La MHE ne peut que s’étendre

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« La désinsectisation a une utilité ponctuelle, mais elle ne doit pas être considérée comme un unique moyen de lutte contre la MHE. C’est plutôt en intégrant les différents moyens disponibles que sont la biosécurité, l’immunité des animaux ou la conduite d’élevage, avec peut-être demain la sélection génétique d’animaux résistants, qu’il faut envisager cette dernière », selon David Ngwa-Mbot, vétérinaire conseil chez GDS France (© GDS France)

Avec le retour des beaux jours, la maladie hémorragique épizootique (MHE) va continuer de se propager à cause des culicoïdes. Les éleveurs doivent rester sur leur garde comme avec la FCO, prévient David Ngwa-Mbot, vétérinaire conseil chez GDS France.

« Les nouveaux cas d’animaux malades de la MHE seront probablement détectés à partir de juin, alerte David Ngwa-Mbot, vétérinaire conseil chez GDS France, qui en rappelle les signes cliniques (voir le tableau ci-dessous). Tant que les éleveurs n’y ont pas été confrontés, il leur est difficile de se rendre compte que cela va avoir des impacts. » La maladie affecte différemment les élevages allaitants et laitiers. Dans ces derniers, les boiteries seraient majoritaires alors qu’en allaitant la sphère buccale serait la plus touchée, mais cela reste à objectiver. La morbidité varie de moins de 5 % à plus de 60 % pour les vaches de plus de 2 ans, avec un taux de mortalité de 0 à 10 %. « Cependant des surmortalités ont été observées sur la plupart des catégories d’animaux », rappelle-t-il. « En hiver, la progression du virus et la multiplication du vecteur ont diminué, entraînant un ralentissement du nombre de foyers. Mais il faut garder en tête qu’il y a toujours un temps de décalage entre le moment de l’infection par le virus et le moment où cela est repéré et où l’on va réagir. » Il n’y aura pas de vaccin avant la fin de l’année et tout l’enjeu sera de limiter le nombre de cas pour écrêter le pic de contamination afin de contenir le nombre d’animaux malades en même temps et de les gérer le mieux possible.

Les culicoïdes, présents partout en France

« Il faut donc limiter les risques de diffusion de la maladie tout en assurant la fluidité du marché », souligne-t-il, s’inquiétant également des moyens d’indemnisations avec une maladie encore peu connue : « 4 000 foyers à 2 500 € d’indemnisation par foyer, ce n’est pas 50 000 foyers au même niveau d’indemnisation ! Et, sans aucune contrainte de mouvements, on pourrait atteindre dix fois plus de foyers, personne ne peut le dire aujourd'hui. » Dans l’Hexagone, les culicoïdes abondent, avec une remontée du virus facilitée sur l’arc Atlantique (douceur du climat et vent). Le vétérinaire alerte aussi sur la fièvre catarrhale ovine (FCO), dont le sérotype 3, présent aux Pays-Bas, semble affecter principalement les ovins. « La France est cernée par ce type de maladie. Ce sont des virus cousins même s’ils ne font pas encore de “petits” entre eux [c’est-à-dire d’échange de matériel génétique, NDLR]. La difficulté est que nous avons quasiment autant de maladies différentes que de sérotypes. Certains font des dégâts, d’autres pas. Sans parler des nouveaux variants. » Le réchauffement climatique a un impact sur la réplication du virus, plus rapide, avec un culicoïde devenant infestant plus vite, et en plus grand nombre car son activité est plus forte. En outre, les vagues de chaleur fragilisent le système immunitaire de l’animal le rendant plus sensible à certaines pathologies. « L’augmentation du risque, avec la hausse des températures, est liée à une diminution du temps nécessaire à la réplication du virus dans le culicoïde en Europe du Nord. En Europe du Sud, elle est plutôt liée à la hausse du nombre de vecteurs contaminés (ratio vecteur-hôtes). Le risque augmente donc plus rapidement au nord (4,3 %) qu’au sud (1,7 %/10 ans) entre 2023 et 2050 », constate-t-il, en se fondant sur les résultats d’une étude. À surveiller par ailleurs la fièvre de la vallée du Rift, aux portes de l’Europe.

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