc pas rare de rencontrer des troupeaux de 400, 700 voire plus de 1 000 vaches.
Moderniser les exploitations
Les éleveurs laitiers hongrois travaillent au fil des années à moderniser les anciennes structures collectives héritées de l’ère communiste. Jusqu’à la fin des années 90, l’agriculture hongroise reposait sur d’importantes coopératives, rassemblant de 4 000 à 15 000 ha. La baisse des dotations publiques, couplées avec la chute du communisme a contribué à assouplir les règles de la production privée, jusqu’au processus de restitution des terres, organisé entre 1991 et 1994. Des ventes aux enchères ont permis la rétribution des terres.
L’époque communiste explique en partie la taille des exploitations actuelles, avec des bâtiments historiques permettant d’accueillir en l’état un grand nombre d’animaux. Mais ces structures sont gourmandes en main-d’œuvre (1 salarié pour 30 vaches), et parfois vieillissante. Avec la moitié de ses animaux dans des bâtiments d’époque, et une seconde moitié sur une nouvelle stabulation, Gabor Toth, manager sur une ferme laitière perçoit une grande différence de niveau de production sur les deux troupeaux conduits en parallèle. « Les anciens bâtiments ne permettent plus aux vaches d’exprimer leur potentiel », résume le salarié.
L’heure est donc à la modernisation. Entre nouvelles stabulations, robots d’alimentation et robots de traite, les gérants se tournent peu à peu vers les nouvelles technologies, moins gourmandes en main-d’œuvre.
Des vaches laitières hautes productrices
En plus du nombre de vaches, la productivité est recherchée. Parmi les quatre fermes visitées, trois visaient les 40 l de lait par vache et par jours de lactation en Prim’Holstein. Si la ferme France produit dans les 23 milliards de litres de lait par an, contre seulement 2 milliards de litres en Hongrie, les vaches hongroises sont plus productives. Compter en moyenne 7 500 l par an et par vache en Hongrie, contre 6 500 dans l’Hexagone. Entre rigueur de gestion, et ration très concentrée, les éleveurs visent les hautes productrices.
Un prix du lait à plus de 400 €/1 000 l
Les éleveurs bénéficiaient d’un prix du lait avoisinant les 420 €/1 000 l sur la fin d’année 2023. Un prix qui ne les satisfait pas pleinement, au regard des niveaux de prix record observés les années précédentes.
Plus globalement Krisztian Kovacs, chercheur en économie à l’université de Debrecen, estime que sur une exploitation type, le revenu par vache annuel oscille entre - 131 € et + 578 €. Ramené aux 1 000 litres de lait, cela revient à un revenu d’exploitation compris entre - 26 € et + 52 €.
Pour les éleveurs hongrois, la résilience passe avant tout par la productivité, pour saturer les bâtiments et bénéficier d’un maximum de lait par vache. Autre mot d’ordre : l’indépendance. Que ce soit en termes d’autonomie fourragère ou de conseil, les agriculteurs hongrois cherchent à internaliser autant de choses que possible, et regardent avec méfiance le travail coopératif.
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