Natilait est apparue sur le marché laitier tunisien en 2015. Implantée au nord de Tunis, cette laiterie développée par un vétérinaire visionnaire, Hichem Chraief, collecte environ 350 000 à 400 000 litres par jour qu’elle transforme en lait UHT et produits frais.
Hichem Chraief a obtenu son diplôme de vétérinaire en 1989 et ouvert un cabinet dans la zone de Kalâat el-Andalous, à une trentaine de kilomètres de Tunis. Après avoir développé de nombreux services pour les éleveurs des Gouvernorat d’Ariana et de Bizerte, il est à l’origine de Natilait, laiterie apparue dans le paysage tunisien il y a moins de 10 ans. " Quelques années après mon installation, je me suis lancé dans la fabrication d’aliment du bétail avec un broyeur-mélangeur artisanal pour me diversifier ", confie-t-il. La Tunisie connaît alors deux années sèches, en 1994 et 1995. Les éleveurs acquièrent massivement son aliment pour faire face à leurs besoins et le vétérinaire voit son activité fleurir. En 1997, il se lance dans l’importation de génisses. " Cela m’a permis de visiter des élevages en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, explique Hichem Chraief. Ces échanges m’ont beaucoup appris ".
De 140 litres collectés à 350 000 litres de lait transformés
En pleine crise de la vache folle, il retient que le prion ne passe pas dans le lait et se lance donc dans la collecte de ce dernier. Son premier centre de collecte démarre en 2002 avec 140 litres collectés le premier jour. En 2010, Hichem Chraief collecte quotidiennement 120 000 l. " Le concept de centre de collecte est révolutionnaire. Il permet d’assurer le refroidissement du lait qui n’est pas encore en place à la ferme. Les élevages sont collés dans un rayon 15-20 km deux fois par jour ", observe-t-il. Il a initié 14 centres de collecte sur les 230 opérationnels actuellement en Tunisie. Suite à la chute de Ben Ali et à l’évolution politique dans le pays, il investit dans la transformation en 2015. Sa " centrale laitière ", comme les Tunisiens appellent leurs laiteries, débute avec 150 000 litres par jour. Elle transforme 350 000 litres par jour, majoritairement en lait UHT entier ou demi-écrémé ainsi qu’en 50 références de produits frais (yaourts, crèmes desserts, beurre). " Nous cherchons à nous différencier par la qualité et l’intégration complète de la filière ", déclare-t-il.
Près de huit ans après sa création, Natilait évolue sur un marché comptant deux poids lourds que sont les entreprises Délice avec 400 millions de litres de lait transformés par an et Vitalait avec environ 200 millions de litres. Cette laiterie apparaît comme un révélateur de la stratégie de l’État tunisien d’investir dans la production de lait local. ; Une stratégie qui la distingue de son pays voisin, l’Algérie, importatrice massive de poudre de lait et premier client de l’Union européenne au Maghreb.
La success story n’est pas pour autant dépourvue d’embûches, comme le rappelle Hichem Chraief. Les dernières années ont été compliquées avec la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs suite au Covid et l’inflation consécutive au conflit en Ukraine. Les soutiens de l’État tunisien ne suffisent plus à assurer la rentabilité de l’activité de production et de transformation du lait pour les éleveurs et la laiterie. " Je reste néanmoins convaincu que la filière tunisienne est une filière solide car elle est portée par des éleveurs pour qui le lait est la seule source de revenu ", relève cependant le vétérinaire.
Votre email professionnel est utilisé par les sociétés du groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters
et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici.
Consultez notre politique de confidentialité
pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Notre service client est à votre disposition par mail : serviceclients@ngpa.fr.
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?