Comment transmettre une exploitation d’élevage alors qu’elle n’est pas du tout rentable ? Martine, éleveuse en bovin viande dans l’Allier, s’interroge : avec la hausse des charges, il lui faudrait agrandir son troupeau qui compte déjà une centaine de vaches, et reprendre des terres, pour retrouver de la rentabilité. Mais avec son mari, installé en Gaec avec elle, ils sont à quelques années de la retraite, et une telle opération n’aurait pas de sens. Comment, alors, intéresser un repreneur ?
Pour Marc Fesneau, qui répondait aux interrogations d’éleveurs et de lycéens agricoles le 4 octobre au Sommet de l’élevage, l’aspect économique est en effet un des premiers éléments de la durabilité des élevages. « Sans rémunération, les jeunes n’auront pas une envie folle de s’installer en agriculture », explique-t-il. À court terme, les négociations commerciales et la loi Egalim 2 doivent permettre d’améliorer le revenu, juge le ministre. En parallèle, certains mécanismes de la Pac sont prévus pour tenir compte des handicaps naturels (ICHN), ajoute-t-il.
« C’est à vous de vous bouger pour avoir un revenu juste »
Pour autant, dans un contexte difficile économiquement mais aussi socialement, quelles sont les perspectives pour l’élevage ? demande un jeune éleveur, inquiet également de la méconnaissance du grand public vis-à-vis de son métier.
Pour Etienne Fourmont, éleveur laitier dans la Sarthe, connu pour ses vidéos d’ « agriyoutubeur » et sa présence sur les réseaux sociaux, « c’est à vous de vous bouger pour avoir un revenu juste, de vous bouger pour faire évoluer la société ». « Je pense que tous ceux qui communiquent sur les réseaux sociaux ont réussi à faire changer un peu le regard de la société », ajoute-t-il. S’il reconnaît qu’il y aura toujours une part de « haters », ces détracteurs agressifs qu’on ne pourra jamais convaincre, « on a le devoir d’expliquer le métier à la majorité silencieuse qui nous écoute », insiste-t-il.
« Le système ne peut pas fonctionner avec le dérèglement climatique »
Cependant, il apparaît également nécessaire, en parallèle, de faire évoluer les systèmes. « Un degré de plus, c’est 500 km de décalage du climat », rappelle Marc Fesneau. Sans adaptation ni réflexion à long terme, on installe des jeunes qui vont se retrouver dans une impasse agronomique et technique, explique-t-il. « Le système tel qu’il est posé ne peut pas fonctionner avec le dérèglement climatique, il y a des endroits où on ne pourra pas maintenir des systèmes herbagers stricts à cause du dérèglement climatique », ajoute-t-il. Pour le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne, cette adaptation passera par « s’orienter vers un autre rapport au sol », notamment à travers l’enseignement.
Il est selon lui indispensable de « valoriser, rétribuer, protéger » l’élevage et tout ce qu’il apporte. Et en ce domaine, il en attend davantage du gouvernement, notamment pour protéger la production française des importations et mettre en place de réelles clauses miroirs.
Une position partagée par Amandine Lebreton, directrice du plaidoyer et de la prospective au sein de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH). « C’est le rôle de l’Etat de donner un cap, une vision politique », notamment pour protéger un modèle agricole plus vertueux, plus durable, et en accord avec les attentes sociétales, explique-t-elle.
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