Alors que la demande en produits laitiers bios a marqué le pas, les témoignages d’éleveurs montrent que le choix de devenir agriculteur biologique reste motivant pour les hommes et femmes de terrain. Début 2023, une analyse de la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, territoire où le cheptel bovin laitier biologique est le plus important (avec la Bretagne), évoquait, malgré les difficultés conjoncturelles, “des systèmes bio rémunérateurs et attractifs, qui trouvent quasiment tous repreneurs…“ Quels sont les points forts de cette filière, qui veut résister aux soubresauts économiques ?
Une filière structurée qui inspire confiance
L’Inrae, dans sa revue consacrée aux productions animales, a publié en juillet 2024 un article consacré à l’élevage bovin laitier en agriculture biologique. Sans nier les turbulences actuelles, il souligne que le fort développement de la filière entre 2013 et 2021 lui a permis d'atteindre “une certaine maturité”. S’appuyant sur les chiffres 2024 de l’agence Bio, il souligne sa forte représentativité (13,4 % des fermes françaises et 10,3 % des surfaces agricoles) et précise qu'elle dispose “d’organisations professionnelles dédiées et bien implantées”. C’est un atout certain à l'heure où les exploitations sont confrontées à des risques systémiques et où la quête d’équilibre est constante.
Des principes vertueux qui séduisent
La différence de rythme de travail entre système conventionnel et système biologique, la plus grande proximité avec les écosystèmes et différentes formes de biodiversité motivent nombre d’éleveurs, qui ne souhaitent pas reléguer ces valeurs au second plan. Leur santé et leur bien-être ne sont pas des variables d’ajustement. Cette volonté explique les nombreuses transitions, ces dernières années, vers les systèmes herbagers autonomes et économes, qui offrent des conditions de travail plus motivantes : moins de mécanisation, plus de temps consacré au troupeau, à l’observation et à la formation. Ce surcroît de sens reste aujourd’hui un moteur, pour nombre d’agriculteurs installés ou en passe de l’être.
Capacité d’adaptation et confiance
Les éleveurs laitiers bios sont d’autant moins enclins à renoncer à l’alignement des pratiques et des valeurs que le système qu’ils ont choisi ménage des possibilités d’adaptation et des leviers de réduction de charges intéressants. Ceux-là ouvrent des perspectives, qui permettent aux porteurs de projets de ne pas se sentir pris au piège. La maîtrise des charges opérationnelles est gage de confiance en l’avenir. Le développement du pâturage hivernal, par exemple, et des changements de pratiques culturales peuvent améliorer la qualité du fourrage en hiver : décalage des semis de colza, développement du chou fourrager et semis de prairies sous couvert…
L’agriculture bio est, par nature, plus technique. C’est aussi ce qui fait son attrait. En plus de disposer des compétences techniques en matière de conduite du troupeau et des cultures fourragères, l’éleveur bio doit aujourd’hui savoir faire preuve d’audace.