
Le prix moyen du lait bio de notre observatoire n’augmente que de 4,50 €/1 000 l en 2024. Les plus fortes hausses sont accordées par les laiteries à petits volumes. Les leaders oscillent entre - 7 € et + 4 €.
La filière bio est engluée dans la crise depuis 2022. L’inflation sur les prix est passée par là. Les consommateurs se détournent des produits plus chers dans lesquels ils classent les produits laitiers bio. « Le poids des consom’acteurs dans leurs volumes de vente est passé de 41 % en 2021 à 32 % en 2023 », indique Romain Le Texier, du Cniel, lors d’une journée interprofessionnelle fin novembre. Une enquête de Kantar, en février 2024, affine l’analyse. Les valeurs de la bio reculent à leurs yeux. Les connaisseurs du label AB l’estimaient à 53 % meilleur pour l’environnement en 2020. C’est tombé à 36 % quatre ans après.

La baisse de consommation se poursuit
Seulement 14,5 % sont prêts à payer plus cher, contre deux fois plus auparavant. Ce repli est renforcé par les distributeurs, qui ont diminué le nombre de référencements des produits bio ces dernières années, même s’il semble se stabiliser en 2024.
La filière laitière, qui entrevoyait un frémissement du marché au troisième trimestre, finit l’année groggy. Les ventes en GMS baissent de 4 % au quatrième trimestre par rapport à 2023, en équivalent lait : - 7 % en octobre, -3 % en novembre et - 4 % en décembre selon le Cniel. Le lait UHT, qui est le principal débouché, continue sa descente : - 8 %. L’inflation, qui régresse, n’est plus la principale raison à la bouderie des consommateurs. L’incertitude économique les incite aujourd’hui à épargner. Il y a tout de même une bonne nouvelle : les ventes de beurre sont toujours à la hausse (+ 3 % au quatrième trimestre).
Près de 200 déconversions depuis la mi-2022
Ce contexte met à mal la dynamique de la filière bio. Les conversions sont à l’arrêt. L’amont a perdu 409 livreurs entre les mois de juin 2022 et septembre 2024. Pour près de la moitié d’entre eux, il s’agit d’un retour vers le conventionnel. Le Cniel estime qu’à la fin de l’année la France retrouvera le niveau de début 2021, à savoir 1,15 milliard de litres et - 11,5 % par rapport au pic des volumes.
Producteurs et industriels ne veulent pas baisser les bras. Le prix du lait continue de progresser, même si cela a été de façon minime l’an passé. La moyenne des 15 laiteries qui composent notre observatoire bio s’élève à 534,3 €/1 000 l, contre 529,8 €/1 000 l et 501 €/1 000 l en 2023 et 2022 (moyenne arithmétique).
Les producteurs s’adaptent. Ils serrent les boulons des charges. Le dernier prix de revient calculé en 2023 par l’Institut de l’élevage (Idele) recule de 38 €, à 554 €, par rapport à l’année précédente dans les exploitations de plaine et de 53 €, à 682 €, en montagne. La bonne année fourragère 2023 contribue aussi à cette maîtrise des coûts de production.
De leur côté, les transformateurs continuent d’utiliser leurs excédents laitiers en filière conventionnelle. La stabilité légèrement positive de la consommation française des produits laitiers (+ 0,8 % en équivalent lait) et l’accroissement des exportations (+ 6,7 %) les aident. Cette conjoncture subie se traduit par un plus faible écart entre leurs prix bio et conventionnels (comparaison ci-dessous pour Lactalis, Sodiaal et Eurial).

28 % de déclassement pour Biolait malgré la baisse de sa collecte
Uniquement collectrice, la SAS Biolait n’a pas la porte de sortie industrielle. Malgré la diminution de sa collecte de 21 % depuis 2021 (244 Ml en 2024), son taux de déclassement vers le conventionnel s'est maintenu à 28 %. Les 10 à 15 Ml vendus sur le marché Spot au printemps en font partie. L’export à hauteur également de 10 à 15 Ml a été une autre échappatoire. « Nos clients expriment des besoins en bio supplémentaires pour 2025. C’est encourageant », indique Simon Brichart, le directeur. Le déclassement devrait baisser cette année, avec une collecte qui, elle aussi, est prévue en retrait : 220 Ml. Biolait a enregistré 200 départs, dont la moitié est due à des déconversions ces deux dernières années. Son prix du lait à 459,35 €/1 000 l dans notre Observatoire relève de la filière conventionnelle (455,88 € en moyenne sur trois ans). « Les adhérents de Biolait obtiennent des taux supérieurs à la moyenne française, précise-t-il. Couplé aux résultats de qualité sanitaire, notre prix moyen s’élève à 483 €/1 000 l. »
Lactalis : prix 2023 et 2024 identiques
Handicapé par un taux de déclassement de 45 % à 50 % et par des fabrications orientées sur le lait UHT, Lactalis avait négocié fin 2023 avec l’OP Seine & Loire un prix bio connecté au marché conventionnel. Cet accord explique sa quasi-inertie entre 2023 et 2024 : + 0,82 €. La décision du lavallois de collecter 14 Ml de moins en 2027 (23 Ml contractuels), soit en rompant le contrat de 50 exploitations, soit en achetant leur lait en conventionnel, fait également partie de ses leviers d’ajustement. Vingt et un adhérents de l’OP sont concernés. Surprise par l’annonce de Lactalis d’une revalorisation du prix conventionnel de 20 € à 30 € en 2025, elle craint que l’écart avec le prix bio se restreigne encore. Des discussions vont être relancées.
De son côté, Sodiaal prévoit une baisse de sa collecte de 10 Ml en 2025 (193 Ml en 2024). Le groupe coopératif maintient ses efforts pour réduire son taux de déclassement (28 % en 2023 ; non communiqué en 2024, mais inférieur) notamment par le partenariat qu’il débute avec Arla Foods sur le lait infantile. La hausse de 4,21 € de son prix bio 2024 talonne celle d’Eurial (+ 5,61 €), qui verse désormais une prime de 5 € pour les aliments 100 % d’origine France.
Deux laiteries en lait équitable
Parmi les laiteries de l’Observatoire bio de L’Éleveur laitier, deux ont la particularité d’être en démarche équitable : Danone-Les 2 vaches (Les Prés rient bio) et Olga. Dans ce cadre, les adhérents de l’OP Seine & Loire bénéficient d’un prix de base minimum garanti qui est activé si la formule contractuelle calcule un prix inférieur. Négocié chaque année, il tient compte de leur prix de revient. Grâce à l’application des 574,61 € l’an passé, Danone-Les 2 vaches dépasse pour la première fois les 600 €. Olga assure la troisième meilleure hausse (+ 10,57 €) derrière Isigny Sainte-Mère (+ 16 € grâce aux primes race normande et pâturage).
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