Dans ses Tendances lait-viande du mois de février, l’Idele met notamment en avant la fermeté des cours des broutards. Stables depuis début janvier, les prix des mâles comme des femelles charolais sont repartis à la hausse depuis la semaine 4 (du 23 au 29 janvier).
« En semaine 6 (du 6 au 12 février), le Charolais U de 450 kg vif cotait 3,40 €/kg vif, en hausse de 6 centimes sur les quatre dernières semaines », précise ainsi l’agroéconomiste Ilona Blanquet. C’est aussi 21 % de plus qu’en 2022 à la même période, et 50 % de plus qu’en 2021. Du côté de la race limousine, « les cours sont restés stables à des niveaux élevés ».
Même s’ils sont bien orientés sur le marché français, ces cours n’atteignent cependant toujours pas le prix de revient calculé par l’Idele, précise-t-elle.
Ilona Blanquet identifie plusieurs raisons à la reprise de la hausse des prix depuis fin janvier. C’est d’abord une question de faible disponibilité de broutards en France. « Au 1er janvier 2023, le cheptel allaitant français était en recul de 108 000 têtes, soit de 3 % par rapport à début janvier 2022 », rappelle-t-elle : « un recul inédit ».
Recul des naissances de - 2,6 % en 2022
Cette baisse du cheptel provoque un recul des naissances : - 2,6 % sur l’année 2022 par rapport à 2021 (- 5 %/2020), soit 92 000 broutards en moins sur le territoire français nés en 2022. « Au 1 er janvier 2023, les effectifs en ferme de mâles de mère allaitante âgés entre 6 et 12 mois étaient en recul de - 3 % /2022 et - 6 % /2021 », ajoutent les tendances.
Autre facteur qui explique la reprise de la hausse des cours : « la bonne tenue de l’engraissement du jeune bovin en France », note Ilona Blanquet, ce qui induit « une vraie demande pour les broutards sur le territoire national » pour approvisionner en viande les abattoirs et les consommateurs dans les mois à venir.
La demande à l’export est aussi bien présente, en particulier du côté de l’Italie : malgré un ralentissement début janvier dans le commerce de vif, « les Italiens sont revenus aux achats, notamment depuis la semaine 5 » (30 janvier - 5 février), en lien avec « la cotation du jeune bovin charolais à Padoue, qui progresse depuis fin janvier ».
Forte demande de l'Algérie en broutards français
Notons enfin le rebond de la demande algérienne depuis septembre 2022, après deux années difficiles liées à la crise économique du Covid-19. Les exportations sont dynamiques en prévision des festivités du ramadan, en mars-avril prochains.
Entre septembre et décembre, environ « 10 000 broutards français sont partis tous les mois vers l’Algérie », précise Ilona Blanquet, pesant sur l’offre en broutards français en fin d’année. Les tendances du mois dernier envisageaient d’ailleurs une année 2023 record pour les envois vers ce pays.
L’Idele souligne la hausse des envois de broutards français vers l’ensemble des pays tiers en 2022 (65 000 têtes sur les onze premiers mois de l’année, + 8 %/2021 et + 13 %/2020) et une demande toujours présente début 2023. Un bateau mixte ovin-bovin serait par exemple en préparation à destination d’Israël, « après un an d’interruption des flux pour cause de manque de disponibilités en broutards ».
Retrouvez en vidéo les explications d'Ilona Blanquet :